OMEGA DE VILLE CHRONOGRAPHE Nom de code 146.017
Les années 1970 raisonnent avec des années synonymes de progressions techniques et d’essor industriel.
Le marché horloger lié aux montres techniques à vocation professionnelle connaît une activité intense et les innovations de pointe se succèdent. Ainsi les chronographes automatiques sont introduits sur le marché. Les efforts initiés dans les montres de plongée se poursuivent avec l’amélioration de la précision et de la réserve de marche de nos garde-temps.
Le marché des montres professionnelles est dynamisé par les innovations de Longines, Heuer, Rolex et d’autres consorts. Mais ce n’est pas une surprise si Oméga alimente également cet écosystème depuis la fin des années 1950. Ainsi Cousteau adoptera une Seamaster entre autres et Buzz Aldrin une Speedmaster. Enfin, les ingénieurs et employés des voies ferrées porteront des Railmaster résistantes aux champs magnétiques.
Mais que reste-il aux employés de bureau fortement challengés par leur hiérarchie pour mesurer et accroître leur productivité ? Oméga leur proposera la collection De Ville pour palier ce manque. En 1969, année érotique, un Chronographe de ville deviendra l’icône sexy des années 1970.
OMEGA & Le Calibre 930
Vous connaissez tous bien sûr et par cœur l’histoire de la Speedmaster et de ses calibres mythiques, ou tout au moins les deux principaux que sont les 321 et 861. Au milieu des années 1960, Lémania cherche à optimiser son calibre 321. En effet sa masse Lémania 2310 est un mouvement qui reste cher à produire, notamment à cause de sa roue à colonne. En 1968 Lémania propose ainsi un nouveau calibre qui sera la base du calibre Oméga 861 : le 1873.
Les ingénieurs de chez Lémania ont choisi de développer des calibres à complication basés sur le 1873. On trouvera ainsi un calibre avec phase de lune et date – le 1874 – et une version 24h – le 1877. La curiosité mise en lumière dans cet article sera animée par un calibre avec un guichet date dérivé du Lémania 1872 : Le calibre 930.
Ce calibre 930 est donc un calibre avec date à 9h qui aurait été produit aux environs de 1000 exemplaires entre 1970 et 1971. Il animera deux types de montres chez Oméga : les chronographes Bullhead produits à environ 2500 exemplaires en 1969 et les chronographes Oméga De Ville.
Ce mouvement propose deux sous-compteurs : un pour les secondes de la montre à 9h et un totalisateur 30 min pour le chronographe. C’est dans cette disposition qu’une fenêtre date apparaît à 9h. Vous avez bien lu, une fenêtre de date à 9h – une disposition rare dans le milieu horloger. C’est la seule Oméga à ce jour à avoir été conçue dans cette disposition particulière.
Le chronographe De Ville calibre 930 – 146.017 pour les intimes
En 1969 lors de la sortie de la montre les esprits sont divisés. La commercialisation de cette référence n’a certainement pas été facile et la concurrence était rude. Peut-être que la date « semi rapide » n’a pas aidé à convaincre les potentiels acheteurs et continue d’agacer gentiment les propriétaires de ces joyaux.
La montre était proposée en boîtier acier ainsi qu’en plaqué Or 30 microns. Plusieurs cadrans ont été montés pour la version acier : le plus répandu est un cadran blanc, mais il y a aussi un cadran noir et un bleu. Pour la version or seuls deux cadrans étaient disponibles : un blanc légèrement silver et un doré.
Ces cadrans portent à eux seuls l’âme de la montre. Les compteurs de types radial dial rappellent les projets Alaska des Speedmaster. La sérigraphie finement appliquée fait ressortir avec intensité les éléments du cadran. Un signe ne trompe pas sur l’aspect qualitatif de la montre, il s’agit de la matière du logo appliqué et du jeu d’aiguilles qui rappelle celle du boîtier. Ici les aiguilles sont d’une longueur idéale, un régal pour les yeux. La présence d’une échelle tachymétrique sur le pourtour du cadran rappelle le côté sportif du chronographe, un détail séduisant.
Cet ensemble est monté dans un boîtier de 35mm, petit me direz-vous, mais grâce à son ouverture de cadran identique à celui de la Speedmaster, notre perception s’en trouve changée. Elle fait plus grande qu’elle ne laisse paraître. Le reste du boîtier est simple et sans surprise, complétement poli. Aucun brossage n’est proposé à l’exception du fond de boîte marqué « Waterproof ». Néanmoins je ne tenterais pas de baignade avec cette montre étant donné la patine que la plupart des cadrans ont gardé. L’entre-corne de 19 mm s’inscrit dans l’époque de conception de la montre.
Deux types de bracelets ont été proposés : une version acier pour les boîtes acier et une version en cuir de type Corfam pour les deux versions acier et plaquée Or.
La 146.017 qui m’a séduite
Depuis quelques années j’étais à la recherche d’une référence 146.017 mais les beaux exemplaires en acier s’étaient déjà envolés vers des cotes importantes. Les versions acier restantes plus abordables présentent souvent des incohérences dont l’origine est douteuse. Jusque-là peu de montres nous parviennent dans de beaux états. Les versions plaquées sont plus abordables mais sont souvent aussi dans des états moyens dû à un plaquage qui a tendance à s’user sur les parties exposées aux aléas du quotidien.
Chez Joseph Bonnie j’ai eu l’opportunité d’acquérir un chronographe 146.017 plaqué Or qui présente une patine homogène et surtout dont l’intégralité des pièces semble d’origine, un challenge et une occasion rare sur le marché.
Ce chronographe est particulièrement versatile malgré le côté doré. Le cadran argent est plus sobre que la version or. Le diamètre est contenu mais la montre offre une belle présence au poignet.
Le seul défaut réel de la montre est l’absence de date rapide, car nous sommes tellement habitués au confort de cette dernière que mettre à la date une 146.017 demande un peu de calme et de patience.
Cette montre vous l’aurez compris est attachante et propose un charme fou parmi les chronographes vintages. A saisir avant que les cotes prennent la direction de Pluton.