Trilobe : inversement des référenciels Rencontre avec Gautier Massonneau
Voici une nouvelle rencontre qui vient s’ajouter à notre liste d’interviews ayant pour objet de mettre en lumière toutes sortes d’aventures horlogères. Pour notre plus grand plaisir, cette liste s’agrandit de jours en jours et ce n’est pas fini !
Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter Gautier Massonneau qui, ayant pourtant fait ses armes dans un secteur que l’on pourrait juger très éloigné de celui de l’horlogerie, a réussi à se lancer dans une très belle aventure. J’ai nommé : Trilobe.
Nous vous en parlions ici, Trilobe fait partie de ces jeunes marques françaises qui témoignent d’une véritable volonté d’innover et de proposer des idées encore jamais exploitées. La dernière fois, nous vous parlions d’Hegid et sa complication d’habillage. Cette fois-ci, c’est dans la lecture de l’heure que l’innovation est proposée en alliant horlogerie traditionnelle suisse et poésie à la française.
Absence d’aiguilles, trilobe et changement de référentiels : rencontre avec Gautier Massonneau.
Qui est Gautier Massonneau ?
J’ai eu la chance de grandir dans une famille d’architectes et décorateurs, avec des parents qui m’ont toujours encouragé à me mettre en éveil, changer de perspective, mélanger les matières et les formes. Tout ça, en respectant une certaine tradition, avec toujours cette attirance pour la beauté et la complexité.
Je n’ai jamais véritablement travaillé en France avant de lancer l’aventure Trilobe. Après des études en Eco et Maths j’ai d’abord travaillé au Japon, puis au Moyen-Orient. Des années intenses à accompagner le développement de centrales électriques en Afrique de l’Est ou d’usines de désalinisation en Oman. Un écosystème à mille lieues de l’univers feutré de la Haute Horlogerie, qui se révèle pourtant assez proche de la complexité, l’ingénierie et la temporalité du développement d’un projet horloger. Ces années à l’étranger ont également été l’occasion de nombreux voyages incongrus et d’autant d’opportunités de bousculer mes aprioris et référentiels culturels. Bref, j’étais prêt à me lancer dans le grand bain !
Quelles sont les personnes qui rythment le quotidien de Trilobe ?
Il commence à y avoir un peu de monde ! Le cœur du réacteur Trilobe est bien sûr notre équipe, qui continue de s’agrandir puisque nous sommes 6 depuis la rentrée (nous avons lancé la marque avec Volcy, notre DG, à deux donc, il y a exactement un an). Nous travaillons tous autour d’une immense table, ce qui permet de phosphorer ensemble énormément.
Nos clients, qui sont de plus en plus nombreux, sont bien sûr la clef de voûte de l’édifice. En grande majorité des Français avec de plus en plus de Japonais et d’Américains, tous venant d’horizons très différents. Nous avons la chance de pouvoir tisser quotidiennement des liens émotionnels forts avec eux, ils sont de véritables ambassadeurs et repassent régulièrement nous voir dans notre pied-à-terre pour simplement échanger ou boire un verre (ou deux).
Enfin, il y a aussi tous nos partenaires Français et Suisses (cadranier, boitier, manufacture …) avec qui nous échangeons quasi-quotidiennement et que je visite plusieurs fois par mois entre le Locle, Neuchatel et la Chaux-de-Fonds.
Qu’est ce qui t’a amené à réaliser ce projet ?
Avez-vous déjà vu :
- quelqu’un se passer du service des aiguilles de sa montre ?
- quelqu’un prendre le temps de lire l’heure ?
- quelqu’un mettre plus d’un quart de seconde à lire l’heure ?
- quelqu’un lire l’heure dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ?
Moi non ! Au départ réside donc l’envie de créer un objet unique, à contre-courant de la vision horlogère traditionnelle mais aussi de l’instantanéité ambiante.
Créer une montre exceptionnelle, réalisée avec les meilleurs horlogers Suisses, dans une gamme de prix dans laquelle vous ne trouverez aucun comparable de la sorte.
Pourquoi le Trilobe en particulier ?
C’est encore une fois un petit clin d’œil à mon histoire personnelle, étant fils d’architectes. Il fait également écho aux trois piliers du temps (Heures, Minutes, Secondes), et traduit l’attachement de la marque à l’esthétique, l’art et l’architecture. Le Trilobe, qui est une figure utilisée depuis plus de 10 siècles dans de nombreuses cultures, exprime aussi l’absence d’absolu dans la manière de marquer le temps.
Si tu devais résumer ta marque à un parfait inconnu qu’est-ce que tu dirais ?
Nous inversons le référentiel de lecture de l’heure. Plutôt que d’avoir le temps fixé sur le cadran et son indicateur (l’aiguille) en mouvement, nous changeons l’ordre des choses : l’indicateur, le Trilobe, devient fixe tandis que le temps est libéré, mis en mouvement. D’où notre signature, « Time. Liberated. » : le temps libéré. Trilobe est un savant mélange d’audace et de poésie à la française, entre horlogerie traditionnelle Suisse et vision excentrique.
Exit les aiguilles et les idées reçues, nous vous invitons à changer vos référentiels, à prendre du recul, et surtout à prendre votre temps.
Tu as vécu une mauvaise expérience avec les aiguilles ?
Vous savez, je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise expérience avec les aiguilles. Si je devais résumer la situation, je dirais plutôt qu’il n’y a pas d’absolu. Prenez simplement le temps d’être différent !
Comment comptez-vous adapter cette lecture de l’heure à de nouvelles collections ?
Vous pouvez reconnaitre une montre Trilobe à près de 10 mètres, et c’est une des forces de cette montre. C’est un canevas visuel extrêmement fort, une nouvelle façon d’approcher l’horlogerie, qui est aussi une immense page blanche sur laquelle nous pouvons recréer de nombreuses collections et raconter tout autant d’histoires. In fine, ce sont bien les nouvelles collections qui s’adaptent à cette nouvelle approche du temps.
Que peux-tu nous dire sur tes prochains projets ?
L’année démarre sur les chapeaux de roues avec énormément de projets pour la marque, afin de la faire grandir et la développer à l’international. Nous sommes notamment très heureux de réaliser le lancement de la distribution de Trilobe à Hong-Kong en février et à Tokyo début avril. Pour en découvrir davantage, on vous donne rendez-vous à Bâle, au sein des Ateliers, où de nombreuses surprises vous attendent !
Une information essentielle ou non-essentielle à ajouter ?
Nous sommes particulièrement fiers de cette année écoulée. Riche en développements, elle a débuté sur le lancement de la marque et s’est clôturée par une belle nomination au GPHG, ainsi qu’une vente très réussie dans le cadre de la vente OnlyWatch – Christie’s.
Information non essentielle, mais néanmoins très importante : nous serons près du bar à Baselworld, endroit stratégique par excellence, passez donc nous voir !