Une Visite à Time Fest 2.0

Une Visite à Time Fest 2.0 Une belle célébration de l’horlogerie indépendante 

La deuxième édition de Time Fest à Bordeaux a eu lieu la semaine dernière, les 17 et 18 juin 2025, et votre dévoué serviteur est parti faire une petite expédition pour voir de quoi il s’agissait et, peut-être, découvrir quelques joyaux de l’horlogerie indépendante. Nous n’avons que très peu d’occasions d’expérimenter les montres en chair et en os en France. Il est donc important que les membres de notre communauté créent ces occasions, que vous vous y rendiez, et que nous fassions un compte-rendu de ce que nous avons vu. Car si vous n’êtes pas allés à Bordeaux cette fois-ci, peut-être le ferez-vous l’année prochaine et ce serait une excellente idée ! 

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Time Fest: De quoi s’agit-il vraiment ? 

Quelques semaines avant l’événement, j’avais écrit un article sur Time Fest pour vous faire savoir que ça avait lieu et de quoi il s’agissait. Maintenant que j’y suis allé, je peux vous dire exactement ce que c’est et pourquoi vous devriez vous y intéresser. Il s’agit d’un rassemblement de marques horlogères majoritairement petites et indépendantes qui, pour la plupart, proposent des montres abordables et accessibles (je sais, tout cela est relatif). Avec des prix commençant à 300€ et allant jusqu’à environ 5 000€, et beaucoup entre les deux, avec quelques exceptions bien sûr pour des marques dont les modèles coûtent beaucoup plus que cela. Mais dans l’ensemble, et dans la mesure où j’ai concentré mon énergie et mon attention sur les marques et les modèles qui me parlaient, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de marques qui étaient accessibles, et ceci était vrai non seulement du point de vue tarifaire, mais aussi du point de vue humain. 

En effet, il y avait 65 marques et entreprises à l’événement, principalement des marques de montres et quelques autres qui vendaient des bracelets et des accessoires. Parmi elles, il y en avait 49 que je considérerais comme étant des marques « micro » et indépendantes, c’est-à-dire qu’elles sont petites, gérées de manière indépendante et qu’elles ne possèdent pas leurs propres moyens de production (le nombre réel est très probablement différent car je ne connais pas le fonctionnement interne de nombreuses marques). Cela signifie cependant que la majorité des marques étaient présentées par leurs fondateurs, c’est pourquoi j’ai dit tout à l’heure que beaucoup étaient accessibles d’un point de vue humain. Je crois que cela fait toute la différence lorsque c’est le fondeur ou le designer qui présente les montres et non un employé ou un distributeur, car cela facilite la création de notre intérêt pour leurs produits et le tissage de liens uniques  avec la marque. 

Bien sûr, il y avait des exceptions, pour les grandes marques qui passent par des distributeurs et des équipes de relations publiques pour vendre leurs montres et organiser des événements au niveau national, et même pour les petites marques indépendantes qui sont devenues omniprésentes auprès des passionnés et des collectionneurs dans le monde entier. En dehors de tout conflit personnel qui naturellement aurait pu empêcher leur déplacement à Bordeaux, j’ai trouvé dommage par contre que certaines marques françaises et populaires, connues à l’international, ne soient pas représentées par leurs fondateurs mais à place par des employés qui n’ont pas les mêmes intérêts dans la marque, d’autant plus que Time Fest se déroule en France et non à l’étranger. Mais bon, n’hésitez pas à me dire si je suis lourd !

Des marques essentiellement françaises et suisses

D’après mes calculs scientifiques, il y avait une trentaine de marques franco-françaises à Time Fest 2.0, c’est-à-dire des marques qui ont leur siège social ici, dans notre bonne vieille Gaule. Des marques telles que Baltic, Serica, Beaubleu, Neotype, Charlie Paris et Carlingue. Alors que la majorité des 30 marques restantes sont suisses – Formex, Ebel, Alpina et Raymond Weil par exemple – deux marques ont parcouru de grandes distances pour participer à Time Fest 2.0 : Lorca, basée à New York, qui a parcouru 5 830 km, et Kuoe Kyoto, basée au Japon, qui a parcouru 6 440 km. La majorité des marques étaient donc nationales et transfrontalières, ce qui indique que l’accent a été mis sur les marques provenant de deux centres historiques de l’horlogerie européenne : la Suisse et la France. C’est logique, bien sûr, mais j’espère que pour Time Fest 3.0, il y aura une plus grande représentation de marques internationales.

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Une belle découverte : les marques françaises aiment les montres outils ! 

Je n’ai pas honte d’admettre d’avoir eu l’impression que la plupart des marques françaises n’étaient pas très portées sur l’horlogerie utilitaire, mais mon récent voyage à Bordeaux m’a prouvé le contraire. Et les montres-outils occupent une place prépondérante dans les catalogues des marques principalement jeunes et émergentes, mais moins dans ceux des marques historiques. Pour moi, c’est une bonne nouvelle car cela montre un regain d’intérêt pour une partie de l’horlogerie française qui était intimement liée à l’armée et aux forces de l’ordre, et pas seulement axées sur les montres chics et élégantes. Bien que quelques marques savent très bien faire les deux. Cette constatation est peut-être plus importante pour moi que pour vous, car je suis un fan invétéré de montres-outils, et la bonne nouvelle qui s’ensuit est que ces marques proposent de bonnes montres utilitaires à des prix relativement abordables. 

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Mes coups de cœur du Time Fest 2.0 

En regardant les montres qui ont particulièrement suscité mon intérêt, nous trouverons principalement des montres outils. Et la première marque que j’aimerais mettre en avant est Carlingue, créée l’année dernière par Alexandre Voirin, qui travaillait auparavant pour Longines. Le catalogue de Carlingue se concentre jusqu’à présent sur les montres-outils inspirées par les garde-temps militaires de la première moitié du XXe siècle, et propose trois modèles : une plongeuse, une pilote/GMT, et une montre field. C’est cette dernière qui a le plus attiré mon attention, la Military 01 en noir avec son boîtier de 36 mm de diamètre, un calibre Miyota 9039 et un prix de 650€. En continuant sur le thème des montres de terrain, mes yeux se sont dirigés vers la deuxième version de la montre Field de Formex en titane et mouvement suisse qui sortira prochainement en trois coloris et pour un prix juste en dessous des 1000€.

Des montres faites pour explorer notre planète bleue, nous passons maintenant à des pièces faites pour mesurer toutes sortes de choses, les chronographes. Commençons par Lorca déjà citée et sa deuxième collection, la Model No.2 qui existe en trois versions, se présente dans un boîtier de 37 mm, est équipée d’un Sellita SW510 à remontage manuel et coûte environ 2 340€. La nouvelle marque française Dédale sort des starting-blocks en force avec un chronographe automatique, la Waypoint, dotée d’un calibre Seiko NE86, d’un boîtier de 39 mm de diamètre et d’un prix de lancement de 1 220€ (1 750€ en tarif normal). Et lors du salon, la marque a annoncé un tout nouveau et superbe bracelet en acier inoxydable que j’ai bien sûr oublié de photographier ! Enfin, la marque parisienne Neotype et son chronographe polyvalent LM02 Type C équipé d’un calibre Seiko VK64 mecaquartz, d’une étanchéité de 200 mètres qui se vend au prix de 680€.

Probablement parce que l’horlogerie française est profondément liée au monde de l’exploration sous-marine, de nombreuses marques de la mère patrie fabriquent de belles montres de plongée. Et Akrone est une marque dont le catalogue a attiré mon attention et un modèle en particulier : la CO2 Tactik Graphite avec son apparence monochrome magnifique, sa construction robuste, ses index tridimensionnels, un calibre Sellita SW200 et un prix relativement attractif de 749 euros. Et la marque proposait deux nouveautés que j’ai également trouvées tout à fait singulières, bien qu’elles resteront pour l’instant anonymes car je n’ai pas noté leurs noms, mais que vous pouvez néanmoins voir ci-dessous. Une plongeuse plus urbaine au design épuré et une GMT entièrement noire avec un boîtier en fibre de carbone et un luminaire vert qui est vraiment unique et bien fait, et penche plus fortement vers le thème militaire des opérations spéciales, ce qui me convient tout à fait. 

Mais l’horlogerie française ne se résume pas seulement aux montres outils même si la plupart des modèles que j’ai cité plus haut appartiennent à cette catégorie. J’ai eu le plaisir de tomber sur deux marques qui proposent des montres élégantes faites avec des cadrans sur mesure, la Maison Boanton et l’Atelier Caradant. La première propose des montres élégantes de tous les jours, l’Emblème, dotée de cadrans géométriques laqués assortis à des boîtiers coussins entièrement polis, équipés d’un La Joux-Perret G100 et qui coûte 2350€ (très jolie mais difficile à photographier en raison d’un verre saphir très bombé). La deuxième marque fabrique des cadrans à thème et j’ai été particulièrement pris par la Signature Patterns Toile Noir Musou Aiguilles Dorées (quel nom !), dont le cadran ressemble à des toiles d’araignée (pour moi) et qui est complétée par des index et des aiguilles de couleur or. Ce modèle coûte 595€ et est équipé d’un Miyota 9015. 

Une fenêtre sur l’horlogerie française en 2025

Malgré le fait que les marques françaises ne représentaient que la moitié du nombre total de marques exposant au salon, c’était formidable d’en voir une telle variété. Lorsque les amateurs de montres étrangers pensent à l’horlogerie française, ils ont l’impression, tout comme je l’avais un peu compris, que nos marques font surtout des montres élégantes. Et même si c’est le cas pour beaucoup d’entre elles, le fait de voir autant de plongeuses, de montres de pilote et de GMT – même si je ne les ai pas toutes énumérées dans cet article – était rafraîchissant et démontre une fois de plus qu’il y a un intérêt national à revisiter le lien que les marques françaises ont eu, historiquement, avec l’armée et les forces de l’ordre. En d’autres termes, aller à Time Fest 2.0 montre une autre facette de l’horlogerie française que nous ne connaissons peut-être pas et qui, je l’espère, s’exportera mieux au-delà de nos frontières. 

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Le lieu et l’organisation 

Time Fest 2.0 s’est déroulé au stade Matmut Atlantique, au nord de la ville, ce qui est un choix unique pour un salon sur l’horlogerie, mais qui a du sens et qui a apporté une sorte d’intimité contradictoire à l’événement. Un stade est spacieux mais le salon n’en occupa qu’une petite partie, principalement une section du hall principal, une grande salle donnant sur le terrain, et quelques loges au premier étage occupées chacune par une ou deux marques. Parce qu’il y avait beaucoup d’espaces vides autour de nous, et parce que le stade est logiquement à l’écart de la ville, on se sentait bien et un spécial d’être là puisque ce lieu gigantesque n’était destiné qu’à nous, les amateurs de montres. C’était un peu une expédition pour s’y rendre si vous n’aviez pas de voiture, mais le voyage ressemblait à un pèlerinage ce qui ajoutait au charme de l’événement. 

Visite à Time Fest 2.0 à Bordeaux Salon Horloger Français le stade

Peut-être que ce qui suit ne vous semblera pas aussi pertinent qu’il l’était pour moi, mais je voulais dire quelques mots à propos de l’événement lui-même et de la façon dont il a été organisé. Comme nous étions loin de la ville, les organisateurs ont fait venir quatre food trucks qui se sont installés sur le terrain, et même si les files d’attente étaient longues, c’était agréable de pouvoir trouver de la bonne nourriture sans avoir à se déplacer à l’extérieur du site – ce qui n’est pas toujours le cas, croyez-moi. Les tables de la salle principale étaient organisées en forme oblongue, ce qui permettait de se promener facilement et de découvrir les marques, et la salle était lumineuse mais, comme c’est toujours le cas lors d’un salon, l’éclairage artificiel était pénible pour apprécier certaines montres. Il y avait beaucoup de membres du personnel sympathiques qui aidaient les visiteurs. 

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Dernières réflexions

Bien qu’il ne s’agisse que de sa deuxième édition, Time Fest 2.0 a été un succès retentissant et l’un des meilleurs salons horlogers auxquels j’ai eu le plaisir d’assister ces dernières années. Le mélange des marques était intéressant, même si, comme je l’ai dit, il serait formidable l’année prochaine de voir plus de marques internationales, mais l’offre des marques exposées était joliment équilibrée. Je trouve qu’il y avait une montre pour chacun, une marque pour chacun, et j’ai été ravi de voir un certain nombre de visiteurs repartir avec un nouveau garde-temps. Je ne me suis pas trop attardé sur les marques plus établies, mais dans l’ensemble, je dirais que le marché indépendant de l’horlogerie est très diversifié et propose des modèles à différents niveaux de prix qui rend le hobby plus accessibles a un plus grand nombres de personnes.

Time Fest 2.0 était donc une opportunité parfaite de découvrir la diversité du marché horloger d’aujourd’hui. Bravo tout le monde ! 

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