Rolex Submariner : La véritable histoire d’une “Sub Rouge”…

Bien des histoires et des légendes urbaines circulent autour de la marque couronnée et de ses modèles emblématiques. Des designs originaux et iconiques, des montres étanches et des calibres extrêmement robustes qui ont traversé les décennies sans prendre une ride, et comme on le sait,  sans grandement changer.

Les plus subtiles des différences entre deux références en sont d’autant plus convoitées et notables, qu’ils s’agissent de l’épaisseur de la police des chiffres sur l’insert de la lunette ou le nombre de lignes d’écriture sur le cadran.

L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui n’est pas l’histoire de toutes les “Red Sub” dont vous connaissez peut-être déjà certaines bribes. Il s’agit au contraire de l’histoire vraie du modèle que nous avons eu la chance d’avoir entre les mains.

Qu’est-ce qu’une “Red Sub” ?

L’Histoire pourrait être racontée de manière complexe et floue, en se posant des milliers de questions et en doutant de chaque explication potentielle. L’opacité de la Maison Mère en terme de communication, fait que nous n’aurons très certainement que des suppositions à nous mettre sous la dent. C’est comme ça. Pour faire simple, il s’agit d’une Rolex Submariner référence 1680 (première Submariner produite affichant la date) dont l’inscription “Submariner” sur le cadran mat est rouge.

Combien de temps a t’elle été en production avant d’être remplacée par la ligne blanche ? Etait-elle destinée exclusivement au marché nord-américain ? Les informations de premiers propriétaires se ressemblent parfois, se confrontent, souvent. Il semblerait cependant qu’elle ait été produite principalement entre 1966 et 1973. Je ne rentrerai volontairement pas dans davantage de détails sujets à polémique, cela mériterait de toute manière un article à part entière…

Une montre, une histoire unique

Pour reprendre mon ami Simon Tran, dont je ne peux que vous conseiller la lecture de l’excellent blog horloger Moonphase : “Pour voir la montre, il faut d’abord regarder la personne qui se cache derrière”. Belle formule que je me permets aujourd’hui de lui emprunter tant il est vrai que les aventures et les hommes ont forgé les légendes de l’horlogerie qui nous font tant et toujours rêver.

Cette Submariner Rouge en question fut achetée à New York à la fin des années 60 par un jeune businessman français, parti chercher gloire et fortune aux Etats-Unis, l’Eldorado d’alors. Jusqu’ici, rien d’exceptionnel. L’histoire humaine devient intéressante lorsqu’on sait comment cette montre est arrivée jusqu’ici, presque cinquante ans plus tard.

Malheureusement, la vie, les hauts-et les bas de l’économie américaine et des prises de risques plus ou moins bien calculées ont fait que ce jeune entrepreneur français ne connu jamais réellement gloire et fortune.  Tout au long de sa vie, lorsque le besoin de liquidités devenait pressant, ce dernier utilisait sa montre pour “se refaire” en la déposant dans de célèbres “Pawn shops” où la belle passa de nombreuses vacances, plus ou moins longues.

Malgré tout, il se débrouillait toujours pour la racheter, cette montre dont le fond de boîte gravé à ses initiales lui rappelait cette époque à laquelle, la tête pleine de rêves et d’espoir, il désirait conquérir l’Amérique…

L’Histoire veut que dans l’ombre, une mère inquiète se souciait du bien être de son fils. Restée en France, sa mère avait un neveu, médecin, avec qui elle s’entendait particulièrement bien. Par amour et par respect pour sa tante, ce neveu les aida financièrement, elle et son fils pendant de nombreuses années.

Sans rien dire à l’intéressé, il transférait régulièrement de l’argent à sa tante, qui à son tour le reversait à son fils, qui lui en ignorait la provenance…

Qui sait ? Il est même fort probable que ce jeune mécène ait contribué sans le savoir, et ce à maintes reprises, au rachat de cette pièce, aujourd’hui si convoitée.

À la disparition de cet homme parti faire fortune outre-Atlantique, c’est tout naturellement que sa mère offrit cette montre à celui qui, dans l’ombre les avait aidé toutes ces années…

Séchez vos larmes, cette histoire n’est pas triste, la vie est faite de hauts et de bas, de réussites et d’échecs, d’entraide et de gestes parfois encore désintéressés… L’adage ne dit d’ailleurs t’il pas, que “Celui qui donne, reçoit” ? Il se vérifie aujourd’hui.

L’histoire d’une montre est belle et bien écrite par celui qui la porte. Ce témoin privilégié de cette grande et belle aventure qu’on appelle “la Vie”  traverse les générations et conserve avec lui les secrets et un petit supplément d’âme de celui  avec qui elle à vécu. Cette histoire partagée n’est ni palpable, ni tangible, et pourtant, c’est bien elle qui génère l’émotion…

Tout cela n’est bien évidemment que mon humble point de vue, mais, soyons honnêtes, si nous n’étions ici que pour “bêtement” parler de boîtiers, de cadrans et d’aiguilles, ça se saurait… Vous le savez bien, une montre, c’est tellement plus que ça…