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Mercedes-Benz 560SL Le cabriolet Hollywoodien

Dédiée aux marchés américains principalement, la version 560SL du cabriolet Mercedes-Benz type R107 été plébiscitée par les stars des années 80. Il est temps de tutoyer l’étoile.

L’Amérique a toujours aimé la nouveauté. Pierre Minuit ou Peter Stuyvesant, ces Hollandais au tempérament marchand qui développèrent la colonie qui deviendra New-York savaient déjà séduire les indiens Manhattes en posant des babioles luxueuses venues d’Europe sur un petit mur. La rue où se trouvait jadis cette clôture, Wall Street donc, est toujours le temple du négoce autant que celui de la surprise. 

Mercedes-Benz 560SL

MERCEDES-BENZ 560SL : Pour l’Amérique

Précisément, en septembre 1985, les dirigeants de Mercedes-Benz décident de réserver une petite surprise à leurs clients des Etats-Unis : une version spécifique de son cabriolet type R107. Ce sera la 560SL, équipée d’un prometteur moteur V8 de 5,6L de cylindrée développant 230 ch. Plus qu’il n’en faut sans doute pour « cruiser » à l’allure réglementaire de 55 mph (soit 88 km/h), mais néanmoins autant que nécessaire pour redonner un petit coup de turbo final aux ventes de son cabriolet accusant déjà plus de dix ans de carrière et de bons et loyaux services.

Une opération bien sentie puisque cette ultime variante de la deuxième génération de roadsters SL sera l’un des modèles le plus vendu, avec 49 347 voitures produites, dont 46 263 livrées aux États-Unis. Les 3 084 autres véhicules ayant trouvé acquéreurs au Canada, en Australie et au Japon où ce modèle réservé à l’export hors d’Europe était disponible. 

Les atouts de la polyvalence

Dévoilée en 1971, le cabriolet type R107 a rapidement pris le relais de la Pagode, conçue par Paul Bracq. Cette fois, le crayon est tenu par le chef du bureau d’étude de la marque, un certain Karl Wilfert. Cet ingénieur scrupuleux, à défaut d’être un designer audacieux, va ingénieusement mettre à profit les commandements de style laissé par Paul Bracq. Avec ses collaborateurs, ils reprennent un certain nombre de principes stylistiques, comme les plis des tôles pour accentuer la rigidité et augmenter la qualité perçue, ou pratiques, tels le hard-top rendant la voiture polyvalente en toute saison, ou les sièges arrières d’appoint en option.

Mercedes-Benz 560SL

Ils apportent quelques trouvailles modernistes qui seront reprises durant de nombreuses années, comme le biseau inversé des clignotants à l’avant ou les feux arrière « anti-salissures » avec des stries, surnommées par les « gaufres » par les amateurs de la marque allemande. Ses lignes minces et tendues savent rester souples et lui donnent autant de dignité que de dynamisme. Affectant une allure sportive et une certaine finesse – même si les commentateurs lui reprochent son embonpoint, lors de son lancement, en comparaison de sa devancière, la Pagode – le cabriolet type R107 répond à sa vocation bourgeoise et américaine.

A l’évidence, cette auto a été pensée pour séduire outre-Atlantique. Avec son intérieur bien habillé, ses finitions rigoureuses garante d’ajustements impeccables et du bon fonctionnement des commandes et des ouvertures, ce cabriolet joue la carte de la maîtrise de soi. Tout est pensé et rationnel, à l’image de la capote s’escamotant dans un coffre coiffé d’un couvercle homogène, rendant la voiture parfaitement plate quand bien des concurrentes se contentent encore d’une couverture de toile proéminente, à la manière d’un landau. Une capote dont la manœuvre aisée se fait à la main. Pas de commande électrique, ce qui est surprenant pour un cabriolet de luxe des années 70. A quoi bon ? La majorité des autos trouveront preneur soit dans des régions clémentes, notamment la Californie et la Floride. Il n’est pas rare, aujourd’hui encore, de trouver des exemplaires dont la capote n’a jamais servie. Certains propriétaires la faisaient même retirer pour gagner un compartiment supplémentaire pour les bagages ou les courses. A New-York ou Chicago, la qualité d’étanchéité du hard-top transforme le roadster en un coupé douillet.

Des atouts certains pour plaire à une clientèle fortunée et souvent aux dames, puisque, dans les proportions américaines, cette voiture au gabarit routier en Europe est vu comme une petite voiture citadine et facile aux USA. Avec en prime son petit exotisme européen un brin m’as-tu-vu. Autant d’éléments qui assureront le succès de la R107 durant près de deux décennies, avec 237 287 exemplaires produits, toutes versions confondues, entre 1971 et 1987. 

Prendre le sport à la légère

Certes, ce cabriolet « Sports Leicht » n’a de sportif que son monogramme. Si les motorisations sont généreuses, les performances sont modérées et les capacités routières calibrées pour le plaisir d’une conduite onctueuse. Pour satisfaire les plus gourmands ou les plus audacieux.

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AMG ou Lorinser proposent des préparations musclées, et Koenig ira même jusqu’à greffer un compresseur portant la puissance à 320ch. Toutefois, tenter de chahuter une R107 sur des petites routes sinueuses et accidentées n’est vraiment pas la chose à faire. En revanche, bien installé derrière le grand volant posé légèrement de biais, chausser ses lunettes de soleil et profiter du feulement du vent dans les cheveux est un délice. En dépit de la pureté du profil, sans déflecteur latéral ni arceau, les courants d’air et autres tourbillons ne s’invitent pas à bord. Farrah Fawcett pouvait craquer sans risques : le brushing californien est sauf. 

Voiture de stars

L’actrice ne sera pas la seule star à avoir le béguin. La liste est longue, de Donna Summer à Bruce Lee en passant par Burt Reynolds ou Madonna, laquelle s’offrira une 560SL avec ses tout premiers gains. Celle de la playmate Cindy Wood était rose bonbon. Car le cabriolet R107 est une carte de club. Un signe de reconnaissance. C’est la voiture de la réussite qui s’affiche.

Rien d’étonnant si elle passe facilement à l’écran. Au volant de leur 450SL jaune, Jonathan et Jennifer Hart, protagonistes du feuilleton Pour l’amour du risque, « sont les rois de toute la belle société ». Pour toute une génération, les références viennent immédiatement : Richard Gere dans American Gigolo, Eddy Murphy, dans le Flic de Beverly Hills. Dans un épisode de Columbo, Trish Van Devere se fait pincer notamment à cause de la plaque d’immatriculation « Kay#1 » de la 450SL qu’elle s’est faite offrir par son amant. Dans un autre, Robert Vaughn tente de tromper un gardien à son volant. Celle de Krystle Carrington dans Dynasty était bleue, tandis que la matrone Angela Channing, dans Falcon Crest, la préférait jaune moutarde.

Pour revenir plus précisément à la 560SL, ses apparitions les plus marquantes à l’écran sont dans le feuilleton Magnum. La monture du frimeur Orville « Rick » Wright était gris argent. En revanche, celle du fils de famille Bobby Ewing, dans Dallas, était rouge, comme ses devancières. Des autos immédiatement identifiables en raison de leurs spécificités américaines. 

Jouer le jeu de la version US

Car le souci d’intégration des éléments, cher aux ingénieurs de Stuttgart, a dû se se frotter à la sévérité des normes américaines. Outre l’obligation de catalyser le moteur pour contenir les émissions polluantes, avec pour effet collatéral un étouffement de la puissance, la voiture se verra affublée de pare-chocs absorbants pour respecter la règle dite des « 5 milles ».

Mercedes-Benz 560SL

Le principe est alors simple : les pare-chocs doivent être capables de se déformer pour absorber un choc à 5 mph, à la suite duquel les feux devront parfaitement fonctionner. A ce sujet, en plus des phares à double optique, la voiture reçoit un troisième feu stop central, obligatoire à partir du millésime 1986, des feux de position latéraux, orange à l’avant et rouge à l’arrière, et des clignotants orangés. Soit. Cela fait partie de l’histoire et de l’identité spécifique de cette auto. Même si certains esthètes traquent les modèles japonais, esthétiquement semblables aux cabriolets européens, c’est-à-dire dépourvus des pare-chocs à absorption d’énergie, et bénéficiant de quelques chevaux de plus avec l’absence de catalyseur, c’est certainement en version US que la 560SL s’apprécie. 

Le défaut de ses qualités

La 560SL est une belle voiture même si elle n’est pas rare. Mais il est rare de trouver aujourd’hui une belle voiture. En effet, même si elle a été beaucoup diffusée, la 560 SL a souffert de sa trop bonne réputation de solidité. Soudain démodée par sa remplaçante, la très moderniste R129 dès 1989, la génération R107 devient aux Etats-Unis une voiture peu prisée au cours des années 90.

Nombre d’exemplaires rôtissent alors sous un soleil de plomb sur les parkings des marchands d’occasions. Les acheteurs de ces autos de deuxième main décotées ne leur apportent souvent pas les soins nécessaires. Surtout qu’aux yeux des Américains, une Mercedes est réputée indestructible. Mais la robustesse est une course d’endurance. Aussi, beaucoup de voitures se sont dépréciées par inattention. 

La jouer comme Bobby

Ce n’est pas le cas du magnifique exemplaire rouge mis à disposition par Asphalt Classics, sur la route d’Eygalières, à Orgon. Bien entendu, le hard-top reste au garage. Pas question de se priver du parfum des pins et des cyprès. Lunettes de soleil de rigueur. Contact. Dans un petit sifflement et un raclement de gorge, le V8 s’anime. C’est la dernière fois qu’il se fera entendre.

A partir de cet instant, tout devient souple et onctueux. La voiture glisse sur la route, comme si elle flottait. La direction un peu aussi, d’ailleurs. Qu’importe. Le paysage s’offre avec indolence. Ce cabriolet indolent est une thérapie contre l’anxiété. L’idée de le pousser dans ses retranchements ne vient même pas à l’esprit. Le panneau d’une bretelle d’autoroute fait tout de même naître la tentation. Y succomber n’est pas inutile pour comprendre le caractère de cette auto. La course longue de la pédale d’accélérateur était déjà un indice. La notion d’en avoir sous le pied prend tout son sens. Avec elle, il n’y aura jamais de problème de couple. La voiture file merveilleusement. La ligne droite lui va à merveille. Elle prend le sport à la légère mais le déplacement rapide très au sérieux. La montée en cadence est régulière.

Mercedes-Benz 560SL

Revenue sur les petites chaussées, elle invite à s’arrêter dans des endroits chics. Une petite timidité vient alors poindre. Ses bourrelets de caoutchouc donnent des complexes. Bien sûr, il serait difficile de frimer avec dans des rassemblements de collectionneurs pointilleux. Pour le moment, du moins. Dans 10 ou 15 ans il faudra en reparler. Surtout que la cote est en train de grimper en flèche. S’il convient d’être prudent avec des autos importées pour moins de 10 000 euros, certains exemplaires parfaits s’échangent déjà plus de 60 000 euros. Ce cabriolet est encore un peu dans l’ombre, mais le coup de soleil ne va pas tarder. Aux abords d’un petit village de Provence, en stoppant dans un soupir devant une terrasse de café, l’émotion des passants est bien présente. La 560SL rouge attire tous les regards et entraîne de doux sourires. Soudain, une exclamation : « Whao ! C’est la voiture de Bobby Ewing ! ». Soudain, c’est l’Amérique. 

Merci à Asphalt Classics, et à Roman Raetzke pour ces photos, une magnifique automobile disponible au garage.

Une réponse à “Mercedes-Benz 560SL”

  1. LEMAHIEU Christian dit :

    Bonjour,
    Dans votre texte au combien flatteur sur la 560 SL, vous précisez que la direction dite ”à l’américaine” flotte un peu…..beaucoup……………..et c’est ce que je constate sur celle que je viens d’acheter:
    -) Comment puis-je corriger ce ”défaut” qui me gêne tout particulièrement étant habitué désormais à des directions très précises ?
    Dans l’attente d’une réponse positive et explicatrice.
    Cordialement.
    Christian LEMAHIEU (Gironde.33)

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