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A. LANGE & SÖHNE Immersion au sein de la manufacture

A. Lange & Söhne fait partie à mon sens des plus belles manufactures horlogères du monde. Pour le savoir, comme d’habitude, il n’y a rien de tel que d’observer une montre, compliquée ou non, de leurs collections et de saisir la complexité qui peut se cacher derrière l’apparente simplicité. Et pour aller encore plus loin dans la démarche, pour comprendre tout ce que cela implique, rien de mieux qu’un petit tour dans la ville de Glashütte à la rencontre de celles est ceux qui créent ces objets intemporels.

DEUX MOTS D’HISTOIRE

Pour comprendre les liens entre Glashütte et l’horlogerie, il faut segmenter l’histoire de la ville. Tout commence avec un nom connu, celui de Ferdinand Adolph Lange, brillant horloger et formé à Dresde par les meilleurs qui en 1845 fonde le premier atelier d’horlogerie de Glashütte. Il faudra attendre 1868 et l’arrivée de son fils dans la société pour qu’elle s’appelle « A. Lange & Söhne ». 

Cet éclat de Glashütte a amené d’autres brillants horlogers à s’installer. Dans les années cinquante l’arrivée de maîtres horlogers tels que Adolph Schneider, Moritz Grossmann et Julius Assmann ainsi généré beaucoup d’enthousiasme.

À la fin de la seconde Guerre Mondiale, catastrophe. La ville est bombardée par les Russes (et après deviendra la German Democratic Republic/GDR), et donc en plus de la destruction, la ville est occupée par ces derniers qui nationalisent les fabricants de montres pour les réunir sous le même drapeau : la VEB Glashütter Uhrenbetriebe (“GUB”).

La chute du mur de Berlin en 1989 provoque la privatisation du GUB et le retour des marques comme A. Lange & Söhne et Glashütte Original comme héritier légal et réunion de plusieurs fabricants de la Glashütter Uhrenbetrieb GmbH (Conglomérat des Manufactures Horlogères de Glashütte).

A. Lange & Söhne en 1994

C’est en 1994 que A. Lange & Söhne dévoile les premières montres d’une nouvelle ère. Günter Blümlein, accompagné de Walter Lange et Hartmut Knothe présentent alors la Lange 1, l’Arkade, la Saxonia et le Tourbillon pour le Mérite.

La présentation officielle eut lieu le 24 octobre 1994. Ce jour-là, l’affichage de la date des montres présentées fut réglé sur 25 afin de montrer une date correcte dans les journaux à paraître le lendemain. D’où l’importance de ce nombre chez A. Lange & Söhne.

A. LANGE & SÖHNE

Ne m’en voulez pas, je ne vais pas énumérer ici de manière exhaustive tous les points de détails et de savoir-faire de la marque, mais avant tout ce qui a retenu mon attention lors de cette belle visite.

Commençons par le socle. Ce qui fait la puissance des montres A. Lange & Söhne, et vous le savez depuis nos nombreux articles, est bien le degré de qualité et la beauté des savoir-faire visibles sur les calibres de la marque. Pour travailler, A. Lange & Söhne utilise du maillechort. Un héritage qui provient du XIXe, quand de nombreuses marques utilisaient du laiton pour leurs mouvements, et A. Lange & Söhne déjà du maillechort. Il s’agit d’un alliage de cuivrezinc et nickel blanc, qui a pour particularité d’être dur et excellent pour le travail à froid, et que l’on apprécie par ses teintes proches de l’argent. D’où son nom de “German Silver” parfois observé. Un matériau qui demande une dextérité incroyable car il ne faut pas le toucher lors de sa manipulation avec les doigts nus car le maillechort prendrait des marques très rapidement.

A. Lange & Söhne Zeitwerk

Eclaircissons un point d’entrée de jeu. Si la grande majorité des montres sont faites presque exclusivement en interne, tout n’est pas fait en interne. Ce qui est à mon sens plutôt sain, quand des meilleurs savoir-faire sont ailleurs et que les internaliser voudrait dire le faire au détriment d’autres choses ou d’une réduction de la production, déjà faible. C’est pourquoi certains boitiers ne sont pas fait la-bas (mais pas très loin non plus) sauf pour les grandes complications comme les répétitions minutes. Mon raisonnement s’applique aussi aux vis, aux pierres ou encore aux ressorts de barillet. Je ne vais rien vous apprendre mais de manière générale, même les plus grands noms ne produisent pas ces pièces en interne.

En revanche, le spiral, lui, est bien fait en interne, et c’est un gros savoir-faire. On voit apparaître le premier spiral “maison” en 2003 avec la présentation du célèbre Double Split.

Ce qui distingue A. Lange & Söhne de la grande majorité des autres manufactures, même de haut niveau, se rapporte au degré de finition apporté aux mouvements. Sans parler du fait que même les pièces non visibles à l’oeil du mouvement ont le droit à leurs anglages et polis, et les roues à leur finitions, on notera la présence sur les mouvements de chatons polis. Un chaton est une petite bague, ici en or pour sa tendresse, qui permet de chasser le rubis sur la platine sans abimer la pierre. Même s’il n’a aujourd’hui plus du tout la même utilité qu’avant, d’une part il fait référence à une signature graphique des mouvements A. Lange & Söhne historiques, d’autre part permet de conserver de bons savoir-faire. Car il faut voir la dextérité avec laquelle les opérateurs et opératrices polissent les chatons, en trois étapes. Pour avoir essayé pendant une heure, je peux vous le jurer…

Ce qui m’a le plus impressionné se rapporte à un détail que vous ne verrez qu’en observant le pont de balancier. Il est gravé à la main et représente bien souvent un motif floral. Pour avoir vu faire un des six graveurs en direct, l’habileté est grande, si bien que l’on a l’impression de simplicité. En regardant à la loupe le résultat est parfait, et la maitrise des outils demande des années d’un travail quotidien. Le plus beau supplément d’âme se rapporte à mon sens à la personnalisation de la fleur, comprendre que chaque graveur fait sa propre fleur et sait donc reconnaitre en direct son travail. Ce qui n’a pas manqué durant notre visite où l’un des maitres graveur a inspecté la montre d’un des visiteurs avant de lui dire que c’était lui-même qui avait gravé son coq de balancier.

A. Lange & Söhne  - Photo Carsten Beier

Ce que j’ai apprécié par dessus tout se rapporte aux spécialités de la marque, j’entends par là des modèles tellement “uniques” qu’ils possèdent leur propre ligne de production. Après un séjour dans l’unité chronographe, qui possède ses propres assembleurs, horlogers et tests pratiques, le paradis s’est ouvert à moi en arrivant dans la section “Zeitwerk“.

Pour une montre qui au départ devait être une simple édition limitée, elle est aujourd’hui pour moi entrée dans l’histoire de la marque. Un développement compliqué pour une montre à la fin sublime, et qui mérite par la même occasion ses propres horlogers spécialisés. D’ailleurs, si vous souhaitez en apprendre plus sur la belle, je ne peux que vous recommander un article de 2022 sur les dernières évolutions de la A. Lange & Söhne Zeitwerk.

Quand on prend du recul après la visite et après avoir découvert avec les yeux les beaux savoir-faire horlogers qui perdurent, on se dit que l’écosystème est fragile. Heureusement, A. Lange & Söhne fait les choses bien jusqu’au bout et a intégré au sein même de la manufacture une école d’horlogerie pour former les prochaines mains expertes qui viendront fleurir les ateliers de la manufacture.

Voilà pour ce petit tour des quelques savoir-faire exceptionnels d’une marque que nous sommes très heureux d’aborder souvent sur le magazine, par ses designs classiques certes mais uniques, ses grands travaux de développement de belles complications, et surtout le degré de détails pas nécessairement visibles qui font de chaque pièce une véritable oeuvre d’art.

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