CERTINA : HISTOIRE D’UNE MARQUE MÉCONNUE La spécialité des montres de plongée

Tous les amateurs de montre ont, à un moment de leur vie, entendu le nom de Certina. Souvent associé à des montres de plongée et à raison, on en oublierait presque que la marque a eu une vie avant la plongée, avec une histoire intéressante et de multiples rebondissements.

Toute l’histoire commence en 1888 quand les deux frères Adolf et Alfred Kurth démarrent leur activité de fabrication de mouvements et de pièces détachées pour montres à Granges (Grenchen en allemand), en Suisse, sous le nom de Kurth Frères. Au début des années 1900, les premières montres complètes sortent de la fabrique sous le nom GRANA. Une autre marque que les amateurs connaissent, et provient ni plus ni moins de l’héritage de Certina. Grana provient du latin Granacus pour la ville de Granges.

En 1934, une loi Suisse pour la protection et la régulation du marché horloger n’autorise plus la production simultanée de montres complètes et d’ébauches. Le choix de l’entreprise Kurth Frères est de mettre de côté la production d’ébauches et de se concentrer sur la manufacture de montres, vendant les mouvements séparément uniquement dans des cas particuliers. La fin des années 1930 voit le dépôt de la marque Certina avec au départ un objectif précis : en faire une marque de montres de qualité, bon marché, et conserver des produits haut de gamme chez Grana. Une séparation peu stratégique qui verra finalement la survie du nom Certina seulement.

Au milieu des années 1950, la société change de nom pour Certina Kurth Frères SA. La manufacture continue alors de se développer et lance son premier mouvement maison automatique à rotor en 1951. Mais la vraie innovation qui marquera la maison Certina arrive en 1959 avec le système DS pour « Double Security ». Ce système consiste en un joint élastique qui entoure le mouvement dans la boite, lui donnant une position « flottante » pour augmenter sa capacité d’absorption des chocs, ainsi qu’un anneau fileté pour maintenir plus fermement le verre. Ce dispositif vient se coupler au système antichoc « incabloc » de l’époque lui permettant une grande résistance aux chocs mais également une étanchéité accrue à 20 ATM.

La ligne DS devient alors la plus importante chez Certina qui présentera dans un premier temps des montres habillées typiques des années 60. La marque prendra exemple sur Rolex et illustrera les performances de ses montres en équipant des explorateurs et sportifs de haut niveau. Dès 1960 la montre DS prouve ses qualités en équipant l’expédition suisse qui atteint pour la première fois le sommet Dhaulagiri à 8 167 mètres d’altitude, avec Max Eiselin alors qu’il n’a que 28 ans.

Certina et la plongée

Il y aura des montres Certina DS de plongée à partir du début des années 1960, et notamment (on le dit en tous cas) pour la mission Sealab II, avec une immersion à 62 mètres d’équipes de plongeurs, dont le célèbre astronaute Scott Carpenter qui y passera 30 jours consécutifs.

La dernière version de la DS plongeuse sera la DS PH200M, sortie en 1967, les lettres “PH” faisant référence à la Pression Hydrostatique, ici à 200 mètres. On y trouvera alors des cadrans de toute beauté, lisibles et efficaces, reconnaissables par leur cross-hair central, l’aiguille des heures glaive, et la date à trois heures.

Aujourd’hui dans les gammes Certina, on trouve toujours la Certina DS PH200M avec différentes déclinaisons.

Ce seront ensuite les Certina DS-2 qui prendront le relais à partir de 1968 avec la DS-2 500M puis la DS-2 1000M qui est présentée à Bâle en 1970.

Les montre Super DS-2 500 et Super DS-2 1000 correspondent alors davantage à des pièces professionnelles, notamment dans les missions TEKTITE I & II aux États-Unis. La première était une expérience américaine les premiers mois de 1969 à Lameshur Bay, (Ile de Saint John, dans les Iles vierges) avec le concours de la Marine américaine, la NASA (pour le II) et le département américain de l’intérieur, mais aussi l’industrie, dans un contexte de guerre froide.

En résumé, quatre plongeurs ont passé 60 jours dans un habitat laboratoire immergé à 15 mètres sous l’eau, construit par General Electric. Le but était d’observer les comportements sous-marins et la psychologies des différentes personnes, avec un objectif aussi lié à l’espace, dans un lieu confiné. Si je vous raconte ça, c’est parce que les plongeurs ont été équipés avec des montres de plongée Certina, pour une vraie expérience longue.

Nous avons eu la chance d’avoir des pièces originales DS-2 PH500M et DS-2 PH1000M entre les mains. On reconnait ce style de plongeuse avec l’aiguille losange blanche des heures, et l’aiguille des minutes orange. A tous ceux qui diront qu’on n’a pas besoin de date, quand on passe 60 jours sous l’eau !

Aujourd’hui encore, ces pièces ont une place au catalogue Certina.

Je pense à la Super PH500M Sea Turtle Conservancy. Une jolie pièce bien orientée vers le bleu clair, qu’il s’agisse du cadran comme l’insert de la lunette. Le tout dans un boitier en acier de 43 mm de diamètre. Tout en retrouvant les codes de la plongée Certina comme les aiguilles et la touche d’orange pour les minutes.

La Super PH1000M a connu différentes déclinaisons, dont celle disponible actuellement, avec son boitier tonneau très seventies. Un beau diamètre de 43,5 mm, pour un peu plus de 14 mm d’épaisseur, et un prix de 1035€. A l’intérieur, on retrouve le Powermatic 80 que l’on connait bien dans le groupe, qui délivre 80 heures de réserve de marche.

La marque Certina sera absorbé par le groupe SMH (Société de microélectronique et d’horlogerie) en 1983, groupe qui prendra ensuite le nom de Swatch Group en 1998. Depuis, Certina continue de produire des montres, que l’on voit peu sur le sol européen, car une stratégie du groupe de ne pas venir interférer avec d’autres marques aux produits similaires au sein de l’entreprise. Mais ça c’était avant ! Et aujourd’hui, nous espérons vous parler davantage d’une marque dont nous apprécions l’identité.