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EBEL VOYAGER Dans la trousse de toilette de... Serge

Je viens de lire avec attention « Dans le tiroir de… Gabriel ».

Au moment d’écrire, je regarde donc autour de moi. Pas de tiroir. Il faut que je trouve une autre idée. Devant moi, il y a un tableau acheté au Brésil.

Parlons donc de voyage…

1987 : j’ai 23 ans et pour la première fois je monte dans un avion. Il va m’emmener de Paris à Mulhouse. Je me souviens encore de l’émotion ressentie au décollage et du sourire qui ne m’a pas quitté pendant les 45 minutes de vol.

2019 : plus de 30 ans plus tard, j’ai voyagé plus de 380 000 miles en 12 mois, traversant le Pacifique deux fois par mois pour me rendre dans la Région Japon Asie Pacifique dont j’ai la charge.

Le voyage fait partie de ma vie quotidienne. Alors lorsque Jérôme m’a demandé d’écrire quelques lignes sur un objet qui me tient a cœur, je me suis dirigé vers ma valise en alu toute cabossée. Je l’ai ouverte et j’ai sorti ma petite trousse de toilette.

Cette trousse est aussi un objet intéressant – elle est faite dans le tissu des voiles d’Alinghi, le voilier qui a gagné la Coupe de l’America en 2007. Mais c’est une autre histoire …

Dans la trousse il y a une poche minuscule fermée par une fermeture éclair qui m’a toujours donné du fil à retordre. Elle « grippe » et ne s’ouvre pas facilement.

C’est peut-être sa façon de protéger l‘objet dont je vais vous parler : une montre – bien sûr. Celle-ci est cependant différente de toutes les autres. C’est « mon précieux », celle que je ne vendrai jamais, celle que je ne porte que dans des occasions très rares.

Une montre aussi importante dans une trousse de toilette !! Les puristes sont en train de préparer le bucher. Comment oser ! Et si je rajoute qu’elle ne sort que très rarement de cette petite poche – même de retour en Californie, j’en vois certains qui commencent a pleurer.

Pourtant, encore une fois, c’est l’objet le plus précieux que je possède. Alors quel trésor se cache dans ma trousse de toilette ? Une Patek, une Rolex Daytona vintage, une Philippe Dufour Simplicity ?

Bien mieux que tout cela : une Ebel Voyager en acier.

Ebel Voyager

La Voyager a été lancée en 1989. Depuis la marque a connu des hauts et des bas, et n’est – malheureusement – plus très visible de nos jours.

Pourtant, la Voyager a toujours été une de mes « dream watch ». Pendant de nombreuses années chaque fois que j’en voyais une en vitrine, je ne pouvais m’empêcher de m’arrêter et de l’admirer. On appelle ça un coup de foudre. Je rentrais dans la boutique, je l’essayais et je repartais, un peu triste. Trop chère pour moi, jeune diplômé qui n’avait pas encore les moyens de s’offrir une « jolie » montre.

Il a fallu attendre un voyage à New York en 2000, avec Penelope – ma future femme – pour que mon rêve horloger devienne une réalité.

En passant devant une petite échoppe située pas très loin du World Trade Center , je me suis arrêté net. Elle était là, avec son cadran « Planisphère », sa lunette Worldtimer, offerte sur son fameux bracelet acier – un des plus complexe jamais réalisé pour une montre.

Quelques instants plus tard – cadeau de ma belle – elle était à mon poignet.

La valeur d’un objet vient des émotions qu’il suscite. Ici c’était l’amour, l’évasion, l’insouciance.

Après, il y a eu plein de petits et de grands évènements. La petite bovutique new yorkaise a disparu, comme les Tours voisines. Il y a eu des naissances, d’autres voyages, des crises, des moments de bonheur intenses. De la tristesse, des maladies, des déménagements. Une nouvelle vie aux US.

L’Ebel ne m’a jamais quitté.

Vous vous demandez certainement, comment est-elle arrivée dans une trousse de toilette ?

Le 25 Juillet 2000, quelques mois avant notre escapade new-yorkaise, le Concorde s’écrasait sur un hôtel de Gonesse. Au moment de la catastrophe, je m’apprêtais a prendre un vol pour Genève, ou je vivais. Quelques heures plus tard, j’étais sur le site du crash. A cette époque, je faisais partie d’une cellule de crise d’Air France. Le lendemain, Penelope – aussi membre de cette cellule – me rejoignait.

Cet évènement tragique nous a soudé. Il m’a aussi convaincu qu’il me faudrait désormais un porte-bonheur pour voyager.

Ce sera l’Ebel Voyager.

Revenons à New-York.

Au moment de quitter la Grosse Pomme, j’ai préparé mes affaires. La montre était posée à côté de la trousse, dans la salle de bain. J’aurais dû la mettre au poignet. Mais elle s’est retrouvée coincée entre un flacon de Monsieur de Chanel et une brosse à dents. Pourquoi ? Je ne saurai jamais.

Une chose est sûre, cette trousse semblait être évidente.

Depuis, la Voyager est devenue ce talisman qui me protège lorsque je voyage. Pas besoin d’un écrin de transport. Pas besoin de la chercher. La trousse se loge naturellement dans ma valise. Donc pas de risque de l’oublier. C’est pour cela qu’elle n’en sort jamais.

Ebel Voyager

Est-ce pour autant que je n’en prends pas soin ?

J’ai tellement peur qu’elle s’arrête que j’ai acheté depuis 3 autres Voyager pour ne pas manquer de pièces si par malheur le calibre devait succomber.

Depuis 20 ans, elle n’a été révisée qu’une fois. C’était il y a quelques mois, ici au sud de LA.

La lunette semblait bloquée. Je l’ai donc emmené chez le meilleur horloger de la région. Je n’avais jamais été aussi angoissé pour un objet. Je me suis retrouvé dans cet atelier, face à Joe. 

Je lui ai tendu la montre mais j’ai voulu lui raconter son histoire pour être certain qu’il en prenne bien soin.

Il m’a souri, s’est retourné, a ouvert son tiroir et sorti une Ebel Voyager. La sienne.

Depuis nous sommes amis.

Vous voyez, j’ai bien terminé avec une histoire de tiroir …

7 réponses à “EBEL VOYAGER”

  1. Garnier dit :

    Quel bel article!!!!!

  2. Antoine dit :

    Belle histoire agréable à découvrir et modèle que je découvre également, merci.

  3. Nicolas dit :

    Belle histoire pour une belle montre. Ebel, pour moi, restera toujours associée à mon idole de jeunesse, Stefan Edberg. Il en avait une jolie au poignet quand il a soulevé son premier trophée à Wimbledon en 1988.f

    L’entreprise est un peu tombée en désuétude mais force est de constater que c’est une des rares manufactures qui a réussi à créer des modèles intemporels dans les années 80.

  4. Poukram dit :

    Sympa de vous lire !

  5. jihem dit :

    Ah j’adore cette montre… Merci pour ce bien joli texte…. et pour moi aussi, Ebel est associée à un sportif, mais si j’aime aussi le tennis, c’est la Formule 1 qui me vient à l’esprit, Alain Prost portait une Ebel….

  6. Laurent BERNARD dit :

    Bonjour Serge

    Merci pour cette histoire horlogère comme nous les aimons!! Je suis collectionneur de montres et j’ai moi-même toujours affectionné cette montre depuis les années 90 ( Ebel était très en vogue à cette époque là) sans jamais avoir franchit le cap d’en acheter une sans véritable raison( j’en ai loupé une il y a 1 mois chez Bottazzi à Paris…un bel exemplaire à moins de 1000euros)!Etant moi-même un grand voyageur, je vous avoue que votre article m’a remis en selle pour repartir à la recherche d’une Ebel voyager à acheter!
    je vous enverrai bien sur une photo des que j’en trouve une!
    a bientôt
    Laurent

  7. SOLER dit :

    Bonsoir. Merci pour votre magnifique texte. Je viens d avoir 42 ans il y a deux semaines et après avoir aussi beaucoup voyagé pour le travail, me voilà devenu un vrai sédentaire, encore plus accentué avec ce fouttu Covid. Alors, depuis le temps qu elle me faisait de l œil (mon n+2 en avait une lorsque j ai commencé fin des années 90 et je me souviens l avoir essayé à l époque), je viens de craquer pour une Voyager Or/Acier avec mapmonde full set que je vais recevoir dans les prochains jours. et je suis VRAIMENT impatient 🙂

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