Breguet célèbre en 2025 le 250eme anniversaire de l’installation d’Abraham-Louis Breguet. Et si l’on sait que la marque va en profiter pour présenter quelques merveilles cette année, entre montres inspirées de l’héritage et pièces innovantes, elle commence très fort avec l’introduction de la Breguet Classique Souscription 2025, qui reprend les codes d’un morceau de l’histoire de la maison.
Revenons un instant l’histoire de l’horloger et des montres célébrées aujourd’hui.
HISTOIRE & SOUSCRIPTION
Nous vous parlions il n’y a pas si longtemps de l’histoire de Breguet chez nos amis distributeurs Heurgon.
La situation familiale d’Abraham-Louis Breguet, en particulier le mariage de sa mère (après décès de son père) avec l’horloger Joseph Tattet de Verriers, va mettre plutôt jeune Abraham-Louis Breguet sur l’établi. En 1775 il s’installe Quai de l’horloge avec sa femme, et fonde son entreprise. Il jouira rapidement d’une très bonne réputation, surtout auprès du roi.
Que retenir de lui ? Entre autres inventions et perfectionnement, le système parachute des horloges de Marine, le Calendrier perpétuel, le régulateur à tourbillon, l’échappement à force constante. Dois-je en citer plus ? Breguet a même été un de ceux à perfectionner grandement la montre « perpétuelle », ou automatique, qui avait été instituée par un autre Abraham-Louis dans les années 1755.
La vie à Paris devenant compliquée au début des années 1790 pour qui était proche de l’aristocratie (Breguet fabrique alors des pièces extraordinaires pour toutes les cours d’Europe) l’amène à partir avec femme et enfants en Suisse du côté de Neuchâtel et Le Locle. Il reviendra à Paris au Quai de l’horloge le « calme » revenu en 1795, avec un atelier à remettre en marche et en état, pour prendre de hautes fonctions en charge, et tout son art peut alors s’exprimer grandement, et sa renommée devient internationale. En 1815, sous Louis XVIII, il est nommé fournisseur du Ministère de la Marine, d’où le titre que l’on voit souvent « horloger de la Marine ».
Lors de son retour à Paris, le besoin de vendre davantage de montres se fait ressentir pour faire repartir une machine bien abîmée par la révolution française. La montre de Souscription dont je vais vous parler aujourd’hui est une façon d’y arriver. Pour se faire, Breguet publie une annonce au public, non datée, de la fabrication des montres souscription. A-L Breguet y parle d’usage civil, pour détacher les montres qu’il fait aussi pour l’astronomie et la Marine. Malgré cette inconnue sur la date, on sait que la première montre Souscription apparait dans les registres de 1794 sous le numéro 96, vendue en 1796.
Des montres caractérisées par une grande simplicité, tout en conservant une qualité de fabrication Breguet. Une mono-aiguille navigue sur un cadran blanc en émail à signature secrète (dans la grande majorité des cas, des cadrans guillochés ayant existé), reliée directement au barillet, pièce centrale du mouvement, effectuant une rotation en douze heures. Au sein du mouvement justement, on trouve une grande simplicité de fabrication, visible dans un train de rouages classique et exposé, et un régulateur équipé du célèbre système para-chute (encore une fois dans un grand nombre de cas, mais pas la totalité). L’objectif pour Breguet ? Produire davantage de montres, et faire en sorte que leur entretien, même s’il n’est pas assuré par l’atelier, soit facilement réalisable. Les boites de ces montres avaient à l’origine une carrure en argent à filets d’or, mais on trouvera un peu plus tard (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?) des exemplaires en or. On remarque alors que les carrures ne sont pas nécessairement cannelées mais souvent lisses.
L’idée de la montre de souscription est évidemment d’ouvrir les ventes à un plus large public, donc d’engendrer plus de recettes, mais surtout sans renier la qualité. Comme son nom l’indique, l’acheteur doit verser en premier lieu un acompte (un quart du prix à l’époque) pour que les travaux puissent commencer. Évidemment la montre n’est pas compliquée techniquement, mais elle est précise, est son parachute permet une meilleure résistance aux chocs. C’est une petite innovation de s’adresser de cette façon à des clients potentiels, et de leur prendre un quart du prix pour commencer la fabrication.
Environ 700 garde-temps sont ainsi conçus sur plus de 30 ans.
LA NOUVEAUTÉ BREGUET CLASSIQUE SOUSCRIPTION 2025
Pour la première fois, Breguet présente un mouvement d’architecture Tradition dans une montre-bracelet avec un cadran plein. Incontestablement, ce qui accroche l’œil au premier moment est cette architecture cadran inhabituelle dans une montre-bracelet Breguet. Une mono-aiguilles à pomme évidée galbée et à l’extrémité spécialement longue (histoire de pouvoir être précis lors de la lecture de l’heure). Son galbe est dû au léger dôme du cadran, réalisé en émail grand feu sur base d’or gris, et dont minuterie comme index chiffres arabes ont été réalisés en émail petit feu noir. Des contrastes éclatants, sans oublier la signature secrète Breguet à six heures, réalisée de la même manière qu’il y a 250 ans à l’aide d’un pantographe, ce qui n’a pas été une mince affaire chez Breguet ! Pour « couronner » le tout et sublimer les détails du cadran, Breguet a choisi un verre chevé (pour tous les amateurs de verre de montre, ça se passe par ici), dont Breguet a été un des grands développeurs, afin de proposer une montre la plus plate possible.
Si l’on ne le voit pas au premier coup d’œil, l’alliage de ce beau boitier de 40 mm de diamètre pour 10,8 mm d’épaisseur est bien nouveau. Il s’inspire de « l’or des horlogers », comprendre des alliages utilisés il y a 250 ans pour fabriquer des boites en or, et pour résumer, il part de l’or jaune en y ajoutant une pointe de rosé. Un nouvel alliage baptisé simplement « or Breguet » et qui est un subtil mélange d’or, d’argent, de cuivre et de palladium pour stabiliser le tout. Vous remarquerez que les détails du boiter ne manquent pas, entre des cornes bien dessinées toutes en courbures, et surtout une tranche de carrure brossée, respectant ainsi les Souscription d’origine, et contrastant à merveille avec d’autres parties du boitier polies.
L’autre grand spectacle se trouve au dos du calibre. Tout a été respecté pour retrouver l’architecture d’origine de la montre de Souscription, avec son mouvement à larges ponts se dévoilant à celui qui curieux y aurait jeté un œil il y a 250 ans. Ce mouvement est le nouveau calibre VS00, réalisé en laiton doré de la même teinte que l’or Breguet. Il bat à la fréquence de 3Hz (21’600 alternances par heure) et offre à son porteur avec son grand barillet central une belle réserve de marche de quatre jours, toute en se battant contre les champs magnétique avec son spiral Nivachron. En y regardant de plus près on remarque la beauté et la discrétion d’une finition grenaillée pour les ponts et la platine.
La nouvelle Breguet Souscription 2025 est disponible, dans une série non limitée, au prix de 52,800€. J’avoue avoir été (agréablement) surpris par ce choix de montre afin de commencer cette série anniversaire, mais tout dans cette pièce est d’une subtilité rare et d’une très belle fabrication, comme Breguet sait le faire. Qui aurait pu croire, moins de 250 ans après, qu’une montre pensée par Breguet pour ouvrir ses ventes trouverait une aussi grande cohérence sur une montre-bracelet ?