Bilan SIHH 2019 : Beaucoup de Marketing, quelques très belles montres

Bilan SIHH 2019 : Beaucoup de Marketing, quelques très belles montres

L’édition 2019 du Salon International de la Haute-Horlogerie fermait ses portes juste avant l’arrivée du weekend. Après un repos bien mérité et les quelques nuits de sommeil nécessaires pour digérer tout ça, voici venu le moment de prendre un peu de recul et de faire le point sur les premières nouveautés 2019 et d’anticiper sur ce qui risque de nous attendre cette année… Prêts ?

SIHH 2019 : En résumé

Nous sommes ici pour faire un premier bilan, pour partager avec vous en toute transparence ce que nous avons pensé de l’édition 2019 du SIHH. Nous allons donc faire notre possible afin d’être précis, mais de rester concis.

La grande affaire dont tout le monde parlait avant même que nous ayons posé un pied à Genève est évidemment la Collection Code 11.59 d’Audemars Piguet. Nous n’allons pas ici insister à nouveau sur les doutes que nous avons déjà exprimés quant à la réussite du cadran du chronographe, là n’est finalement pas tant la question. Que ce design nous parle, ou pas, reste subjectif et l’arbitrage ultime sera donné par les chiffres, par la confrontation de cette nouvelle collection au marché.

De ce côté là, Il faut bien avouer que François-Henry Bennahmias a plutôt l’habitude de donner des leçons plutôt que d’en recevoir. L’avenir tranchera sur le sort réservé à ces nouveautés qui ont tout de même le mérite d’être de véritables prises de risques en ces temps très sages. Il faut le reconnaître.

Le SIHH 2019 a vu beaucoup de présentations produits, mais globalement pas tant de véritables nouveautés. Beaucoup de déclinaisons de cadrans sur des classiques : si Jaeger-LeCoultre voit rouge, Vacheron Constantin et Girard-Perregaux aiment le bleu tandis qu’IWC et Montblanc préfèrent l’alliance vert et bronze.

De la musique très forte et des films aux voix dignes des meilleures bandes-annonces hollywoodiennes mettaient presque plus souvent en avant les univers auxquels on souhaite s’associer, plutôt que des montres. Des discours qui apparaissaient parfois si formatés pour celui qui n’aime pas vraiment les montres et s’informe sur Instagram que nous nous sommes parfois demandés si nous ne nous étions pas trompé de salle.

Déstabilisant tant le décalage entre discours, univers proposé et produit était parfois grand. Un peu comme si on vous promettait le glamour, le danger, la vitesse et l’ivresse de l’âge d’or de la course automobile et qu’au lieu de partir en vielle 911 RS 2,7l de 1972, on vous filait les clés d’une Peugeot RCZ. Pas mal, mais pas exactement au niveau des attentes.

Maintenant, peut-être nos attentes sont-elles particulièrement hautes ? C’est possible.

A Lange Sohne Langematik Perpetual Honeygold SIHH 2019

Du coup, ceux qui continuent à créer de belles montres, de très belles montres même, tirent véritablement leur épingle du jeu. Je pense évidemment à A. Lange & Söhne, qui impressionne toujours par sa maîtrise, par ses finitions et l’équilibre de ses pièces, mais aussi à Parmigiani et Laurent Ferrier qui proposent cette année des pièces de haute-horlogerie très abouties enrobées d’un minimum de sucre glace. Cela nous parle forcément davantage qu’un requin à New York.

La Traditionnelle Twin-Beat Quantième Perpétuel de Vacheron Constantin est une démonstration de savoir-faire à elle seule. Sa conception permet de modifier à l’aide d’une simple pression sur un poussoir, la fréquence de marche du calibre 3610 et d’augmenter ainsi sa réserve de marche à 65 jours.

Un vrai plus pour celui qui ne souhaite pas jouer avec les correcteurs ou aller voir son horloger lorsqu’il n’a pas porté son QP depuis quelques jours.

La maison Hermès, quant à elle, allie avec toujours autant d’élégance la haute-horlogerie à son univers onirique avec son Arceau “L’Heure de la Lune”.

Côté montres de sport, c’est Panerai et IWC qui sortent du lot en opérant un retour aux sources des plus efficaces en proposant chacun sur son segment de prédilection de belles montres dans de belles proportions. Une année des plus Submersible pour la maison florentine avec de nouvelles Panerai Submersible 42mm ainsi que les montres de Mike Horn et Guillaume Néry et enfin des montres d’aviateur pour IWC qui arrive notamment avec une trois-aiguilles et un chronographe Spitfire dans des belles proportions de 39 et 41mm. On aime beaucoup. 

Notons également la Santos Quartz de Cartier dans de belles proportions à un prix abordable. Une alliance qui ne fait pas légion.

Voici donc pour les principaux évènements horlogers genevois de la semaine dernière.

SIHH 2019 : Les grandes tendances que ce premier rendez-vous laisse deviner

La tendance n’était cette année donc pas vraiment à la prise de risque. Pas de grande nouveauté qui éblouit et bouscule le secteur en jetant un énorme pavé dans la mare du design. Un contexte duquel il devient même compliqué de dégager de vraies tendances. On se concentre sur ce qui marche et sur ce qui a fait notre succès en essayant bien sûr de ne pas trop déborder en attendant que ça passe ou qu’un autre fasse l’erreur qu’on essayera de ne pas reproduire. Pas forcément hyper vaillant comme positionnement.

En terme de produits, l’entrée de gamme du “Luxe” s’appauvrit et on a le sentiment qu’il faudra bientôt dépenser au bas mot près de 80.000€ pour prétendre acquérir une montre horlogère, bien conçue et bien réalisée qui fasse un temps soit peu rêver. Par contre, quand c’est beau, c’est vraiment beau.

Nous avons vu en 4 jours plus d’une centaine de montres, un avion et des dessins érotiques. Nous avons écouté de la musique très fort, regardé plus de 10 films produits et mangé 3 fois des sushis. Nous avons publié 11 articles et retouché plus de 200 photos. Dans tout cela, si certains arrivent encore à nous faire rêver, il en ressort tout de même un peu beaucoup d’histoires pour trop peu de produit. Un ressenti très personnel.

Comme si l’horlogerie se souciait à tout prix de plaire à un public qui n’aime pas vraiment les montres mais qui consomme. Comme si, à se préoccuper davantage de la manière de vendre ces montres, on oubliait parfois de les rendre belles et désirables.

Peut-être est-ce une caractéristique de notre temps ? Peut-être l’esthète sensible à l’équilibre des proportions ne désirant pas être vu ni reconnu pour sa montre, ne renouvelle-t-il pas assez fréquemment son acte d’achat  ? Encore une fois, c’est fort possible.

Nous ne sommes qu’en janvier, ne partons pas non plus défaitistes, Bâle arrive à grands pas et nous ne savons pas encore vraiment ce que le Swatch Group nous réserve pour cette année. Nous serons présents, les yeux et le coeur grands ouverts, près à accueillir davantage de nouveautés. Nous espérons simplement, et très sincèrement qu’il y aura plus de produit, un peu moins de grandes histoires et un soupçon d’humilité en plus. Avec peut-être, fingers crossed, de vraies belles montres positionnées dans la catégorie : “Rêve accessible”. Nous verrons bien…

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