CHOPARD L.U.C Manufacture Chopard dans la cour des très grands, avec humilité
L.U.C. comme Louis-Ulysse Chopard. Le jeune horloger de 24 ans fondait en 1860 une manufacture dont le nom résonne aujourd’hui dans le monde entier. Pour comprendre le succès et la cohérence de cette entreprise, il convient certainement de comprendre ceux qui se succèdent à sa tête depuis plus de 150 ans, à savoir les familles Chopard et Scheufele.
Si Gustave Flaubert affirme qu’on peut calculer la valeur d’un homme au nombre de ses ennemis, je pense aussi surtout qu’on le découvre à la qualité de ses amis et en observant ceux qui l’entourent. Cela va de même pour une entreprise.
Nous sommes ainsi partis il y a quelques semaines à la découverte de Chopard, à Fleurier, sur les terres de la Manufacture L.U.C, afin de mieux comprendre les fondements d’une horlogerie qu’on admire aujourd’hui pour les bonnes raisons.
Chopard et l’horlogerie : un bout d’histoire
Je vous propose de faire marche arrière un instant pour nous remémorer, très brièvement, les grands noms qui se sont succédés à la tête de la maison et l’association familiale qui fait la puissance de Chopard aujourd’hui.
Louis-Ulysse Chopard fonde donc la Manufacture à l’âge de 24 ans. Son envie et sa spécialité : les montres plates et précises, pour tous les jours. En grand voyageur, Louis-Ulysse Chopard voyage personnellement jusqu’en Russie, à travers la Pologne et toute l’Europe pour exporter ses montres et ouvrir de nouveaux marchés.
Son fils Paul-Louis Chopard lui succède en 1915. Il déplace le siège de la société à La Chaux de-Fond puis à Genève en 1937, alors carrefour mondial des affaires et de l’horlogerie.
C’est son fils Paul-André qui lui succède en 1943, mais l’après-guerre est une période difficile et la manufacture n’emploie alors plus que cinq collaborateurs et aucun de ses enfants ne souhaite reprendre le flambeau…
C’est alors que rentre en jeu Karl Scheufele III, orfèvre et horloger allemand de Pforzheim qui cherche à développer ESZEHA, l’entreprise de montres et de bijoux dont il est propriétaire.
Dans l’objectif de ne plus être dépendant de ses fournisseurs de mouvements, Karl Scheufele pense sérieusement à acquérir une manufacture suisse. Pour ce faire, une solution : faire paraître dans les journaux une petite annonce. Après avoir obtenu quelques rendez-vous, il se rend à Genève pour y rencontrer de potentiels vendeurs.
L’histoire raconte que Paul-André Chopard était le dernier nom sur la liste de Karl Scheufele III, le dernier jour de son voyage et que lorsque les deux hommes se sont vus, l’affaire était bouclée en à peine trente minutes. The rest is history.
Avec cette passion des voyages héritée de son grand-père, Karl Scheufele III et sa femme Karin sortiront Chopard de l’oubli et en feront à nouveau une maison de renommée internationale. D’un côté les savoir-faire et l’expérience des orfèvres de Pforzheim, de l’autre une magnifique porte d’entrée dans le cercle fermé des grands horlogers suisses. Une association pleine de sens.
Depuis les années 80, Karl-Friedrich Scheufele, fils de Karl et Karin, s’occupe des créations pour homme et de la haute-horlogerie tandis que sa soeur, Caroline, s’occupe de la joaillerie.
Ce sont bien les hommes et les femmes qui font les compagnies, ces entités beaucoup trop souvent déshumanisées. Il est donc d’autant plus agréable de voir qu’aujourd’hui une entreprise telle que Chopard est non-seulement toujours une entreprise familiale, mais surtout que les produits reflètent la personnalité de cette famille.
Nous sommes désormais prêts à mieux comprendre les montre L.U.C Manufacture, fruits de l’envie, de la passion et de la vision de Karl-Friedrich Scheufele.
L.U.C Manufacture : savoir-faire, vision et passion
Je suis intimement persuadé qu’on ne peut insuffler vie à un produit sans passion et sans vision. J’ai rencontré pour la première fois Karl-Friedrich Scheufele fin 2015 pour une entrevue au sujet de la création des montres Ferdinand Berthoud dont il est également à l’origine. Celui que j’ai rencontré ce jour là s’est montré accessible, discret et droit. Malgré l’empire qu’il représente aujourd’hui et le capitaine d’industrie qu’il est devenu, Karl-Friedrich Scheufele est le type de personne qui donne autant de sincérité dans une poignée de main que dans la réponse à une question simple.
Les montres L.U.C : c’est lui. Donner à la haute horlogerie Chopard la capacité de s’exprimer avec noblesse et simplicité, même dans ses exécutions les plus complexes : c’est encore lui.
A Fleurier, que ce soit à la manufacture, chez lui, au musée Chopard, à la Fondation Qualité Fleurier où dans les ateliers, nous avons rencontré et échangé avec ceux qui le côtoient depuis parfois plusieurs dizaines d’années. Encore une fois, peu de surprise, ou plutôt les meilleures des surprises : l’homme sait s’entourer de collaborateurs qui font bien plus que leur métier.
Une conclusion évidente
Je pèse mes mots et je réfléchis tranquillement avant d’écrire la phrase suivante, qui ne tombe donc pas ici à la légère : il est pour moi aujourd’hui évident que les montres L.U.C, tant par leurs finitions que par l’élégance, l’équilibre et la cohérence de leurs designs jouent aujourd’hui côte à côte avec les très grandes Maisons que sont par exemple A. Lange & Söhne et Patek Philippe.
Evidemment, L.U.C n’a pas encore l’âge requis pour avoir accumulé autant de savoir-faire que certaines autres manufactures doyennes, mais la sobriété et la justesse de ses créations ravissent n’importe quel amateur de belle horlogerie. Tout en jouant avec des codes classiques, ces montres ont une vraie personnalité et surtout reflètent complètement la passion et l’humilité de celui qui les a fait naître.
A ceux qui doutent encore du bien fondé des montres L.U.C, je répondrai simplement par l’affirmation suivante : sincérité, constance, personnalité, finesse d’exécution et simplicité. Si de telles qualités ne font pas la grandeur d’une maison, alors je ne sais vraiment plus où aller chercher…
