UNE OMEGA SPEEDMASTER SPATIALE La montre du cosmonaute Gennady Padalka aux enchères

Quand on pense aux très “mythiques” chronographes Omega Speedmaster, il y a Speedmaster, Speedmaster, Speedmaster, et Speedmaster. Laissez-moi vous expliquer. Les plus recherchées sont les Speedmaster ayant respiré l’air spatial, comprendre effectué une sortie “extravéhiculaire”, pour visiter la Lune par exemple, et plus communément pour faire une petite réparation ou des observations en dehors d’une station ou d’une capsule. Juste après viennent les Speedmaster ayant réalisé un voyage dans l’espace, sans contact avec l’extérieur. Les troisièmes sont les Speedmaster de collection et éditions limitées (avec une demande différente suivant les références évidemment) plus récentes, et enfin les dernières celles des collections actuelles.

Si je vous raconte tout cela, c’est parce qu’une Speedmaster de la première catégorie, vous l’aurez compris la plus rare, est mise en vente aux enchères par la maison de vente genevoise Koller le 3 décembre prochain à 17h00. Et cette montre est encore à mon sens plus particulière, puisqu’on s’écarte de l’exploration spatiale ancienne, pour arriver à des années beaucoup plus récentes. Et l’on peut donc dire avec certitude qu’il y a 9 ans, quand j’avais 21 ans, cette Omega Speedmaster était en contact direct avec l’éther spatial.

Pour cette Omega, donc, pas besoin de parler de référence puisqu’il s’agit d’un modèle de 2015, nous nous concentrerons donc rapidement sur la montre, et surtout sur l’astronaute et sa mission.

La montre, donc, une Omega Speedmaster Professionnal de 2005 référence 3570.50.00, est tout ce que nous connaissons de l’évolution du célèbre modèle, ici équipée du calibre à remontage manuel 1861, évolution du calibre 861 lui même digne descendant du grand 321. Un boitier en acier de 42 mm immédiatement reconnaissable par ses anses “lyres”, son insert tachymétrique noir 60/500, et son cadran noir très lisible par son contraste avec les aiguilles blanches, avec petite seconde à neuf heures, totalisateur des 30 minutes du chronographe à trois heures et des 12 heures à six heures. La seule spécificité de la montre tient à son bracelet en tissu spécialement fait pour être porté par-dessus la combinaison et venant avec des pièces de bout particulière.

Voilà pour la montre.

Cette pièce a goûté à l’espace au poignet de l’astronaute Gennady Padalka pendant ses Expédition 43 et Expédition 44 pendant l’année 2015, où il a totalisé plus de 168 jours dans l’espace. Gennady Padalka est un cosmonaute Russe qui n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il est sélectionné dès 1989 et commence à recevoir son entrainement dès lors. Il s’envolera à bord du vaisseau Soyouz TM-28 le 13 aout 1998 pour rejoindre la station Mir deux jours plus tard. S’en suivront plusieurs missions dans l’espace à la Station Spatiale Internationale, avant sa sélection en septembre 2024 pour les expéditions 43 et 44. Le décollage de l’équipage a lieu en mars 2015. C’est d’ailleurs pendant ces missions qu’il battra le record de l’homme ayant passé le plus de temps dans l’espace avec 878 jours ! Record depuis détrôné par un compatriote cosmonaute. Durant ces expédition, Gennady Padalka effectuera une sortie extra-véhiculaire d’une durée de cinq heures et demie consacrée principalement à des opérations de maintenance.

C’est la montre qu’il a porté pendant ces expéditions qui est mise en vente par Koller. Et ce n’est pas tout. On y retrouve également son gant, un de ceux utilisés à l’extérieur pour les opérations de maintenance du 5 août 2015. La cerise sur le gâteau, assez nécessaire pour ce genre de vente aux enchères, se rapporte aux images et vidéo du cosmonaute avec sa montre et son équipement en train de faire sa vie en dehors de la station. Il a aussi écrit une lettre pour en témoigner.

Une pièce d’une rareté infinie donc, bien que banale au premier coup d’œil, dont une des grandes unicités en plus d’avoir été dans l’espace “pur et dur”, est la documentation qui vient avec, prouvant sans doutes qu’il s’agit d’une montre ayant “embrassé” l’espace, la rendant infiniment désirable pour celui ou celle qui en fera l’acquisition chez la maison de vente Koller, avec une estimation à 120.000/180.000 Francs Suisses.