ROLEX & SES CHRONOGRAPHES : 1ÈRE PARTIE Les chronographes "Pré-Daytona"
Tout le monde, comme la célèbre boisson américaine, a déjà entendu parler de Rolex Daytona. Les dernières années s’étant montrées très clémentes à son encontre en mettant la montre très en avant jusqu’à des seuils extrêmes pour certaines références qui se sont désormais largement détendus, il est temps pour moi de revenir sur la célèbre frise chronologique du célèbre chronographe Rolex. Au regard de la quantité d’information, nous traiterons d’abord toute la partie concernant l’avant 1963, avant de passer par la case Daytona “quatre chiffres”, et de revenir sur les Daytona automatiques et du troisième millénaire.
Le chronographe Rolex, avant Daytona
Pour tous ceux qui se posent la question : non le chronographe Rolex n’est pas né avec la Daytona. D’ailleurs le Daytona lui même n’est pas né Daytona, mais nous y reviendrons plus loin dans l’article.
Les mouvements de chronographes s’installant au sein des boites de montres-bracelet se sont développés dans les années 1910, notamment avec de beaux exercices du côté de Breitling et Longines.
Sortant des montres de poches, les chronographes se sont d’abord illustrés sous forme de mono-poussoirs, souvent accompagnés de folles échelles de mesures façon “escargot” sur de doux cadrans en émail, avant de posséder deux poussoirs bien distincts pour démarrer le chronographe, le redémarrer, l’arrêter et le remettre à zéro.
On commence à trouver des chronographes montres-bracelets Rolex dans les années 1930. Bien que la boite Oyster soit née au milieu des années 1920 et que Mercedes Gleitze se soit affichée à la une des journaux avec la belle autour du cou, elle ne servira pas aux premiers boitiers de chronographes Rolex.
On trouve alors quelques références tout au long des années 1930 dans des boitiers “classiques” en acier ou en métal précieux, avec de jolis cadrans accompagnés de leurs échelles de mesure. Des pièces qui n’ont pas encore nécessairement une identité visuelle Rolex à part entière, mais qui sont rares sur le marché aujourd’hui. Je pense par exemple à de célèbres références 2508, 3330 ou encore 4062.
Voilà pour la première “génération” de chronographe Rolex. J’utilise des guillemets car je n’aime pas forcément toutes les réunir dans le même panier, mais disons que nous avons des chronographes classiques Rolex, le temps que la marque se fraye un chemin plus identitaire.
Juste avant de passer à la catégorie de chronographe Rolex suivante, j’aimerais vous parler d’un boitier qui fait le lien entre les premiers boitiers “classiques” de chronographes Rolex et les boitiers type Oyster. Je pense à une forme de fusion des deux, à savoir un boitier plutôt classique, mais qui nous dévoile une couronne et un fond vissés. Une forme de transition entre les deux mondes !
Les premières à davantage nous marquer arborent les premiers boitiers de type Oyster pour chronographe, reconnaissables rapidement et en plus de leur forme si caractéristique par une couronne et un fond vissés, qui garantissent une étanchéité relative, mais une étanchéité à l’eau et à la poussière tout de même. En cela on peut déjà à mon sens parler de “Pré-Daytona“, car l’association du boitier Oyster et de la lunette lisse sont autant d’éléments pour les nommer ainsi. En plus des versions aciers, l’or sous tous ses grades et l’or et l’acier viendront ajouter du piment à ces belles pièces.
L’après-guerre nous présentera d’autres versions encore plus évoluées de ces chronographes Pré-Daytona.
Une évolution vers davantage de “modernité” pour l’après-guerre donc, avec des pièces résolument plus sportives et faisant entrer Rolex dans une autre ère de son chronographe. Pour les calibres de ces chronographes, on trouve comme d’habitude un abonnement éternel à Valjoux, qu’il s’agisse du célèbre Valjoux 23 pour un seul sous-compteur de chronographe ou Valjoux 72 pour deux sous-compteurs du chronographe. On pense évidemment aux références des séries 6000 puisque les gros changements qui suivront auront lieu au début des années 1960. À retenir, un boitier Oyster typique, une lunette lisse, le boitier Oyster avec couronne et fond vissés, et des cadrans plutôt sobres, noirs, argentés ou blancs. Si nous devons parler de références célèbres, on pense bien entendu aux 6032/6034/6036 et de la même façon 6232/6234/6236 sans oublier une de nos références favorites juste avant l’apparition du célèbre Daytona : la référence 6238. Nous avons mis la main sur celle de nos amis à L’Atelier des Tocantes, qui illustre bien notre propos.
Il est intéressant d’observer l’apparition de la référence 6238 en 1962, juste avant le célèbre chronographe “Le Mans” en 1963 qui prendra le nom de Daytona par la suite, et que cette référence sera vendue aux côtés de ces nouveaux chronographes jusqu’à la fin des années 1960 quand la référence sortira des catalogues pour laisser sa place au roi Daytona. Pour moi la référence 6238 s’écarte des autres Pré-Daytona car tous les éléments de son cadran font songer au Daytona, des sous compteurs aux index facettés passant par les aiguilles bâtons. Il ne lui manque plus qu’une lunette externe pour remplacer la lunette lisse, faisant ainsi passer l’échelle tachymétrique à l’extérieur, et le tour est joué pour la transition vers le Cosmograph “Le Mans” de 1963, sous la référence 6239. Mais ça, je vous le garde pour la deuxième partie…
Super article sur la Daytona, merci.