ROLEX MILGAUSS RÉFÉRENCE 1019 Rolex d'exception à l'Atelier des Tocantes

La Rolex Milgauss me fait souvent de la peine. Aujourd’hui presque oubliée, et sortie de collection cette année même, elle est pourtant une reine à l’histoire mémorable chez Rolex, et si les références récentes peuvent souffrir d’un manque d’intérêt selon les goûts de chacun, les références historiques sont intéressantes à plus d’un égard. Nous avons eu le plaisir de rendre une visite de courtoisie chez nos amis de l’Atelier des Tocantes, pour des explications sur une de leurs montres, la Rolex Milgauss référence 1019, notre pièce favorite de la série Milgauss.

L’origine de la Rolex Milgauss

Le début des années 1950 voit l’apparition de l’organisation européenne pour la recherche Nucléaire, ou CERN, avec pour objectif des avancées sur les particules nucléaires et la physique fondamentale, tout en gardant les bons cerveaux en Europe et avec la volonté d’unifier un territoire martelé après la guerre. Les premiers pas du CERN ont lieu en Suisse au début milieu des années 1950. Tout évoluera très rapidement, le laboratoire du CERN verra le jour en Suisse en 1956, puis au début des années 1970 le célèbre grand collisionneur de hadrons, aujourd’hui l’accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant du monde.

Si je vous parle de toutes ces choses, c’est pour vous faire comprendre que la Rolex Milgauss se développe en parallèle de toute cette effervescence physique. La première Milgauss apparait en 1954 sous la référence 6543 dans des quantités chirurgicales, comme un test avant de lancer toute production d’envergure. Cette première référence possédait une lunette tournante bidirectionnelle similaire à celle de la Submariner récemment née, mais pas encore de cage en fer doux pour protéger le mouvement des ondes magnétiques. Il faudra attendre pour cela la référence qui lui suit presque un an après, la 6541, qui venait ou non avec la lunette tournante spécialement conçue pour la Milgauss, sa célèbre aiguille des secondes signature en forme d’éclair, et surtout une cage en fer doux.

Retournons au CERN. Cette Milgauss a été justement pensée pour les personnes travaillant au quotidien avec des champs électromagnétiques susceptibles de complètement briser la bonne marche de la montre. Le moyen est simple, Rolex conçoit une petite cage en fer doux qui vient recouvrir le mouvement et ainsi protéger les organes de ce dernier des champs magnétiques pouvant aller jusque 1000 Gauss. Pour l’habillage, Rolex choisit un boitier similaire à celui de la Submariner, avec un divin cadran proche du motif “nid d’abeille” noir qui laisse voir de beaux détails comme la mention MILGAUSS peinte en rouge, la fameuse aiguille des secondes éclair, les aiguilles dauphines caractéristiques sans oublier ces index à trois, six et neuf heures facettés en forme de flèche. La lunette aussi était propre à la Milgauss, avec ses repères permettant d’effectuer certaines mesures. Si vous pouviez la voir aussi en version avec lunette lisse, c’est que pendant ses premières années de vie le succès n’était pas au rendez-vous et que son visage changeant radicalement sans la lunette, Rolex espérait augmenter les ventes…

La référence suivante, j’ai nommé la 1019, apparait en 1960, et c’est celle qui nous intéresse tout particulièrement aujourd’hui.

Rolex Milgauss référence 1019

Après les deux références originales de la Milgauss que je viens de vous présenter apparait au début des années 1960 la référence Rolex Milgauss 1019. Elle représente la première grande évolution de la montre des scientifiques. Adieu à la lunette tournante qui sera désormais lisse, le cadran “texturé” fait aussi ses adieux, avec son aiguille en forme d’éclair, pour un cadran au choix argenté brossé (davantage couleur crème dans les éditions plus tardives) ou noir. Comme toutes les évolutions palpables chez Rolex, un nouveau calibre rentre dans la danse : le calibre 1580. Également, et d’après mes observations, il semble qu’en plus d’une cage en fer doux englobant davantage le mouvement, un autre dispositif en forme de croix sur le fond de boite permettait d’ajouter à la résistance magnétique. De nouvelles aiguilles bâtons ont remplacé les aiguilles dauphines des références 6543 et 6541 et on trouve une petite touche de couleur sur la fine extrémité de l’aiguille des secondes. Je ne vous fais pas là toutes les itérations de cadrans différents, mais il y en a eu quelques uns avec de petits détails différents. Retenez-en un à mon avis, très rare celui-là, car pourvu d’un cadran sans matière luminescente. On dit que ces cadrans étaient une commande spéciale du CERN, puisque la radioactivité n’était pas la bienvenue dans l’antre des champs magnétiques…

En ouvrant la Rolex Milgauss référence 1019 proposée par l’Atelier des Tocantes, on remarque plusieurs choses intéressantes. Tout d’abord tout ce qui a trait à l’antimagnétisme, j’entends par là la petite cage couleur métal jaune qui enveloppe le mouvement pour le protéger des méchantes ondes, mais également l’autre petit système intégré au fond de boitier. Autre détail, en plus de lire la référence gravée sur le fond de boite, on y lit aussi, comme cela était le cas jusqu’au début des années 1970, le trimestre de sortie des ateliers, ici III 68 pour troisième trimestre de l’année 1968. On découvre le calibre 1580, un mouvement intéressant car il n’est autre qu’une évolution amagnétique du calibre 1570, lui même fondé sur le bien célèbre 1530 présenté à la fin des années 1950. Il est, tout comme ses confrères, certifié Chronomètre.

La suite verra l’arrêt de la référence Milgauss au catalogue Rolex en 1988 pour une réapparition en 2007, radicalement différente pour sa troisième vie. Une montre au visage résolument changeant, avec son verre aux reflets verts, de nombreuses touches d’orange dont la fameuse aiguille éclair. Une pièce qui a été adorée en même temps que détestée parmi les amoureux de la marque.

Ce qu’il faut retenir maintenant, c’est que la pièce n’est plus au catalogue, et que nous attendons patiemment. Et sinon, pour la magnifique référence 1019, à jamais ma favorite par son cadran argenté brossé et sa touche de rouge, elle est disponible chez nos amis de l’Atelier des Tocantes, au prix de 25.000€. Un prix loin d’être inintéressant au regard des derniers résultats en vente et du marché de manière générale. Mais ça, je vous en laisse juges !