Investir en horlogerie

Investir en horlogerie "Sans maîtrise, la puissance n'est rien"

Ce contenu a été mis à jour le 11/04/2020

Alors que nous sommes (pour la grande majorité) chez nous, quoi de mieux que de remettre au goût du jour cet article sur la notion d’investissement en horlogerie ? Suivi d’un LIVE Instagram ce soir samedi 11 avril à 19h00 avec Le Guide des Montres.

La définition de l’investissement en psychiatrie est très intéressante :

Fixation d’une énergie affective sur un objet qui se trouve ainsi chargé d’une signification particulière pour le sujet

Le décor est planté.

Ne vous est-il jamais arrivé, sur Instagram ou ailleurs, de tomber sur une publicité des plus intempestives, ou un freluquet mal coiffé dans une voiture de sport louée vous explique comment gagner de grosses sommes d’argent en investissant dans les montres ? Insupportable. Plus largement, cette publicité révèle un état d’esprit et un mouvement qui prennent de plus en plus d’ampleur.

Nous recevons tous les jours des questions de néophytes nous demandant : “Bonjour, j’aimerais investir dans une montre, que me conseillez-vous ?

Il est question de maîtriser la façon dont on consomme la montre pour jouir de ce que l’on possède. Et on ne consomme pas de la montre comme on consommerait de la nourriture, ou des actifs du CAC40. Il faut réussir à replacer une once de plaisir au milieu de toutes ces activités.

La montre investissement

Aujourd’hui, revient régulièrement sur la table la question d’acheter une montre en tant qu’investissement. Pour quelle raison ? Évidemment, quand l’on regarde les courbes des cotes de certaines Rolex ou Omega, entre autres, la réponse est claire.

On se souvient particulièrement d’une vente Antiquorum de 2008 “Revolution : The Evolution of Rolex Sport Watch“. Une vente fondatrice car elle témoignait d’un nouvel engouement pour les montres vintage, et en particulier les Rolex. Un des évènements importants ayant témoigné de l’engouement fou pour les montres vintage.

Il ne semble alors pas déraisonné d’acquérir des montres dans l’optique d’une revente potentielle. La montre devenant alors une valeur comme une autre, comme l’once d’or ou le baril de pétrole. Sauf que pour la grande majorité des particuliers, quand vous achetez de l’or ou des barils, ceux-ci sont dématérialisés.

De mon point de vue, appliquer cela aux montres est d’une tristesse sans nom. Une montre est faite pour vivre sur un poignet, même si on en a plusieurs et que l’on en change de temps à autres. Collectionner les montres n’a jamais été un mal. Sinon, on est marchand de montres, ce qui est un métier, mais garder des années durant des montres au coffre n’est pas réellement noble. D’ailleurs plusieurs marchands que je connais m’ont plusieurs fois fait comprendre que collectionner n’était plus dans leur actualité. Ils portent ce qu’ils vendent, ni plus ni moins. Et gardent évidemment quelques petites préférées, cela va de soi.

Tout, selon moi, doit partir d’un bon sentiment. Et oui le bon sentiment peut aussi déboucher sur un achat qui se révèlera peut-être un bon investissement. À l’inverse, on peut aussi être attiré au départ par une montre qui nous semble avoir une évolution de valeur interessante, et en tomber amoureux tout de même.

De l’art de choisir

Quand, justement, des personnes viennent me poser la question de cette première montre investissement, je leur rétorque “choisissez celle qui vous plait”. Car les plus connaisseurs feront leurs affaires sans trop demander de conseils. Ils savent.

Ce qui me dérange le plus, en revanche, c’est que celui qui veut s’acheter sa première montre, ou même sa 3ème, et qui n’a qu’un mot en bouche “investissement”. Il demande à tout le monde, car il a peur de prendre un trop grand risque, comme ceux qui s’aventurent sur les marchés financiers en fantasmant un Gordon Gekko en haut d’une tour.

Le désir doit à mon sens arriver en premier, la question de l’investissement se posant en dernier lieu. D’abord on apprend à savoir ce qui nous fait vibrer, on étudie la question, l’histoire, les caractéristiques techniques. Ensuite on peut se mettre en quête de cet objet, une montre en l’occurrence, que l’on désire. Peut-être elle sera la seule, peut-être il y en aura d’autre. Seul l’avenir nous le dira.

En réflexion ultime arrive la question de l’investissement. Il est aussi important de considérer la pièce que l’on achète en prenant du recul, en disant qu’il serait intéressant que sa valeur soit constante, qu’un jour on puisse s’en séparer pour une autre, ou je ne sais quel autre raisonnement. A mon avis, le premier détail à regarder sur la montre qui nous plait est évidemment sa qualité. N’oublions jamais la phrase que Greg Le Guide des Montres avait prononcé lors du podcast Figures : “Le prix s’oublie, la qualité reste”. Pour penser à une éventuelle revente (ou non) un jour, il faut privilégier les pièces d’une très belle qualité, qu’il s’agisse d’un boitier pas trop poli, un cadran propre, etc.

Voilà à mon sens l’ordre des idées à avoir.

Quand nous achetons des vêtements qui nous font plaisir, réfléchissons-nous à un investissement ? Quand on achète une très belle paire de chaussure, on pense surtout à prendre la taille qui nous convient parfaitement et si on la portera encore dans 6 ans. Il en va de même pour un costume en demi-mesure ou en grande mesure. On réalise un costume qui nous sied à merveille, avec lequel on va se sentir bien et on va avoir envie d’entreprendre de grandes et nobles choses. On y met un certain montant, mais on ne pense pas à combien l’on pourra le revendre dans plusieurs années. Si ?

N’allez pas imaginer, chers lecteurs, que mon article vise à critiquer ceux qui ont des montres dans leur coffre fort. L’idée est simplement de dire qu’il y a de la mesure en toute chose.

Acheter pour laisser des pièces de toute beauté dans un coffre sans jamais les porter va à l’encontre même de la création des objets, les montres en particulier. L’on doit avant tout, à mon sens, posséder des pièces que l’on apprécie réellement, pour toutes les raisons possibles.

Et il est largement possible d’associer ce plaisir tout en gardant à l’idée qu’il pourrait s’agir également d’une “valeur refuge”. Cela rassure parfois, et permet aussi une belle revente pour financer un autre achat afin de dynamiser un peu sa collection.

Quand je regarde les passionnés et plus généralement les personnes sensibles aux montres autour de moi, je suis plutôt rassuré sur la véritable flamme qui les anime. Car, si sans maîtrise la puissance n’est rien, sans plaisir la puissance s’éteint...

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