IWC Portugaise : de Lisbonne à Schaffhausen

Rodrigues et Teixeira. Ces noms ne sonnent peut-être pas comme familiers dans votre esprit, mais ils sont à l’origine de grandes choses. Nous sommes au début des années 1930, quand ces deux navigateurs Portugais entreprennent un long voyage vers la contrée de Schaffhausen pour rencontrer les hommes qui font vivre la petite manufacture International Watch Co. aka IWC. Leur requête est “simple” : créer un mouvement qui soit aussi précis qu’un chronomètre de marine. L’icône Portugaise est alors née, mais personne n’en est encore conscient…

La naissance d’une icône

Une belle difficulté pour la manufacture, donc, mais rien d’insurmontable pour IWC. Les têtes pensantes et habiles de leurs mains décident alors d’intégrer le mouvement d’une montre savonnette à une montre bracelet, le fameux Calibre 74. Le style “hunter” permet d’avoir la couronne à droite, et donc de définitivement donner l’esprit montre bracelet. Regardez, admirez plutôt, ces aiguilles feuilles, ces larges cadrans de 43mm étonnants pour l’époque, aux proportions parfaites. Un bel avant-goût. La montre arrive alors avec un retentissement important, puisque les individus consommateurs se passionnent encore pour les montres de type “Belle-Epoque” de forme rectangulaire. Par la suite, cette montre ne verra que très peu de modèles fabriqués, quelques centaines seulement.

Quel est l’esprit de la Portugaise ? Des chiffres arabes, une lunette d’une extrême finesse, une “grosse” petite seconde à six heures, un cadran imposant, et de délicates aiguilles feuilles qui viennent se poser sur celui-ci. Rien de plus.

Évidemment, même si le nombre de pièces vendues n’est pas impressionnant, le nombre de variantes lui est important, les calibres ne sont pas identiques. Par exemple, une des Portugaise destinées au marché allemand dans les années 1970 possédait un Calibre 982, et avait un cadran à la structure légèrement différente.

La pérennité Portugaise

Vous souvenez-vous de Kurt Klaus ? Une figure importante de l’histoire du développement d’IWC. Il est arrivé chez IWC en tant qu’horloger en 1956. Sous l’aile d’Albert Pellaton (on ne le présente plus, créateur du fameux calibre 85), il devient un maître d’ingénierie et de pensée pour le futur de la manufacture, et c’est lui qui aura la magnifique idée de relancer la Portugaise.

Avant d’être mon année de naissance, 1993 est avant tout l’année de la renaissance de la “Portugieser”. L’évènement qui voit l’apparition de cette nouvelle lignée est en référence au 125ème anniversaire de la manufacture. Elle reprend les codes de la Portugaise historique, dans un plus petit format (42mm), en y ajoutant un fond transparent qui laisse voir un mouvement magnifiquement bien travaillé, avec une belle attention pour les détails. Elle est réputée sous le nom de la référence 5441. Une montre avec une production limitée, qui a su ravir le coeur des collectionneurs et des nostalgiques de cette pièce mythique.

La Portugaise se complique

Les ères IWC se succèdent au gré des différents propriétaires et directeurs artistiques de la manufacture, des complications font rapidement leur apparition au sein de la famille Portugaise. En 1995 une Portugaise répétition minute fait son apparition, en édition limitée. Une montre simple et magnifique, la gâchette de répétition minute entre neuf et dix heures, en la regardant, on entend déjà sonner son carillon…

Mais le succès qui se profile déjà à l’horizon est la Portugaise Chronographe. Tout d’abord lancée avec la complication chronographe rattrapante (référence 3712), tout dans cette pièce annonce déjà une réussite future. Une parfaite maîtrise des proportions, une montre lisible, de l’espace, et les codes d’origine de la Portugaise encore présents.

C’est peu de temps après seulement que sort la fameuse IWC Portugaise Chronographe, qui fait encore des émules aujourd’hui. Deux cadrans, un à midi pour le totalisateur des trente minutes du chronographe, l’autre à six heures pour la petite seconde. Des aiguilles de chronographe bleues, la forme feuille qui continue de créer tant d’émotions…

Les années 2000 voient la naissance d’un nouveau mouvement maison pour la famille Portugaise, le Calibre 5000, qui à la particularité d’offrir une réserve de marche de sept jours que l’on peut voir sur la cadran. Un grand nombre d’évolutions avec la base de ce mouvement vont voir le jour. Le calendrier annuel sorti en 2015 n’est qu’une évolution du calibre 5000, avec un calendrier annuel ajouté (mois, date, et jour de la semaine dans trois cadrans distincts à midi), alors que la structure de la montre née en 2000 est toujours présente. Cette pièce et l’une des Nouvelles Portugaise présentées pour les 75 ans du modèle iconique.

Mais IWC n’oublie jamais d’où elle provient, ainsi les modèles de Portugaise présentés reprennent souvent des designs originaux, et insufflent à nouveau l’esprit classique et vintage qui nous enchante toujours autant. Je pense notamment au modèle présenté pour les 75 ans de la montre . On retrouve un “Railway” tout au long du cadran, des aiguilles feuilles, notre chère petite seconde à six heures, et, petite nouveauté, une date au sein de cette même petite seconde. Quand la simplicité et l’histoire rencontrent la modernité…

Le voyage Portugaise n’est pas encore terminé, et je suis certain que la manufacture nous surprendra encore à imaginer de nouveaux aspects grâce à cette montre légendaire. Rodrigues et Teixeira, nos deux marchands de Lisbonne, seraient émus, j’en suis certain, à la vue de ce qu’ils ont eux-mêmes initié.