CITIZEN : LA GRANDE HISTOIRE L'épopée de la montre japonaise
Nous fêtons en 2024 les 100 ans de CITIZEN, et plus particulièrement de la première montre à porter le nom CITIZEN. Le moment pour nous de revenir sur une histoire souvent méconnue et pourtant ponctuée de montres folles, d’histoires palpitantes, et d’une puissance aujourd’hui indéniable.
Il faut commencer l’histoire avec le nom de Kamekichi Yamazaki, alors marchand de montre, qui entreprend le tour des États-Unis d’Amérique et de l’Europe. Tout comme la Suisse commençait au tournant des années 1900 à regarder les procédés de fabrication américain et d’industrialisation de l’horlogerie, tout en ne voulant pas sauter le pas de la mécanisation, les Japonais qui importaient beaucoup leurs montres de poche se posent la question d’en faire une force nationale.
En 1918, alors qu’il occupe aussi la belle position de secrétaire général de la coopérative horlogère industrielle et commerciale Tokyoïte, il créé la Shokosha Watch Research Institute. Une entreprise qui participera à terminer le travail d’une pendule assez exceptionnelle destinée au Prince héritier après son couronnement en 1916, la confection de la pièce devenant trop difficile pour ceux qui avaient entrepris. Une pendule de deux mètres à la fonction calendrier stupéfiante !
Quittons cette difficile pendule pour le cœur de Citizen. La première montre de l’entreprise voit le jour en 1924 et il s’agit d’une montre de poche. Des chiffres arabes peints, une petite seconde à six heures et des aiguilles bleuies à pommes évidées. Le mouvement répond à la même simplicité. On n’y trouve pas de chaîne de montre traditionnelle, mais une corde reprenant un savoir-faire de tressage typique japonais.
Le maire de Tokyo d’alors Shinpei Goto est très enthousiaste du projet, et il proposera le nom de « CITIZEN » pour signifier que la marque de montres sera tournée vers les citoyens pour offrir la beauté de l’heure aux plus de personnes possibles. Et c’est ce premier modèle qui donnera son nom à la marque lors de son établissement en 1930.
Mais déjà quand la première montre de poche sort, le Japon sait qu’il a du retard par rapport à la Suisse ou les États-Unis où les montres-bracelet rencontrent déjà un grand succès. Quelques mois plus tard, en 1931, la première montre bracelet CITIZEN F fait son apparition. Une pièce assez dingue par sa simplicité, son inspiration qui fait indéniablement penser à des cadrans allemands des années 1930, qu’il s’agisse de STOWA ou d’autres marques, en rapport avec le bassin horloger de Pforzheim.
L’entreprise grossit, de nombreux investissements sont réalisés et des machines de précision sont achetées et développées pour davantage produire de pièces en interne, ainsi que des instruments de vérification pour la précision et la solidité des montres. Cela va aussi avec un changement de lieu de production vers l’Ouest de Tokyo à Lida.
La fin des années 1940 marquera la présentation importante de la première montre CITIZEN avec seconde centrale, pour s’éloigner de la petite seconde et redessiner le train de rouages. Puis tout s’enchainera rapidement. Des montres à calendrier complet, au début des années 1950, au milieu des années 1950 la « Para-Shock » avec un système pour protéger le balancier et son spiral des chocs extérieurs et garantir une précision constante. D’ailleurs, pour l’occasion et pour faire un peu marketing, Citizen loue les services d’un pilote d’hélicoptère qui laissera tomber de son engin des montres équipées du système.
À la fin des années 1950, de grands progrès sont faits sur la montre étanche avec la Para-Water. Un développement qui fonctionnera de concert avec la présentation de la première montre automatique en 1961. Ainsi plus besoin de toucher la couronne, et moins de chance donc de laisser rentrer de l’eau. Cette fois pas d’opération marketing car Citizen n’a rien fait pour cela, mais le navigateur Kenichi Horie (alors âgé de 23 ans) sera le premier japonais en 1963 à traverser en solo le Pacifique, une montre Citizen au poignet. Le « vrai » test de Citizen sera de créer des petites bouées qui dériveront dans le Pacifique avec une tête de montre et un mot (140 au total) pour prévenir Citizen quand une personne la trouvait, et avec une récompense garantie !
Le début des années 1960 marque une grande avancée avec, plus précisément en 1962, le premier chronomètre Citizen. Le mouvement étant d’un plus haut grade, cela s’accompagne de finitions plus haut de gamme sur le boitier et le cadran. Cela permet aussi à Citizen de mettre en place ses propres standards de chronométrie, car le standard japonais apparait en 1968 et mourra en 1985.
La même année la « Diamond Flake », montre extra-fine, fera son apparition. Il s’agit alors d’une des montres mécaniques les plus fines du monde en 1962.
Le milieu des années 1960 marque un moment important, Citizen introduit la première montre électronique avec balancier et transistor, la CITIZEN X8 peut fonctionner sans arrêt pendant une année complète, ce qui est très fort à l’époque et le résultat de l’utilisation de matériaux innovants comme le platine. En parlant de matériaux, c’est aussi à ce moment-là que les recherches sur le titane (plus léger, avec moins de corrosion, et aussi moins cher que l’or) apparaitront, faisant de Citizen un des pionniers dans le domaine.
Le quartz se placera bientôt en maître avec la première Citizen à quartz en 1973. Malgré ces innovations sur le quartz, Citizen ne lâche pas le mécanique. Les années 1970 seront rugissantes avec le chronographe Bull Head et autres Challenge Timer aux formes.
On ne peut pas continuer sans parler en 1976 de la présentation de la première montre analogique à quartz dont l’énergie provient de la lumière et de cellules solaires présentes sur le cadran : CHRYSTRON. Une technologie dont les calibres ECO-DRIVE seront les héritiers.
Les années 1980 marqueront la professionnalisation des montres, notamment en 1982 avec la Citizen Professional Diver 1300 avec son visage reconnaissable en titane avec 4 vis à l’avant. En 1985 la Aqualand se présente dans la même veine, avec un côté davantage récréative et avec laquelle nous avons grandi, et qui présentait une grande première : un profondimètre non mécanique et précis.
Comme je l’évoquais un peu avant, le nom qu’il faut retenir est ECO-DRIVE. Une technologie qui répond au problème simple de l’énergie dans une montre, ici évidemment dans une montre à quartz. Citizen se concentre sur l’énergie solaire, pour que plus jamais une montre ne nous lâche dans un moment important. Eco-Drive apparaitra dans les années 1990.
Le dernier pilier Citizen est la précision. Et le changement important va avoir lieu quand on va se demander pourquoi la montre ne pourrait pas plutôt recevoir un signal horaire pour la réguler, en gardant en tête que les années 1959 et 1960 horloge atomique au Césium qui devient la norme pour battre la seconde dans le monde entier. La première montre à signal horaire n’est pas une Citizen mais la Junghans Mega 1 en Allemagne et en 1990, calibrée une fois par jour avec un signal de Francfort.
Citizen présentera une montre radio contrôlée avec une antenne de cuivre qui traverse le cadran, capable de recevoir des signaux de différentes stations, en 1993. Et quand Eco Drive rencontre cette technologie, les jeux sont faits ! L’antenne se rendra invisible et discrète par la suite. La suite vous la connaissez, c’est l’utilisation des signaux GPS au milieu des années 2000. Une belle conclusion puisque l’on avait commencé avec une pendule astronomique en 1916 et que l’on finit aussi dans les étoiles !
Laisser un commentaire