ZENITH CHRONOMASTER SPORT CE QUE L'ON EN PENSE VRAIMENT

ZENITH CHRONOMASTER SPORT CE QUE L'ON EN PENSE VRAIMENT

Ai-je voulu nommer mes photos dans le back-office Les Rhabilleurs « Zenith Daytona » ? Oui, je l’avoue. N’ai-je toujours pas compris où placer le curseur de mon échelle inspirationmétrique entre « reprise des codes horlogers classiques » – « inspiration » – « copie » ? Peut-être.

Ai-je pourtant envie de comparer cette nouvelle gamme Zenith Chronomaster Sport à une version musicale d’Eddy de Pretto, celle que notre oreille ne peut accepter que quelques secondes pour faire plaisir à autrui mais que l’on espère de toute notre âme qu’elle ne passera pas plus de temps dans le paysage musical Français que cet instant ? Je n’irais pas jusque-là. Découvrons ensemble celle qui fait du bruit pour les bonnes et mauvaises raisons…

ZENITH CHRONOMASTER : PRODUIT MARKETING OU HORLOGER ?

On ne peut le cacher ou l’ignorer, la grande majorité des produits en provenance de grands groupes font l’objet d’une recherche approfondie d’un marché potentiel en amont d’une recherche stylistique ou design. On ose moins, on « écoute » les désirs du client et on positionne son produit là où l’on voudrait qu’il soit. Nul n’est sensé l’ignorer et si la grande majorité l’accepte sans sourciller, pour les plus érudits, la musique ne sonne pas de la même manière.

Lorsque Zenith a présenté il y a quelques jours les premières images de sa grande nouveauté 2021, la toile s’est réveillée. Là où certains ont crié au scandale, d’autres ont adoré. Si l’objectif de la marque était de faire du bruit, il est alors atteint.

Il est vrai que les « codes horlogers » du bestseller inaccessible du moment (a.k.a la Rolex Daytona, en particulier ici la référence 116500LN) ont tapé dans l’œil du designer Zenith. De la lunette au bracelet en passant par les aiguilles et d’autres détails encore.

Mais peut-on juger ceux qui souhaitent de tout cœur combler les frustrations de tant d’autres, accrochés au graal que représente le Daytona et sa lunette céramique présentés en 2016 ? Peut-être pas après tout…

Elle en a sous le capot cette Zenith, et c’est beau. Elle se pose agréablement sur beaucoup de poignets ce qui n’est pas le cas de la majorité du marché actuel. Elle porte le nom d’une marque de renom. Elle pourrait vous accompagner à tous vos diners, toutes vos excursions… intérieures ou extérieures… satisfaire vos besoins en somme. Mais…

ZENITH CHRONOMASTER : UNE BELLE MONTRE, AVEC UN GROS « MAIS »

Esthétiquement, c’est une montre qui plait. Vous ne me ferez pas dire le contraire.

Les proportions de ce boitier en acier de 41 mm sont plus qu’honorables, la présence est là, la finesse (13,6 mm verre bombé compris) et les détails aussi. Le seul hic dans l’histoire de la Zenith Chronomaster, c’est qu’aux yeux du connaisseur, quelques “petits” détails se contrent d’un gros : « oui, MAIS… ».

Si le bracelet s’affine comme nous l’aimons des cornes à la boucle, pour proposer une belle chute de 4 mm (de 20 mm aux cornes jusqu’à 16 mm à la boucle), de nombreux éléments chez lui nous rappellent le fameux Cosmograph. Si les reflets de sa lunette en céramique nous font de l’œil, nous ne pouvons ignorer qu’elle est l’une des signatures d’une autre montre… jusqu’à la réalisation et les gravures. Plus discrètes, les aiguilles et leur matière luminescente sont très proches, dans leur construction, du chronographe superlatif que nous connaissons et son cadran blanc.

Enlevez ces trois éléments clés et la personnalité la Zenith se distingue déjà de son modèle.

Vous pourriez rétorquer, et vous auriez raison, que la lunette noire a déjà été utilisée sur des chronographes Zenith antérieurs, que les aiguilles sont déjà apparues également sur certains modèles, ou que le bracelet est un mélange savant de plusieurs de la sorte déjà montés sur des Zenith. Certes nous pouvons vous entendre. Mais la réalité, c’est que tous ces éléments ont été associés ensemble sur cette Chronomaster Sport et que le combo nous renvoie vers le Daytona de 2016 en un battement de cils, vous saisissez ?

Vous pourriez aussi penser que, puisque des mouvements Zenith (les premiers calibres automatiques à animer des Daytona) ont équipé le coeur de chronographes Daytona à partir de la fin des années 1980, le lien entre les deux marques est là. Oui, seulement, si partager des mouvements ou des développements de mouvements entre marques est et était une pratique courante et logique, celle du partage d’identité et de design ne fait aucun sens. Quand Gerald Genta naviguait entre plusieurs manufactures pendant sa longue vie de designer, si on peut deviner son œuvre, il n’est que très rarement le cas qu’elles aient été des copies presque conformes.

Mais pourrait-elle alors encore aller dans le sens d’un vendeur, ne pouvant pas vous proposer celle que vous n’attendez plus, souhaitant combler votre petit cœur à tout prix ? Probablement pas.

A-t-on vraiment envie de choisir sa compagne ou son compagnon en fonction d’un modèle publicitaire pour une marque de sous-vêtements ? Probablement pas non plus.

Là est tout le débat.

ZENITH CHRONOMASTER : UN POSITIONNEMENT DISCUTABLE

Si l’on prend la proposition Zenith dans sa globalité, à un tarif de 9700€, le Chronomaster ne dénote pas plus que cela. Il se positionne légèrement au-dessus de la collection A386 avec un mouvement proche. En effet, et c’est une nouveauté, le mouvement qui équipe cette Chronomaster Sport est une nouvelle version du bien connu calibre El Primero, déjà utilisé par le passé, mais jamais en production courante.

Nommé aujourd’hui “3600”, il délivre 60 heures de réserve de marche et s’anime toujours à la même fréquence. Tout en offrant de belles innovations techniques, en particulier un couplage direct entre échappement et roues du chronographe.

En revanche, si l’on observe le marché dans sa globalité, il est 2500€ moins cher qu’un Daytona céramique (sans avoir les mêmes caractéristiques toutefois) mais 2700€ plus cher que la dernière OMEGA Speedmaster et c’est aussi là où le bât blesse. OMEGA ayant rebattu les cartes du chronographe haut de gamme désirable en ce début d’année.

A vous donc, de voir si une fréquence de 36 000 alt/h et les innovations présentées valent 2500€ de plus qu’un Calibre Omega 3861 et ses 21 600 alt/h. Qui ne dénote pas non plus de très belle technicité cela est évident.

ALORS QUe PENSE t-on VRAIMENT DE CETTE MONTRE ?

Difficile réponse pour une problématique plus large. Positionnons-nous donc dans la peau de deux personnages fictifs. Le premier a passé ces 10 dernières années dans une cave et découvre au sortir de son antre, cette Chronomaster. Le coup de cœur peut être compris et l’achat validé.

Le second en revanche s’est fait une éducation horlogère pointue au fil du temps et découvre la même montre sur les réseaux. L’incompréhension s’installe, le rejet est compréhensible.

La montre est une nouvelle fois pourtant belle, bien faite, horlogère comme nous l’attendons. Oui, mais…

Tout cela me donne d’ailleurs l’envie d’inaugurer une grille d’évaluation de tous les modèles de montres neuves qui passeront entre nos mains.

ZENITH CHRONOMASTER : LA GRILLE D’ÉVALUATION

TECHNIQUE HORLOGÈRE : 4/5

DÉSIRABILITÉ DU DESIGN : 3/5

ORIGINALITÉ DU DESIGN : 1/5

COHÉRENCE AVEC LA MARQUE : 1/5

PROPORTIONS : 4/5

FONCTIONNALITÉ : 3/5

POSITIONNEMENT PRIX SUR SON SEGMENT : 3,5/5

POSITIONNEMENT PRIX POUR L’ACHETEUR FINAL : 2,5/5

SEXITUDE GLOBALE : 2,5/5

(Convient à un tour de poignet de 16 cm ou plus)

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