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MONTRE DE POCHE N°2 Un chef d'oeuvre signé Roger Smith chez Phillips

En octobre 2022, nous vous parlions d’une vente de novembre chez Phillips qui promettait l’exceptionnel. Outre quelques jolies pièces, l’oeil attentif remarquait la présence de montres réalisées par le grand horloger George Daniels. Et un prix fantastique de 4,083,500 de Francs Suisses pour sa montre personnelle Spring Case Tourbillon, avec son boitier cabriolet, son tourbillon, pour une pièce quasi intégralement réalisée à la main.

Aujourd’hui, pour continuer dans la veine Daniels sans (trop) parler de Daniels, nous parlerons d’un autre très prestigieux horloger, Roger Smith. À l’occasion de la première mise sur le marché de sa montre de poche numéro 2 jusqu’ici présente dans une collection privée et lors d’une vente aux enchères les 10 et 11 juin prochains à New-York orchestrée par Phillips. Un vrai petit morceau d’histoire de cette belle horlogerie du XXe siècle.

George Daniels et Roger Smith

Pour parler de Roger Smith, il faut à mon sens commencer par introduire George Daniels et ses influences.

Dans sa brillante “carrière”, quoique pas toujours simple, l’horloger anglais George Daniels n’a produit (ou supervisé la fabrication) que 141 pièces, dont 23 montres de poche et 2 montres bracelet qu’il a entièrement fabriqué. Pour vous raconter brièvement ses faits d’arme, il faut commencer par évoquer Abraham-Louis Breguet. 

Moi qui aime à régulièrement vous citer des passages de son livre “L’art de Breguet“, l’horloger des XVIIIe et XIXe siècle l’a énormément influencé. S’il faut rapidement résumer la vie de l’horloger George Daniels ne partait pas du tout favori dans son enfance avec de grandes difficultés, mais avec persévérance et grand courage, il finira par recevoir les plus belles récompenses pour ses savoirs, leur transmission, son génie de fabrication, et quelques inventions remarquables, comme l’échappement à double impulsion (qui avait été esquissé par Breguet) de l’échappement Co-Axial, permettant par sa construction de diminuer drastiquement les frictions, résultant dans moins d’interventions sur la montre pendant sa vie, et aussi davantage de précision. Une grande personnalité autant intéressante par son génie que sa simplicité.

Roger Smith dans son atelier sur l'île de Man

De l’autre côté, il y a Roger Smith, qui à l’adolescence doit choisir son parcours professionnel, dont les métiers du bois auraient pu faire partie. Fort heureusement, il se dirigea vers l’horlogerie et des études à l’école d’horlogerie de Manchester. Après une rapide visite de George Daniels à l’école, Roger Smith sait qu’il veut entretenir des liens avec le brillant horloger et tout faire pour l’impressionner. Il entreprend alors la fabrication à la main et au début de sa vingtaine d’une montre de poche à tourbillon une minute et échappement à détente. Mais alors qu’il lui présente la montre dans le but d’obtenir un apprentissage avec le maître horloger, il prend une petite gifle. George Daniels, bien que réalisant le travail effectué, lui dit que les finitions sont loin d’être parfaites et que ça ne ressemble qu’à un premier trait.

Qu’à cela ne tienne, Roger Smith prendra quelques années de plus, entre 1992 et 1997, pour refaire une nouvelle montre, la fameuse numéro 2, et en profiter pour y ajouter un calendrier perpétuel. Il présente à nouveau le fruit de son travail à George Daniels qui le félicite grandement pour son beau travail. Il deviendra ainsi le seul et unique apprenti de George Daniels. Et plus que cela même, Daniels fera appel à lui à de nombreuses reprises pour la réalisation de pièces spéciales comme la Millenium, série de quelques 48 exemplaires en or jaune d’une pièce tout aussi exceptionnelle pour le passage au 3ème millénaire et la démonstration de l’échappement co-axial.

En 2001, Roger Smith vendra sa montre de poche numéro 2 pour financer le début de la suite logique de l’aventure : la production de ses propres montres par son propre atelier. Avec la disparition de George Daniels en 2011, il héritera de son atelier de l’île de Man, sa production, ainsi que l’entretien des montres Daniels existantes.

Mais alors qu’en est-il de cette montre de poche numéro 2 ?

Roger W. Smith montre de poche numéro 2

Si vous connaissez un peu le visage des montres produites par Daniels, vous reconnaitrez un esprit et des influences en commun dans cette montre de poche numéro 2 réalisée par Roger Smith. La même passion pour le travail du guillochage, que l’on remarque ici plus que jamais sous différents traits. Du célèbre grain d’orge sur le cadran, en passant par les clous de Paris pour l’intérieur des sous-cadrans liés au calendrier, du motif panier alterné pour la petite seconde et le centre du cadran auxiliaire, sans oublier le liseré qui vient entourer le tour d’heures et la minuterie.

Ce que j’aime avec cette montre se rapporte aussi à ce qui ne se voit pas, et j’entends ici un tourbillon. Un tourbillon nourri par un double barillet, qui vient aussi donner de l’énergie à un échappement à détente. C’est John Arnold, dont nous vous parlions dans un épisode de notre série Chronologie, qui a été un des pionniers dans ce type d’échappement à la fin du XVIIIe siècle. Un échappement libre comme l’échappement à ancre, mais qui présente d’autres différences de fonctionnement, et aussi des avantages chronométriques d’où son utilisation dans de nombreux chronomètres de marine. Malheureusement, sa fragilité face aux chocs ne le prédisposera pas aux mouvements de montres-bracelets. Enfin pas dans cette version là.

Là aussi les amateurs d’horlogerie classique seront satisfaits par les finitions du mouvements. Fait très anglais, le fait de finir tout le mouvement laiton avec cet effet givré avant de venir tremper le tout dans un bain acide puis le dorer. Vous aurez remarqué qu’ici les arrêtes ne sont pas anglées, mais naturelles et tranchantes, et que le mécanisme de remontage est caché pour que n’apparaisse à nos yeux uniquement la beauté du tourbillon et de l’échappement à détente.

Une pièce qui sera mise à la vente à New-York les 10 et 11 juin prochains par la maison de vente aux enchères Phillips, avec une estimation pour l’instant floue, mais qui dépassera pour l’estimation basse le million de dollars. Affaire à suivre !

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