Rolex Cosmograph daytona 6263 The Notorious Big Red
La raison de vivre du magazine Les Rhabilleurs est de partager avec vous le plus large spectre de montres possibles, en partant d’une Timex Q pour vous emmener jusqu’à une Breguet Classique Tourbillon Squelette. Aujourd’hui, nous allons jouer dans la cour des pièces vintage “saintes” et saines. En vous présentant une pièce exceptionnelle au doux nom de : Rolex Cosmograph Daytona “Big Red” 6263.
Une pièce sainte par le halo qui s’est formé autour des chronographes Rolex, mais aussi parce que le chronographe en question est dans un état exceptionnel, full set, et dort encore chez son premier propriétaire.
ROLEX DAYTONA : ARrêt sur image
Je vous laisse avec Romain Réa qui nous parlait de références 6263 et 6265 de vive voix.
Il y a quelques années déjà, j’avais préparé une retrospective de l’histoire de la Rolex Daytona. Qui ne s’ouvre bien évidemment pas sur cette référence, mais qui montre davantage l’évolution du chronographe Rolex en partant de ce qui se faisait avant son apparition.
Rolex Cosmograph Daytona 6263
La référence 6263 apparaît en même temps que la référence 6265 en 1971. Leur période de production s’étendra jusqu’en 1987. Et celle que nous avons entre les mains a été acheté chez WEMPE en 1983.
La différence ? Respectivement un insert de lunette noir et une lunette en acier.
Que faut-il regarder attentivement ?
ROLEX COSMOGRAPH DAYTONA 6263 : poussoirs vissés
La présence de poussoirs vissés peut donner quelques indications sur la Daytona que l’on a entre les mains. Souvenons-nous que la première référence Cosmograph”Daytona” (qui n’en portait pas la mention sur le cadran) possédait des poussoirs à pompe.
C’est la référence 6240 (produite jusqu’en 1969) qui propose pour la première fois des boutons poussoirs vissés, garantissant ainsi davantage d’étanchéité à la pièce. On voit alors logiquement la mention OYSTER se glisser entre les noms “Rolex” et “Cosmograph” à midi sur le cadran.
Attention toutefois, ce n’est pas parce que ce 6263 est à poussoirs vissés que les poussoirs à pompe n’existent plus. Bien au contraire, les références 6262 et 6264 en proposeront durant leur temps de production entre 1970 et 1972.
Pour ceux qui souhaitent rentrer dans les détails et qui ont l’oeil fin, il existe plusieurs types de boutons poussoirs. Ceux que nous avons ici sont rainurés. D’autres possèdent la partie crantée un peu plus large et fournie en dents. Des détails, certes, mais des détails qui comptent.
ROLEX COSMOGRAPH DAYTONA 6263 : insert noir
Contrairement à sa jumelle la référence 6265 et sa lunette en acier, la Rolex Daytona 6263 possède un insert noir époxy. Cet insert est équipé d’une échelle tachymétrique permettant de mesurer des vitesses grâce à l’utilisation d’un référentiel et du chronographe.
C’est la référence 6240 qui présenta pour la première fois un insert époxy tachymétrique en remplacement de la lunette acier, tachymétrique elle aussi, de la référence Daytona 6239.
ROLEX COSMOGRAPH DAYTONA 6263 : cadrans
Nous attaquons une partie “costaude”.
Commençons par l’essence, ce qui fait le charme du chronographe 6263 que nous vous présentons aujourd’hui est la mention Daytona “Big Red” qui se trouve au dessus du sous-compteur du totalisateur des 12 heures du chronographe.
Pour résumer : fond noir, sous-compteurs blanc, Daytona “Big Red”.
Il y a eu une grande diversité de cadrans sur ces Daytona. Des classiques cadrans au fond noir, blanc ou champagne (pour les boitiers en or) qui contrastent avec les sous compteurs, on compte des cadrans Sigma (index et aiguilles en or), des cadrans “UAE” (des cadeaux pour l’utilisation des Cheikh aux Emirats Arabes Unis), ou encore le célèbre cadran Paul Newman.
Je ne peux que vous recommander la lecture d’un sujet passionnant sur le “gommage” de la mention Daytona par Rolex sur certains cadrans Paul Newman.
Concernant le placement des écritures, on peut en dire quelques mots. On retrouve sur notre modèle le célèbre ROC pour “Rolex/Oyster/Cosmograph” et le Daytona “Big Red” à 6 heures. D’autres versions voient la mention “Daytona” disparaître, d’autres les écritures “Rolex/Cosmograph/Daytona” à midi et d’autres encore la mention “Superlative Chronometer Officially Certified” en dessous de Rolex et Oyster avec le Cosmograph à 6 heures. Une occurence observée chez certains modèles au boitier en or jaune.
ROLEX COSMOGRAPH DAYTONA 6263 : boitierS
On observe chez la référence 6263 des boitiers en acier, en or jaune 14k et 18k. Forcément, des cadrans et des bracelets différents ont été observés pour “matcher” davantage avec la matière de la boite.
Pour les adeptes de références, on trouve d’ailleurs sur le modèle que nous vous présentons aujourd’hui le bracelet Oyster en acier 78350 avec ses 19mm d’entrecorne. Certaines occurrences se verront équipées d’un bracelet jubilé, je pense ici à un Daytona 6263 en or.
ROLEX COSMOGRAPH DAYTONA 6263 : mouvement
On entend souvent “Valjoux 72” quand on parle Daytona. Pas une surprise.
Cette Daytona est en effet propulsée par un Calibre 727 qui n’est autre qu’un Valjoux 72 modifié par Rolex, que l’on retrouve également sur les références 6262, 6264, et 6265 et qui avait introduit davantage de précision que ses prédécesseurs. Certains avaient même une précision chronométrique, sans toutefois que Rolex le mentionne.
Les références antérieures au 6262 étaient équipées des calibres 722 et 722-1. Overdose de chiffres.
Bonus : quid du cosmograph
Voilà pour conclure une réflexion que j’avais besoin de partager.
Notre Daytona adorée s’appelait au départ Cosmograph “Le Mans”. Une montre de sport tournée vers l’automobile et les courses d’endurance. On le voit d’ailleurs très largement dans les publicités Rolex des années 1960.
Il est alors naturel de se demander ce que signifie « Cosmograph », qui ne nous évoque pas grand chose. On comprend que l’on pourra mesurer certains temps, mais pas vraiment de rapport avec l’Univers. Le grand Cosmos.
Mais souvenez-vous du contexte, de l’environnement. La fin des années 1950 et le début des années 1960 marquent le début de la conquête spatiale. Les soviétiques envoient la pauvre chienne Laïka en orbite en 1957 et la NASA est créée en 1958. C’est rapidement en 1962 que la NASA lance son appel d’offre pour trouver des montres capables de supporter les conditions d’un voyage dans l’espace. En 1964, il ne reste que quelques marques en lice, dont Rolex et Omega. La Speedmaster sera homologuée en mars 1965.
Mon avis est simple : Rolex aurait apposé ce nom sur sa Daytona en 1963 en vue de peut-être un jour la voir homologuée par la NASA. Cette idée me plait.
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Une pièce dans un état exceptionnelle donc, de surcroit complète, chérie par celui qui se souvient encore la recevoir pour son anniversaire en 1983.