Universal Geneve COMPAX Nina rindt Ange ou démon ?

Universal Geneve COMPAX Nina rindt Ange ou démon ?

Alors que le confinement bat son plein, il faut bien faire les tiroirs et trouver quelques beaux objets à contempler et analyser autour de nous. Première épisode d’une longue série aujourd’hui avec une montre exceptionnelle.

Clarifions les esprits d’entrée de jeu, la Universal Genève Compax Nina Rindt n’est pas une “autre” Daytona. Ça serait la cantonner à un état de dépendance que de la réduire à cela. Nous allons donc prendre une longue inspiration, ouvrir grands ses yeux et lire ce qui va suivre sur la vie d’une pièce à l’histoire passionnante.

Entre ange et démon, nous avons déjà fait notre choix.

Pourquoi nina rindt ?

Il est souvent difficile de trouver des informations sur une femme de pilote, tant le rayonnement du mari est puissant. Mais en cherchant un peu, on peut redonner à Nina Lincoln toutes ses lettres de noblesse. Car il s’agissait d’une femme à l’élégance folle.

Après des études à Montreux, Nina fait une carrière de mannequin à l’international et vole sans cesse entre New-York, Paris et Londres à un très jeune âge déjà et se lie par les liens du mariage au célèbre pilote de Formule 1 Jochen Rindt à l’âge de 23 ans. Pas tant un hasard que cela. Les liens de Nina avec le sport automobile lui venait directement de son père Curt Lincoln, lui-même pilote de course finlandais qui remporta un très grand nombre de courses et adoré là-bas dans le grand nord.

Et alors qu’elle accompagne son mari champion çà et là au travers de ses courses folles et périlleuses, on la voit à de nombreuses reprises avec une montre très masculine au poignet, elle que l’on observait aussi avec des petites montres de femmes par dessus la manche de son pull. Un chronographe plus précisément, rien d’étonnant quand on sait qu’elle passait les courses à chronométrer les tours de Jochen.

Un chronographe Universal Genève Compax Mesdames et Messieurs.

Universal geneve Compax nina rindt

Retirons quelques instants la montre du poignet de Nina Rindt.

Plantons le contexte. La montre nait un peu avant la moitié des années 1960. Il y a à mon sens deux traits de son visage que l’on saisit au premier instant et qui font indéniablement son charme. Tout d’abord les aiguilles et leur forme très moderne, qu’il s’agisse des heures et minutes à l’extrémité carrée (me faisant songer à certains vaisseaux Star Wars vu de haut) ou des courtes aiguilles des sous-compteurs taillées comme des allumettes. Et ensuite les cornes stylisées qui font penser à des anses lyres que l’on pouvait trouver sur les boitiers Huguenin Frères de certaines références Speedmaster.

Sa renommée est aussi due à celui qui fait battre son coeur. Le responsable ? Un Valjoux 72 et son mécanisme de chronographe à roue à colonnes. Un mouvement que l’on retrouvait également dans les Rolex Daytona modifié par Rolex toutefois. Un mouvement qui offre à cette Universal Genève le doux nom de Compax selon la définition que nous vous apprenions ici :

On appelle Compax un chronographe dont les 3 sous compteurs (totalisateur des minutes, heures et petite seconde constante) sont disposés de façon symétrique en forme de V, à 3, 6 et 9h. Universal Genève et Zenith toujours, mais aussi Girard Perregaux, ont tous fabriqué des chronographes de cette configuration aux cadrans marqués Compax.

Les Rhabilleurs (Jérôme Burgert)

Ce modèle au cadran blanc et sous-compteurs noirs que l’on appelle donc “Nina Rindt” apparaît sous la référence 885.103/02. Mais à toute montre angélique, correspond aussi son double maléfique sous la référence 885.103/01 bien nommée “Evil Nina” avec un cadran noir et les sous-compteurs blancs. Terrifiante.

Le modèle que nous avons la chance d’avoir dans les mains aujourd’hui est un exemplaire exceptionnel pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle n’a jamais été polie, et on peut le remarquer en observant le fond de boite où le numéro de série nous couperait presque tant il est parfaitement gravé. Tous ses composants sont d’origine, qu’il s’agisse des poussoirs “longs”, sa couronne et ses aiguilles. Sans compter son bracelet en acier d’une provenance certaine Gay Frères.

Son supplément d’âme est clair comme de l’eau de roche, et se rapporte aux sous-compteurs “tropicaux” qui virent vers une couleur confiture de lait. J’aime le tropical, car il permet, par son unicité, d’inventer de nouveaux termes aussi stupides les uns que les autres.

Une pièce exceptionnelle et qui a de la gueule. Elle fait aujourd’hui partie des quelques “graal” que certains essayent désespérément de trouver, en bel état qui plus est. Cet exemplaire, c’est notre ami Clément de Collection Personnelle qui l’a chassé, avant de lui trouver un nouveau propriétaire dont on mesure la joie par l’éclat dans ses yeux.

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