Blancpain Fifty Fathoms Bathyscaphe : Test, revue et photos exclusives

Il y a quelques semaines, je me réveillais d’une longue hibernation pour reprendre le fil des billets « historiques » ici-même et parler d’une de mes montres préférées (j’admets bien volontiers que la liste de ‘montres préférées’ est très longue) : la Fifty Fathoms de Blancpain.

En filigrane de ce billet, un peu de déception à l’idée qu’une marque comme Blancpain ne tire pas meilleur parti d’un tel héritage.

Oh bien sûr, je n’ai pas la formule, et mis à part aller regarder ce que fait Tudor avec sa propre histoire (que je trouve très juste, mais ça n’est pas la solution pour tout le monde), je n’ai pas vraiment de recommandations pour la firme du Locle, juste une pointe d’amertume quand je vois les éditions X-Fathoms ou la resucée un peu rapide de la BUND no-rad de ces récentes années (cela n’engage que moi, obviously).

Dès la parution de l’article, dans le tumulte numérique des DEUX commentaires dithyrambiques (j’en place une pour toi Anonyme – et aussi pour toi Moonphase ^^, ), je reçois un message de Gabriel, le maître de séant :

« Blancpain veut que tu ravales ton chapeau : tu recevras la Fifty Fathoms Bathyscaphe demain matin à ton bureau. »

Gloups. Donc au final ces articles douteux sont lus ? Par les marques en plus ?? Shit.

(Entre temps je me suis ridiculisé à l’open bar du Salon Belles Montres donc je suis réellement foutu – pardon aux familles, tout ça).

C’est donc comme ça que, drapé de ma fierté de watch-reviewer pseudo caillera, j’ai reçu l’une des toutes dernières itérations de la mille-fa FF, charge à moi d’en faire une revue pour ce même site.

Et d’emblée de jeu, il faut reconnaître à la marque une chose : elle n’est pas rancunière.

Mais également, surtout même, il faut avoir une certaine confiance en ses produits pour penser pouvoir convertir un mauvais con. Donc kudos à Blancpain, déjà : sont beaux joueurs.

Je ne reviendrais pas sur la prestigieuse lignée dont est issue la pêche du jour, tu peux toujours aller jeter un œil ici pour en savoir un peu plus.

First impressions

J’avoue une première chose : quand j’ai reçu la montre j’ai surtout pensé « la marque veut me convaincre,  ouiiiiii » – un petit boost à l’égo pas désagréable mais un peu à côté de la plaque.

Parce que bien entendu, la marque ne veut pas ME convaincre, elle aimerait que je révise mon jugement pour TE convaincre. On appelle ça la brand advocacy, et en tant que membre actif de la tribu des gens qui parlent de key opinion leaders à longueur de journée, je ne peux pas dire que je suis dupe, mais je ne peux surtout pas leur en vouloir : c’est de bonne guerre, et ça reste plus honnête que payer du publi-reportage chez biiiiip ou encore biiiip et biiiiiiiip.

Mais je dois aussi admettre une chose : j’ai été surpris.

Oh je ne découvrais pas la bête à l’instant, je l’avais vue en photos (ainsi que son petit frère chrono), mais j’avoue que la qualité de fabrication m’a pas mal bluffé.

Je t’entends penser « en même temps à ce prix, heureusement », mais en vérité, je te le dis, tout n’est pas aussi bien fini à ce prix-là, crois-moi (un petit exemple par ici).

N’empêche, quand j’ai sorti la Bathyscaphe de son étui, j’ai quand même pensé « ah ouais ».

Une certaine impression à la fois de robustesse et de luxe s’en émanait, qui n’était pas sans me rappeler une autre sportive top of the line qu’on a revue il y a quelques temps et qui m’avait beaucoup, BEAUCOUP plu (ça ce passe ici).

Sans compter que la montre arrive sur NATO. Basta.

Alors là aussi, j’en voit penser « non mais ils pourraient pas faire un bracelet métal pour ce prix », et je les entends, mais je choisi de les ignorer. Parce que dans le fond, moi, je trouve ça hyper cool.

D’autant que le NATO susnommé est d’une qualité IRREPROCHABLE.

Les trous du bracelet sont renforcés de cuir (coutures plus qu’impeccables), les passants & boucles sont solides et facettés, résolument modernes et cohérents avec le design de la boite et d’une teinte mate affolante.

Sans compter que le ton de vert utilisé est parfait. 

Une précision tout de même, il s’agit là du modèle que j’ai testé : la montre est aussi proposée sur un bracelet bombé en toile synthétique qui m’a l’air d’être également de très bonne facture, mais je ne pourrais en juger : je ne l’ai pas essayé.

Le boîtier de la montre est d’un acier mat (il existe une version Titane qui doit aussi être super cool), tirant doucement sur l’anthracite comme les boucles du NATO (logique), lui aussi facetté sur les cornes (ça en jette GRAVE). La lunette graduée est d’un noir brillant (céramique + liquid metal pour ceux que ça intéresse) et la couronne siglée est large mais proportionnelle à la montre. Facile d’usage. Pas trop mal, dis-donc !

Je la trouve un poil trop grosse pour être tout à fait à mon goût (43mm – ce qui est plutôt un pas dans le bon sens par rapport aux 45mm des autres FF récentes), mais il faut que je me fasse une raison : nous ne sommes plus dans les années 60 et d’ailleurs une fois au poignet ça se passe plutôt bien (mate les photos mon pote).

Cadran/aiguilles

Le cadran gris « météor » (ouais je suis d’accord, pour moi aussi météor c’est surtout une cool marque de bière un peu pétée) de la Bathyscaphe est satiné soleil ce qui lui donne un éclat qui contribue largement à l’aspect « luxe » mentionné un peu plus haut. Il est signé Blancpain Fifty Fathoms (ça serait dommage de se priver) en haut et Bathyscaphe dans une police très Engravers Gothic (très maison de couture) en bas. C’est aéré. Voire spartiate.

Les index sont appliqués et luminescents, normal.

Et j’aime beaucoup ces aiguilles bâton finies d’un trait acéré, très géométriques et résolument modernes, elles fonctionnent hyper bien avec ce cadran réduit à l’essentiel.

L’aiguille des secondes de type « lollipop » est finie de rouge, une touche de couleur bienvenue dans une montre somme toute un poil monochrome.

Je crois qu’on a fait le tour ?

Ah non, il y a un petit quantième à 4H30 qui, même si la complication est utile, n’apporte pas beaucoup à l’ensemble (de mon point de vue). Mais elle n’est pas intrusive ici, donc ne boudons pas notre plaisir.

Le calibre

La Bathyscaphe est motorisée par le calibre automatique 1315 de la marque, un calibre dont la finition est, elle aussi, résolument moderne : la masselotte (en or 14K siouplé) couleur anthracite sablée (et siglée of course) contraste bien avec la finition satinée des rouages et des ponts.

Le spiral en silicium la rend amagnétique, et la réserve de marche est de 120 heures grâce à son triple barillet !

C’est un super bon mouvement, bien fini, fiable, mais ce qui m’a plu c’est surtout ce look vraiment contemporain qu’il adopte. Le contraste mat/satiné, anthracite/argent, fonctionne hyper bien, et je dois avouer que j’ai passé pas mal de temps à l’observer par le caseback transparent.

Les avis

C’est étonnant combien, même si Blancpain n’est pas la marque la plus connue du grand public, les gens autour de moi en remarqué cette montre et noté son niveau de qualité.

Pour moi, vieux #watchnerd sur le retour, c’est avant tout une montre moderne, dynamique, jeune, et somme toute assez cool, mais les coupains zet les coupines ont d’emblée noté cet aspect luxueux. Avant même de parler de ce cadran très graphique, de ce boitier taillé à la serpe (c’est un compliment ici), ils remarquaient presque le prix de la bête (je caricaturise, nous ne parlons jamais d’argent au Flore parce que c’est très vulgaire, s’pas ?).

Les commentaires, comme tu peux t’en douter, n’étaient pas vraiment liés à la longue lignées de montres mythiques dont est issue cette Bathyscaphe, mais totalement concentrés sur son parti pris graphique et sa qualité. Ce qui d’ailleurs est peut-être la meilleure façon d’appréhender cette Bathyscaphe.

Oh, bien sûr, il m’arrive de traîner avec d’autres geeks de la montre qui ont, eux, parlé pendant des heures de la LIP Blancpain et de la Milspec, pointant le côté rupturiste de cette nouvelle itération (ça n’est pas forcément un reproche d’ailleurs), et notant qu’elle a aussi un sous-titre, la ligne Bathyscaphe, qui justifie un peu cet ADN déviant légèrement de la ligne classique FF.

Oui, mais donc ?

Je crois qu’il est clair que j’ai, à bien des égards, beaucoup aimé porter cette montre.

Elle est absolument magnifique sur la plupart des tableaux, fonctionne avec toutes mes tenues à la coule (heureusement je ne mets plus de costumes – la vie est belle les aminches), sait se faire remarquer pour les bonnes raisons.

Il est évident que j’ai pris un plaisir incommensurable à la passer au poignet tous les matins, et que j’ai passé beaucoup de temps à la regarder, la retourner entre mes mains et la montrer autour de moi. Je ne peux dire en mon âme et conscience que je ne l’ai pas aimée. Et je n’aurais aucun problème à l’intégrer à ma rotation de montres quotidiennes, bien au contraire !

Et par ailleurs, je ne peux absolument pas reprocher à Blancpain de dilapider l’héritage de la FF : cette ligne Bathyscaphe a des atouts incroyables dans sa modernité, mais également dans sa façon d’assumer sa différence avec le reste de la famille. Ce qui manquait cruellement aux itérations récentes de la FF. Je ne pense pas qu’il soit si évident que ça d’assumer un tel nom (c’est un peu pareil avec les « fils de », quelque part), et il y aura toujours des **** comme moi pour parler de « l’Histoire ».

Sincèrement, je trouve cette ligne Bathyscaphe très juste.

Je suis ravi que Blancpain ait su trouver le twist nécessaire pour insuffler de la vie dans une ligne de montres que j’adore au-delà de tout, et doit admettre que mon pessimisme initial n’était pas justifié (mais également leur tirer mon chapeau, que je ravale bien volontiers, pour une montre vraiment très très réussie, et être extrêmement beaux joueurs , je ne vous en aime que plus <3).

Mais je dois t’avouer que je reste un peu partagé après avoir porté cette montre une bonne semaine.

Il en est des héritiers comme des premiers amours : on cherche toujours un peu quelque chose d’avant. Et pour le coup j’ai peur qu’on ne trouve pas grand-chose de l’illustre lignée dans la Bathyscaphe, à l’exception de cette signature intemporelle sous le nom de la marque, Fifty Fathoms, qui me fait plus penser aux années de disette récentes qu’aux lendemains qui chantent.

Peut-être n’aurais-je pas dû relire Le Grand Meaulne récemment ?

Mais finalement c’est peut-être mieux ainsi : on n’oublie pas un amour passé, on apprend à aller de l’avant et on se reconstruit.