Trilobe Les Matinaux Presque mystique

Il y a quelques temps maintenant, je vous avais présenté succinctement cette nouvelle marque Française et l’audace de sa lecture de l’heure. J’aimerais aujourd’hui vous en reparler plus en détails, appuyé par nos photos.

Une façon aussi de saluer les esprits créatifs Français dans le secteur de l’horlogerie. Et je crois qu’au niveau horlogerie en France aujourd’hui, nous observons des designs originaux et une grande dose de courage, qu’il est toujours bon de saluer.

Vive l’horlogerie, et vive la France.

Le concept Trilobe

Leurs premiers modèles font partie de la collection Les Matinaux, un clin d’oeil à l’oeuvre de René Char parue en 1950. Une indéniable référence à l’esprit énigmatique du poète dans une lecture de l’heure qu’il l’est tout autant :

Une nouvelle lecture du temps.
3 anneaux, 3 indicateurs, 1 nouveau référentiel.
Exit les aiguilles et les idées reçues.
L’innovation se met au service de la création.
Un mouvement qui libère le temps.
Une invitation urgente à prendre son temps

Le pari de Trilobe n’a donc pas été d’apporter une n-ième montre vide de sens au marché de l’horlogerie, mais de faire la proposition d’une nouvelle lecture de l’heure, accompagnée d’innovations sur la mise en place de celle-ci.

Pour résumer, lire l’heure sur une Trilobe ne se fait pas forcément en un clin d’oeil, et ce n’est qu’un encouragement à davantage prendre le temps.

Une nouvelle lecture de l’heure

Avant d’aller plus loin, définissons le mot “trilobe”. Il s’agit d’un terme architectural, et plus particulièrement d’un motif ornemental composé de trois lobes et faisant songer à un trèfle à trois feuilles, et à la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Vous comprendrez que le chiffre 3 définit la montre.

Une forme que l’on retrouve dans la période du Gothique dit “flamboyant” s’étendant du début du 15ème jusque début 16ème.La petite seconde apporte d’ailleurs un autre motif ornemental caractéristique de cette architecture. Celle d’une rosace façon Rose occidentale de la Sainte-Chapelle à Paris, et qui par son squelettage laisse entrevoir quelques roues.

Deux anneaux et un disque s’activent, les trois petits trilobes ne servant pas d’ornements mais de repères. Notre oeil n’est pas habitué à la rotation anti-horaire sur une montre, mais on s’y habitue. Je vous disais justement que le but était de prendre le temps.

À chaque fois grâce au repère du trilobe, le disque le plus à l’extérieur permet de lire les heures, le disque intermédiaire les minutes et le plus petit disque les secondes. Chaque disque étant contenu dans un plus grand, le tout sur un axe décentré.

L’innovation mécanique

La base de ce mouvement n’est autre qu’un mouvement ETA 2892. Mais derrière cette apparente simplicité se cache davantage de complexité. Cette nouvelle lecture de l’heure est en réalité offerte grâce à un module greffé à ce calibre ETA.

Un module développé et breveté avec le concours de Jean-François Mojon, qui n’en est pas à son coup d’essai en terme de réalisations de complications horlogères.

Le tout dans une boite de 41,5mm de diamètre alliant polis et brossés, d’une façon curieuse sur la tranche. En effet, on remarque la bande de carrure est brossée mais que la finition ne se prolonge pas sur la carrure de la corne. Étrange.

Autre point de détail mais important selon moi : la couronne. Même si comprends que le mouvement est à module, il est toujours étrange de voir la couronne décentrée, mais je trouve surtout ici dommage de l’avoir faite si petite. La préhension n’est pas exceptionnelle et c’est aussi une question d’harmonie avec la boite et la montre.

La série inaugurale et ses trois déclinaisons de cadran (Argent, gris orage, bleu soleillé) sont disponibles dans une édition limitée à 100 pièces au prix de 7320€.

C’est là que le bât blesse. Il faut prendre le temps de saisir que ce nouveau concept ne s’est pas développé par un coup de baguette magique et qu’il a fallu beaucoup de temps et de matière grise pour créer ce module et cette façon unique de lire l’heure. Ça ne peut pas sortir à 1000€. Mais même en comprenant ce concept, réussi certes comme la montre de manière générale, la concurrence des plus de 7K€ est rude.

Pour aller se faire une idée sur les vers de Char et essayer cette collection, Trilobe se trouve depuis peu au Printemps Haussman au sein de l’espace Horlogerie/Joaillerie.

64, Boulevard Haussman, Paris 9