AUDEMARS PIGUET ROyal oak 34 mm Et ses drôles de dames
Audemars Piguet et sa Royal Oak pour femmes. Peut-être vous intéressez-vous à de plus grands diamètres, mais ces montres et leur instigatrice valent largement l’attention. Jacqueline Dimier ne vous dit probablement pas grand chose, et pourtant, elle participe depuis de nombreuses années au design chez Audemars Piguet, depuis son arrivée en 1975. Nous l’avions connu grâce au design fou de la Audemars Piguet Royal Oak Quartz, mais c’est elle aussi qui a développé l’offre de Royal Oak pour femmes, et c’est pour cela que nous avons souhaité lui poser quelques questions sur son parcours et ses années Audemars, avec la sortie cette année de Royal Oak automatiques en 34 mm.
Le moment pour nous de vous présenter ces nouveaux modèles, ainsi que notre interview de Jacqueline Dimier, de ses débuts chez Audemars Piguet en 1975 jusqu’à aujourd’hui.
Audemars piguet royal oak 34 mm
Audemars Piguet présente cette année 4 nouvelles déclinaisons de sa célèbre Royal Oak, en version 34 mm de diamètre et toutes équipées du mouvement automatique 5800 et ses 50 heures de réserve de marche. Adieu le quartz, donc, pour ces nouvelles éditions.
Il s’agit de la première Audemars Piguet Royal Oak en 34 mm équipée d’un mouvement mécanique. Auparavant en effet, et toujours en collection aujourd’hui, existe une déclinaison de Royal Oak en 33 mm équipée d’un mouvement quartz. Aujourd’hui, quatre nouveaux modèles font donc leur apparition dans cette taille, dans des matériaux différents.
Un modèle en or rose & cadran argenté “grande tapisserie” où la lunette a été sertie de diamants, une version or et acier avec le même cadran, ainsi que deux versions aciers dont une présente un très beau cadran bleu-gris “grande tapisserie” qui vient avec sa lunette sertie.
Vous vous dites peut-être par réflexe qu’il s’agit d’une montre pour femme. Je n’en serais pas si sûr à votre place. Pour les poignets masculins plus fins, la montre se porte élégamment. Les diamants resteront une question de goût, vous vous en doutez, mais les proportions de cette nouvelle Royal Oak automatique sont loin d’être ridicules.
Derrière cette nouveauté, et plus largement derrière le développement de la Royal Oak pour femme (et d’autres Royal Oak d’ailleurs) se “tapisse” une grande dame que nous avons eu l’honneur de rencontrer pour une interview. Il s’agit de Jacqueline Dimier, et nous lui avons posé quelques questions.
Quel est votre parcours avant votre arrivée chez Audemars Piguet ?
Au tout départ, j’ai commencé ma carrière de graphiste dans la publicité. Un jour, l’une de mes connaissances m’a demandé de créer une bague. Ce n’était pas prévu dans le programme. Mais je l’ai fait. Les artisans qui ont réalisé ce bijou ont été impressionnés par ma prestation et ont demandé à ce que je puisse travailler un peu avec eux. C’est ainsi qu’a débuté cette nouvelle aventure, par le bijou.
Dans les années 1960, ces mêmes artisans travaillaient sur plein d’autres projets, notamment sur demande des pays émirats, très présents à Genève. Tous les créateurs ont été sollicités – nous n’étions d’ailleurs pas beaucoup à cette époque – pour répondre aux commandes de cette clientèle. Elle souhaitait surtout de la nouveauté, de la créativité mais ne nous donnait pas de brief précis ou de contrainte. Nous pouvions proposer n’importe quoi.
J’ai travaillé avec ces artisans pendant de nombreuses années. Pour me challenger, j’ai décidé ensuite de m’orienter vers l’horlogerie. J’ai travaillé en freelance pendant quelque temps en allant proposer mes produits chez des gens chez Patek Philippe, chez Rolex, chez Vacheron Constantin. J’ai été étonnée mais j’ai rencontré rapidement un certain succès. C’est alors que Rolex m’a demandé d’intégrer leur Maison. J’y suis restée pendant 7 ans.
Là j’ai développé tout une partie de la ligne Cellini entre-autre et j’ai travaillé sur certains modèles Tudor. J’ai quitté Rolex pour un nouveau challenge. C’est à ce moment-là, en 1975, que je suis entrée chez Audemars Piguet auprès du créateur Jean-Fred Meylan.
Je suis restée chez AP pendant 25 ans. J’ai adoré travaillé pour cette marque, une aventure magnifique.
Avez-vous travaillé aux côtés de Gerald Genta ?
J’ai bien connu Gerald Genta avec qui j’ai eu d’excellents rapports. Nous nous sommes toujours respectés l’un l’autre mais je n’ai jamais travaillé avec lui.
Quelle a été votre réflexion lorsque le sujet de la Royal Oak pour femme est arrivé sur la table ?
La Royal Oak homme existait déjà, c’était une pièce magnifique que nous avions d’ailleurs déjà admirée quand j’étais chez Rolex. Son lancement a été un événement important à cette époque, il a marqué toute l’horlogerie. Ce travail-là m’a d’ailleurs fait prendre conscience qu’Audemars Piguet avait la possibilité d’aller plus loin, d’avancer…
En ce qui concerne la Royal Oak pour dame, c’était une mission. Mon prédécesseur ayant quitté l’entreprise, je me suis très vite retrouvée seule aux commandes du département de création d’AP et on m’a demandé, devant le succès de la Royal Oak, d’étudier la version dame. Ce que j’ai fait, d’après l’esthétique de Gérald Genta. Je l’ai bien sûr adapté aux poignets d’une femme.
Je n’ai pas travaillé uniquement sur la Royal Oak bien sûr. Même avec le succès de cette collection, nous n’avons cessé de nous réinventer, d’explorer de nouvelles pistes créatives. Nous sommes partis dans plein de directions. Certaines pistes ont abouti d’autres pas. Mais je suis sûre que vous êtes loin d’imaginer certains projets sur lesquels nous avons travaillés chez Audemars Piguet, mais c’était très enrichissant !
Quel est votre regard sur ce défi, plus de 45 ans après ?
Nous avions certaines contraintes imposées par la direction de la marque, notamment de faire une pièce automatique. Il n’était pas question de faire une version quartz. On travaillait essentiellement sur les mouvements automatiques, réalisés par les hommes et non les machines. Le défi a été relevé.
La Royal Oak Automatique est LA grande nouvelle cette année, pouvez-vous nous en parler un peu plus en détails ?
Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de la voir en vrai. Mais je pense que c’est un produit intéressant puisqu’il s’adresse à des plus petits poignets tout en gardant l’esthétique de la Royal Oak. Cela permet d’atteindre une nouvelle clientèle.
Quelles sont vos références/inspirations quand on parle de design, qu’il soit horloger ou tout autre ?
Alors bien entendu, elles sont très variées. Par exemple, en horlogerie j’ai admiré le travail de Genta, spécialement celui qu’il a réalisé sur la Royal Oak, une vraie petite bombe. J’ai également beaucoup aimé les réflexions d’une Maison comme Patek Philippe. Elle a travaillé sur l’horlogerie à proprement dit en gardant une esthétique très classique. Les modèles sont reconnaissables.
Dans les voitures, je suis une admiratrice de la Jaguar Type E, une ligne ancienne mais tellement parfaite qu’il n’y a plus rien à rajouter. J’aime également Ferrari, Maserati, Lamborghini et Bentley pour son cabriolet.
Dans la mode féminine, j’aime beaucoup YSL, Karl Lagerfeld pour Chanel – c’est un grand Monsieur – et Dior.
Ces marques traversent les modes, les périodes.
En esthétique pure, j’apprécie beaucoup tout ce qui est issue du Japon pour sa sérénité et sa perfection et j’aime beaucoup l’Italie parce qu’elle représente la vie… les couleurs la vie active !
J’aime plein d’autres choses évidemment. Ce n’est qu’un petit échantillon.