BASELWORLD : clap de fin Entre tristesse et soulagement
Ci-gît
Baselworld
1917 – 2020
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Celle née sous le nom de « Foire suisse d’échantillons de Bâle » le 15 Avril 1917 a été annoncée comme clôturée le 7 mai dernier. Une annonce officielle après des mois / années d’agonie pour un évènement majeur de l’industrie horlogère mondiale. La foire de Baselworld est morte laissant derrière elle de multiples questions et opportunités.
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Baselworld n’est plus… du moins sous cette forme de foire internationale faisant le rayonnement de la ville de Bâle pendant plusieurs jours une fois l’an. Les voix des acteurs de ce salon ont donc annoncé récemment que l’édition 2021 de Baselworld était annulée, et que de nouveaux éléments concernant la mise en place de nouvelles plateformes nous proviendraient sous peu. Le futur est en discussion.
Terminée la petite musique en boucle 36 789 fois par jour à peine masquée par les milliers de personnes évoluant sous le fameux « trou de Bâle » de la Messe Platz. Plus jamais nous n’aurons à débourser 35 Francs Suisses pour un Jambon Beurre sans saveur. Révolues nos recherches Airbnb pour un appartement sans âme au tarif prohibitif pour être au plus proche de cet évènement tant attendu… Quand tristesse et soulagement s’entremêlent…
Une agonie qui a donc duré plus de 3 ans pour un modèle qui n’était très probablement plus viable.
Juillet 2018, quelques mois après la grande messe annuelle du sérail horloger, la nouvelle tombe : le Swatch Group et ses 18 marques historiques qui occupaient une grande partie du rez-de-chaussée du bâtiment 1 quittent le navire, ne croyant plus au concept.
Mars 2019 nous connaissions la dernière version de la foire de Bâle.
L’évènement géré par la société MCH Group était rongé par une maladie depuis bien longtemps et n’a pas pu résister au Covid-19. Il était faible, disposait d’une organisation bien trop lourde et ne pouvait plus satisfaire les besoins des participants. Qu’ils soient exposants, clients, journalistes et/ou accros à ce petit objet qui nous fait tous tourner la tête.
Pourquoi ? Comment ? Que s’est-il passé ?
Nous tirions une conclusion peut être hâtive mais hélas tristement réaliste il y a 2 années de cela : « La société MCH Group aurait donc cassé son jouet à vouloir chaque année saigner d’avantage l’horlogerie suisse qui l’a fait naître. Aurait-elle, à coups de tarifs toujours plus prohibitifs pour les exposants réussi à décourager non seulement les plus petits, mais aussi les plus grands ? On dirait bien. »
Mais en réalité rien ne sert de tirer à canons ouverts sur qui que ce soit. Le jouet était déjà cassé et ne correspondait plus aux besoins des enfants qui jouaient avec. Pas non plus question de se tourner vers Michel Loris-Melikoff, directeur général du salon Baselworld, qui a tout fait pour essayer de satisfaire le plus grand nombre. Les décisions sont prises à plus haute échelle.
La grande tristesse dans une séparation comme celle-ci, comme dans les relations humaines, est d’en arriver à un déchirement et que ce qui devrait déboucher sur un accord à l’amiable finisse en bain de sang. Nous avons assisté au début du massacre par les différentes lettres que s’adressaient MCH et le comité des exposants, à propos du remboursement des frais divers et variés. Un accord a été convenu finalement, le groupe MCH prenant à sa charge environ deux-tiers des frais.
Pour mieux le faire renaître sous une autre forme ?
Rien n’est encore précisé par le MCH Group mais une porte est restée entre-ouverte : Baselworld pourrait éventuellement renaître de ses cendres sous une nouvelle forme, dans une ou plusieurs années. Nous n’en savons pas encore plus mais vous tiendrons bien évidemment au courant dès que possible.
Nous souhaitons en attendant saluer les efforts de l’organisation en place depuis deux ans pour avoir essayé de sauver le salon des eaux. La mission était déjà complexe sans ce dernier épisode Covidien qui aura mis le coup d’épée final à cette belle aventure longue de plus de cent ans.
L’objectif est-il de tenter à tout prix de sauver le salon Baselworld ? Nous pensons que non. Il devra se réinventer totalement, peut-être se décliner en des versions plurielles et complémentaires. Mais la version que nous connaissions ne pourra plus jamais se vivre à nouveau, le nom comme le lieu.
Un avenir nouveau pour la ville de Genève ?
La fin de Baselworld et les défections des marques « haut de gamme » vont très certainement offrir de belles opportunités aux futurs organisateurs d’un salon à Genève. C’est quasiment certain.
Certaines des Maisons ayant quitté le navire prématurément comme Rolex, Patek Philippe, Chanel, Chopard ou Tudor ont décidé de réaliser leur propre salon en avril 2021 à Genève. Seront-elles rejointes par le groupe LVMH ? Aucune information pour le moment mais il semblerait que tout se dessine pour cette option.
Nous aurons donc probablement deux évènement Genevois en 2021 avec le Watches & Wonders du groupe Richemont.
Une opportunité pour les actions locales ?
C’est une vraie question. Le salon international ne semblant plus être la solution privilégiée par le marché, il se pourrait bien que la place pour des actions locales (par pays ou zones géographiques) se mettent en place.
Nous avons d’ailleurs avancé sur la question avec la création d’un évènement en France et d’autres initiatives devraient suivre ces prochaines années. Il n’y a qu’à voir le succès de l’évènement organisé par Worn & Wound aux États-Unis avec les deux éditions annuelles de la « Windup Watch Fair » à New-York et à San Francisco.
Si les « grands groupes » et « Maisons » peuvent assumer les coûts parfois faramineux d’évènements internationaux, d’autres marques de taille plus raisonnable vont très certainement se concentrer vers d’autres types d’initiatives. Une belle opportunité pour se rapprocher de leurs marchés clés.
La vie continue et elle nous réserve donc encore bien des surprises !