La Tendance horlogère du moment Quand le vert d'eau est presque plein
Patek Philippe, Jaeger-LeCoultre, Rolex, Tudor, Mido, Breitling, les marques a avoir présenté des montres au cadran vert sont nombreuses et ma liste n’est pas exhaustive. Loin de moi l’intention de faire le procès ici à ces marques qui, par ailleurs, ont produit cette année de superbes montres, j’aimerais surtout m’atteler à comprendre un phénomène qui n’est pas nouveau dans l’industrie horlogère.
Des couleurs & des montres
Plus que tout, il est passionnant de retracer l’évolution des couleurs au fil du temps, en particulier du XXème siècle. Si l’on se reporte au début du siècle, on se souvient tous que régnait en maître absolu le cadran blanc, souvent émaillé, sur des montres que nous avons aujourd’hui le plaisir de retrouver parfois intactes, parfois légèrement craquelées, dans les tiroirs de nos ainés.
On remarque quelques années plus tard l’apparition de tonalités argent, or et proches du blanc. Mais toujours (presque) pas de couleurs. “Presque” parce que la couleur peut alors se trouver à l’extérieur de la montre, sur un travail de niellage ou d’émaillage du boitier. Je pense par exemple à des motifs dans le courant art déco.
Dans les années 30, la couleur commence enfin à investir les cadrans avec, évidemment, les pétillantes Jaeger-LeCoultre Reverso : une grande dose d’audace à une période où les couleurs restent discrètes.
Le milieu du siècle arrivant et les militaires s’équipant davantage avec des montres plus lisibles que les cadrans blancs émaillés des poilus, se dévoilent majoritairement des cadrans noirs, pour leur grande lisibilité, principalement quand ils sont associés à des index luminescents de bonne taille.
Les cadrans noirs & argentés feront encore la loi, avant les années 70 qui raviront les amateurs de couleurs pop. Chez Zenith, Omega, Piaget, Mido et j’en passe : la mode est à la couleur et aux dégradés.
Une tendance qui allait s’installer durablement dans les années à venir. On peut notamment penser à Rolex et ses cadrans Stella flambants observés sur les Day-Date dans les années 1970 et 1980.
Les tendances des dernières années
Revenons à nos verts moutons...
Si le vert fait aujourd’hui le bonheur des lignes de cet article, c’est qu’il a détrôné le bleu. Le bleu, qui était devenu une nouvelle norme à partir des années 2013/2014 et avait largement fait son temps. Évidemment, il n’est jamais très loin et nous montre encore le bout de son nez. Pour certaines marques il est vrai (je pense notamment à Tudor) le bleu fait partie intégrante de l’ADN, depuis un certain partenariat avec la Marine Nationale.
Il serait faux de dire que 2021 a été la seule année du vert. Le processus s’est lentement installé, depuis quelques temps déjà. Évidemment, quand il s’agit de vert, et heureusement pour nous, chaque marque vient avec une proposition différente. Il sera plus clair ici, plus foncé là, très brillant encore ou même très pop, presque fluo là-bas.
Le vert de la Reverso présentée cette année est particulier, soleillé, doux et naturel. Celui de Breitling sur ses modèles Premier est davantage proche de la pistache, et celui de la nouvelle Fifty-Eight en or de Tudor très “golden green” sans parler du modèle en argent proche d’un vert taupe.
Dans cette histoire mentholée, animalière ou culinaire il y a pour sûr quelques distinctions à faire. Car si des marques ont attendu les dernières années pour passer le pas du vert, d’autres ont osé un peu avant.
On pense par exemple à Rolex et sa Kermit, une Submariner à la lunette verte présentée en 2003 pour les 50 ans du modèle iconique. Le modèle ayant d’ailleurs été sorti de production en 2010, entrainant sa grande désirabilité par la suite, il fait à mon avis partie des montres qui ont déclenché ce “green mania”. D’après mes souvenirs et les archives des montres que nous avons pu avoir entre les mains, les années 2017/2018 avait déjà bien installé la tendance. On pense encore au vert Bentley qui s’était installé sur les cadrans de certaines Breitling, toujours en collaboration avec la marque.
Le seul vert qui a mon sens fait partie de l’identité entière d’une marque n’est autre que celui de la marque March LA.B pour laquelle cette couleur est une signature que l’on retrouve dans tous les détails de l’univers de marque.
Le vert a ça de puissant qu’il est connexe à de nombreux univers de l’horlogerie. Le vert militaire, le vert “racing green”, le vert que peut prendre la teinte du bronze après de longues années de service, ou encore le vert très naturel que l’on peut trouver dans la malachite, gemme composée d’Hydroxyde de Carbonate de Cuivre, et qui équipe les cadrans de certaines Rolex, Hermès ou Piaget.
Je pense également au vert qui, en plus de s’afficher sur le cadran, se montrait également sur le boitier de certaines Rado des collections True.
À mon avis, l’année 2021 marque une dernière étape avec l’affirmation de cette couleur sur les cadrans. Mais en faire plus serait à mon sens bien trop.
Si nous l’apprécions à sa juste valeur, une goutte de plus et le verre d’eau pourrait déborder. Quelle sera la prochaine couleur des cahiers de tendance de l’horlogerie ? À vos paris !
Bonjour
Comment peut on vanter la couleur verte pour une montre ????
Bonjour,
Gincourt: en restant ouvert d’esprit contrairement à toi, petit troll…