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Jaguar MK2 Bourgeoise dévergondée

Berline compacte et luxueuse aux performances sensationnelles, la Jaguar Mk2 est une sportive en tenue de ville. Probablement la voiture idéale pour rouler chic à vive allure.

La voiture de collection polyvalente existe-t-elle ? Celle permettant d’aller tous les matins au bureau mais de s’offrir une virée sur circuit, d’emmener les enfants à la campagne pour le weekend et de séduire belle-maman autant que sa fille. Celle conjuguant confort et puissance, sportivité et habitabilité, sensations et respectabilité. Voilà un cahier des charges drastique. Celui qui été imposé par Sir William Lyons à ses ingénieurs au milieu des années 50 pour concevoir la « sport saloon car » du futur ne devait pas en être bien éloigné.

Jaguar Mark 2

Entre luxe et sportivité : un cocktail bien dosé

Puisqu’il ne s’agissait pas d’y aller avec le dos de la cuillère, les bureaux d’étude de Jaguar ont donc passé tous ces ingrédients au shaker pour composer l’un des meilleurs cocktails automobiles britanniques des années 60. La première berline compacte à caisse autoporteuse de Jaguar (parfois dénommée de manière apocryphe « Mk1 ») apparaît en 1955, avec un moteur 2,4 L.

En 1955, la cylindrée est portée à 3,4L. Mais c’est au salon de Londres de l’automne 1959 qu’est dévoilée la Mk2. Traduire : série 2. A part son matricule, elle ne sera jamais une voiture de deuxième série, de deuxième division, ni même de seconde zone.

La voiture des bourgeois autant que des malfrats

Une seule chose lui sera longtemps interdite : stationner devant les banques dans la City. Dans les années 60, en effet, la Jaguar Mk2 est le véhicule idéal pour une attaque à mains armées. Même si la police britannique bénéficiait aussi de cette élégante monture, les véhicules en dotation, généralement des 3,4L, étaient souvent moins affûtés que ceux des truands qu’il fallait poursuivre.

Pour s’en convaincre, il suffira de revoir avec délectation la scène de poursuite au début du film Robbery de Peter Yates (1967). (lien sur youtube https://www.youtube.com/watch?v=joz-2EL6eFE) Bien avant les constructeurs allemands actuels, Jaguar avait trouvé la recette magique pour faire rêver tout autant le bourgeois que le malfrat.

Une classe à part

A bien des égards, la Jaguar Mk2 a ouvert la voie à une nouvelle classe de véhicules, quasi inconnus à l’époque : la berline compacte sportive de haut de gamme. Bien longtemps avant la BMW M5, et d’autres. Au plan commercial, Jaguar anticipe même les techniques de marketing moderne, en proposant sa voiture au gré d’une véritable gamme, avec trois motorisations (2,4L, 3,4L et 3,8L) disponibles avec des transmissions manuelles, éventuellement équipées d’overdrive, ou automatiques, puis en la déclinant en différentes versions (Type S, 240, 340, puis la 420 qui en sera directement dérivée).

Si les constructeurs de voitures de luxe proposent quelques modèles à quatre portes exotiques, aux performances notables, comme Bristol avec sa 405, Lagonda avec la Rapide, Bentley avec la Continental Flying Spur, ou Maserati avec la Quattroporte, les marques de haut de gamme, comme Rover, conçoivent encore la berline comme une voiture bourgeoise et familiale. Tel n’est pas le cas de William Lyons. Dès les années 50, en greffant son moteur XK dans sa luxueuse et élégante berline MkIX, venait se frotter à ce style de voitures, symbolisé notamment par les puissantes Alvis, Lagonda ou Bentley d’avant-guerre, mais aussi par l’attrayante et moderniste Hudson Hornet américaine.

Le moteur du succès

Le 6 cylindres XK à double arbre à cames en tête n’est peut-être pas le moteur le plus innovant de sa génération, mais sa gloire est servie par des exploits sportifs remarquables, entre records de vitesse (par exemple le titre de voiture de série la plus rapide du monde décroché en 1952 avec 172,412 mph soit 277,47 km/heure par une XK 120), performances sur les circuits (notamment les cinq victoires aux 24 Heures du Mans : 1951 et 1953 avec la XK 120, puis 1955-56-57 avec la Type D) et succès en rallyes (Les trois victoires de Bernard Consten sur Jaguar MkII au Tour de France automobile, ancêtre du Tour Auto actuel, entre 1960 et 1963 ont durablement marqué les esprits).

La version 3,8 L n’est rien moins que la berline la plus rapide du monde lors de sa sortie. Avec certaines versions abritant 220 ch sous le capot, l’honorable commerçant en route vers son cottage du Kent pouvait donc enfiler ses gants de conduite avec l’assurance d’un pilote. Dans la circulation, hier comme aujourd’hui, cet élégant accessoire de mode n’est cependant pas indispensable pour manœuvrer la berline, un peu pesante malgré son grand volant de bakélite à la jante fine. Certains modèles bénéficient d’une direction assistée. Une option enviable, tout comme la boîte Jaguar à quatre vitesses synchronisées à partir de 1965 (plus onctueuse que la rude boite Moss) pouvant bénéficier d’un overdrive, ou le toit ouvrant (dire « sun roof », expression délicieusement optimiste).

Beauté intérieure

Sans afficher le meilleur rapport poids/puissance du marché à l’époque, la Mk2 est immédiatement sur le podium pour le trophée du rapport qualité/prix. La Mk2 se pare bien sûr de tous les atours du haut de gamme, flirtant visuellement avec tous les standards du grand luxe à l’anglaise. Cuir généreux et boiseries et accastillage chromé. Sauf pour le cendrier. Il est intégré à la boiserie du tableau de bord, comme une sorte de tiroir car il n’avait pas été prévu initialement : Sir William n’étant pas fumeur, il ne voyait pas l’utilité de cet équipement pourtant fort prisé à l’époque.

Jaguar Mark 2

En revanche, le mécanisme d’ouverture des glaces de custode arrière, en métal nickelé, est une délicieuse petite pièce d’orfèvrerie, et les ciselures délicates des quatre éclairages intérieurs pourraient valoir à ces plafonniers d’être intégrés à une salle de bain d’une demeure victorienne. Seules les dernières 240 et 340, en fin de production, devront se contenter de sièges en vinyles au lieu du cuir Connoly, et de grilles d’aérations à la place des feux anti brouillard. Ce qui n’est en revanche pas le cas de la version la plus haut de gamme, badgée du très prestigieux écusson Daimler.

Dans ce cas, le confort domine les performances, grâce à un onctueux moteur V8 de 2,5L. Difficile de ne pas trouver son bonheur aujourd’hui, tant les diverses versions de la Mk2 ont eu de succès avec plus de 110 000 voitures produites, même si la cote de ces voitures très désirable reste soutenue, avec une fourchette allant de 25 000 € pour une 2,4L à plus de 50 000 € pour une 3,8L aux meilleures spécifications.

La voiture qui donne le sourire

Avant le punch du moteur, aux sonorités ensorcelantes, ou les performances et le comportement routier, ce qui frappe immédiatement en prenant le volant d’une Jaguar Mk2, c’est le charisme hors du commun de cette voiture. Tant pour le conducteur ou ses passagers que pour le piéton la regardant passer. La Mk2 est indéniablement une voiture qui donne le sourire, d’où qu’on la regarde.

Ses dimensions compactes pour l’époque, quand elle était la « petite » Jaguar en comparaison des imposantes MkIX puis des statutaires MkX ou 420G, en font aujourd’hui une voiture parfaitement à son aise dans le trafic citadin contemporain quand il s’agit de manœuvrer ou de stationner. Bien sûr, son terrain de jeu favori reste la route, où elle avoue sa double personnalité : cette berline musclée est en fait une GT à quatre portes. Sur les longs parcours, elle offre sans fatigue à ses occupants d’enviables sensations de conduite à son pilote. Elle est bienvenue dans tous les rallyes, et elle est éligible à la quasi-totalité des épreuves historiques, où elle se montre toujours aussi performante. Sur circuit, elle donnera du fil à retordre à nombre de ses cadettes.

La voiture de collection polyvalente, celle permettant d’aller tous les matins au bureau mais de s’offrir une virée sur circuits, d’emmener les enfants à la campagne pour le weekend et de séduire belle-maman autant que sa fille, celle conjuguant confort et puissance, sportivité et habitabilité, sensations et respectabilité, existe : elle a été produite entre 1959 et 1967 à Coventry.

Jaguar Mark 2

Merci à Asphalt Classics et à Roman Raetzke pour ces photos, une magnifique automobile qui fait partie de la collection privée du garage.

3 réponses à “Jaguar MK2”

  1. Matt dit :

    Cuir Connolly… 🤤🤤
    Génial ces petits reportages auto!

  2. Lionel dit :

    L’essence de la Jag, avec la Type E. Les actuelles font pâle figure à côté…

  3. Philou32 dit :

    J’ai eu une mk2. J’ai actuellement une type f 3 litres de 381 cv. C’est vraiment une voiture formidable et très attachante également.

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