BOVET RÉCITAL 12 Manufacture, titane & guilloché

C’était en 2023, et nous avions le privilège et entre amis de visiter les coulisses de la belle manufacture Bovet. Une marque plutôt confidentielle, à l’histoire passionnante, et aujourd’hui indépendante qui peut se permettre de faire ce qui lui plait. Si l’on imagine des créations parfois exubérantes, la marque sait aussi proposer des proportions plus contenus et des montres qui passent sous le radar, sans pour autant rogner sur la qualité et l’identité. C’est la cas de la nouvelle Récital 12 découverte il y a très peu de temps, et qui nous enchante !

Pour l’histoire de la marque (intéressante et structurante dans l’histoire de l’horlogerie) ainsi qu’une petite visite de la manufacture en terres suisses, rendez-vous sur l’article consacré.

Avant toute chose, laissez-moi revenir sur la façon de produire les montres. Chez Bovet, de beaux investissements ont été faits dans des machines qui “font” les montres, si bien qu’on peut dire que 95% de la montre est réalisée en interne. J’entends par là grâce à des machines CNC de pointe, d’où sortent notamment les platines, mais aussi certaines bases de cadrans. Cadrans qui sont d’ailleurs réalisés en interne, sauf pour certaines pierres particulières.

Un bureau d’étude travaille sur place à l’élaboration des mouvements, boitiers, bracelets et j’en passe. Machines à étamper sont aussi en activité pour les autres pièces des mouvements. Et on reconnait aussi une manufacture “complète” à ce qu’elle arrive à faire ce que la majorité des manufactures ne fait plus depuis longtemps : le ressort spiral.

Tout ça pour vous expliquer que ces machines et ces cerveaux, en partant d’une demande pour une montre avec bracelet en métal, ont donné naissance à un nouveau projet que nous aimons beaucoup : Récital 12.

Récital 12, c’est un boitier de 40 mm de diamètre intégralement réalisé en titane, avec des cornes courtes légèrement incurvées. Autant vous dire que le passage au poignet est doux, et que les proportions sont agréables. Si la lunette est légèrement arrondie et polie, les anses ont reçu un tout autre travail. D’une belle finesse, elles présentent un poli sur la tranche avec un petit insert brossé.

Le cadran fait indéniablement le charme de la montre. Hybride, il est constitué d’un cadran décentré pour lire facilement les heures et les minutes, qui a reçu huit couches de laque et avant tout cela un guilloché dans les règles de l’art, et disponible au choix en bleu clair, bleu nuit et vert foncé. Pas de chichi, en plus des deux aiguilles feuilles argentées, vous trouverez des index chiffres arabes peints en blanc. Sortons de ce cadran excentré un instant. Le reste de ce dernier se compose de vide, comprendre par là la vue directe sur le mouvement qui se présente face à nous, et qui a reçu de très belles finitions côtes de Genève, ainsi qu’un joli anglage des ponts. À neuf heures, sous forme d’une hélice tirée de l’aviation, la petite seconde bat, en alliance avec le balancier que l’on retrouve non loin. Juste au dessus du cadran, discrètement s’inscrit l’affichage de réserve de marche par aiguille, qui prend tout son sens pour ce calibre mécanique à remontage manuel. Et vous avez bien lu “7 days”, un seul barillet suffisant à générer toute cette énergie.

Quand on parle de 7 jours, on se dit en général que le ressort va prendre de la place (ou être double) et donc faire de la montre une grosse pièce. Que nenni ! Ici l’épaisseur reste très contenue avec 9,8 mm, verre compris. Au dos de la montre, à travers le large verre saphir, on peut observer l’autre face du mouvement, qui elle ne laisse rien passer, car tout se passe côté cadran ! Le mouvement, créé spécialement pour cette montre, a été conçu et produit en interne, spiral compris. Certains éléments, typiquement comme les rubis, proviennent eux de fabricants spécialisés.

L’autre gros plaisir de cette nouvelle Récital 12 se rapporte au bracelet, qui embrasse la montre grâce à des pièces de bout. Également réalisé en titane grade 5, il a reçu des finitions pointues. S’il ne possède pas de chute, le motif central (en relief et taillé dans la masse) poli de chaque maillon s’affine au fur et à mesure que la boucle (déployante papillon) approche. Les maillons sont rectangulaires, présentent un très beau et fin brossé vertical, et surtout, détail qui illumine le regard, ont reçu un anglage sur toutes leurs arrêtes. L’autre détail qui plait à mon œil se rapporte à l’imbrication très bien réalisée des maillons entre eux et que l’on peut constater en regardant ce dernier de profil.

Cette nouvelle Bovet Récital 12 s’échangera contre 24.800CHF (hors taxes), et nos amis parisiens pourront l’essayer chez ARIJE au 50 de la rue Pierre Charron. Une somme importante je le conçois, mais qui est le reflet d’une pièce aux détails de haute-horlogerie, nous sommes chez Bovet tout de même. Je parle du mouvement réalisé en interne, délivrant 7 jours de réserve de marche, des finitions allant jusqu’à l’anglage des ponts, un bracelet en titane aux finitions poussées, quand on sait la difficulté de travailler ce matériau ! Sans parler du cadran guilloché et largement laqué. Le résultat est une montre que l’on porte avec plaisir, et que l’on a surtout plaisir à regarder le plus souvent possible.