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ferrari F355 Spider Attention, une Ferrari peut en cacher une autre

Est-il bien raisonnable de laisser la Ferrari F355 en vente libre ? La question mérite d’être posée, car sous sa livrée noire bien sage, le petit cabriolet de Maranello cache bien son jeu. Sobre et coquette en ville, elle peut vite dévorer l’asphalte dans un grognement rauque lorsqu’elle est lancée.

Dès la première rencontre, elle avait enlevé le haut. Rester insensible au charme d’une italienne n’est pas donné à tous les messieurs. Surtout lorsqu’il est question d’un gentleman-driver. Surtout s’il s’agit d’une Ferrari. Latine, alanguie sous un frais soleil de mars au détour d’une allée du Bois de Boulogne, cette belle italienne promettait de mettre un peu de piquant sur l’asphalte triste et dégradé de Paris. Mais, la F355 Spider ne se donne pas immédiatement. Elle joue d’abord les timorées. Pour mieux se réveiller ensuite.

Il en a toujours été ainsi. Dès ses débuts, elle avait assumé de ne pas être sur le devant de la scène. Pourtant, grâce à des qualités intrinsèques indiscutables, elle se plaça sous les projecteurs, pour en faire l’un des grands succès commerciaux de la marque. Des atouts qui en font aujourd’hui une voiture recherchée des amateurs de futures classiques. Cette voiture semble vouée au succès, presque malgré elle. Déjà, lors de sa conception, la mission assignée par Luca Di Montezemolo à la berlinette F355 est claire: sauver Ferrari.

Ferrari F355 Spider - Garage Tim Classic

SA MISSION : SAUVER FERRARI

Le temps n’était pas au beau fixe du côté de Maranello à l’aube des années 90. Orpheline de son fondateur –Enzo Ferrari s’est éteint à l’âge de 90 ans, le 14 août 1988 – la marque au cheval cabré n’est que l’ombre d’elle-même. Mal dirigée, la Scuderia ne brille pas en F1. Loin de là. Les pilotes phares, comme Patrick Tambay et René Arnoux se sont retirés et les quelques coups d’éclats de Nigel Mansel ou de Michele Alboreto ne suffisent pas. Si l’arrivée d’Alain Prost, en 1990, redonne de l’espoir, la rivalité entre “Le Professeur” et son coéquipier Jean Alesi sera fratricide. Passage à vide pour l’écurie.

Cela ne favorise pas la vente des voitures de route. La gamme est assez fade et vieillissante, et les modèles sont précédés par une tenace réputation justifiée de piètre qualité de fabrication et de manque de fiabilité. Le prestige du bon vieux gros V12 ne suffit plus à remplir les carnets de commandes.

UN V8 POUR CHATOUILLER LES MOUSTACHES DE LA 911

D’emblée, la nouvelle Ferrari calibre ses ambitions.

L’idée n’est pas de revenir tout de suite en première division face aux supercars et autres grandes GT de l’époque, aux blasons les plus prestigieux, comme Aston Martin, mais bien d’aller chercher, sur son terrain, le best-seller des routières sportives : la Porsche 911. Et, au passage, de faire oublier la décevante 348. Les ingénieurs italiens vont donc faire preuve d’ingéniosité pour concevoir une auto vive et ludique, utilisable (ou presque) au quotidien, avec un comportement routier misant sur l’efficacité. Le châssis est pensé dans ce but, et la voiture sera servie par ce qu’il y a alors de mieux en matière d’aides électroniques et un amortissement piloté.

Bien entendu, la motorisation est le sujet de toutes les attentions. La “petite” Ferrari bénéficie d’un nouveau V8 de 3,5 litre de cylindrée et 40 soupapes, soit 5 par cylindres; ce qui donnera à la voiture son nom (l’équation est plus simple qu’il n’y paraît : Ferrari + 3,5L + 5 soupapes = F355). Une innovation pour la marque. Ce modèle aura une autre particularité technique puisque c’est sur cette voiture qu’apparaît, à partir de 1997, la transmission automatique robotisée “F1”. Placé en position longitudinale centrale arrière, ce moteur de de 380 chevaux ( à 8.250 tr/min) entraîne sans peine la sportive dont le poids ne dépasse pas 1400 kg.

Les performances sont au rendez-vous avec 295 km/h en pointe, 4,7 secondes pour le 0 à 100 km/h et 23,7 secondes pour le kilomètre départ arrêté. Rien à dire pour l’époque. La F355 fait bien jeu globalement égal avec une 911.

SÉDUISANTE DANS SA ROBE GRIFFÉE PINIFARINA

Pour que le plumage soit à la hauteur du ramage, l’usine se tourne vers son plus fidèle carrossier : Pininfarina. Les temps étant difficiles, il lui est demandé de faire preuve de talent pour faire du neuf avec du vieux. L’idée est de redonner du peps au dessin un peu daté et mièvre de la 348, lancée en 1989. Les volumes ne changent guère avec 4,25m de long pour 1,90m de large et 1,17m de hauteur. Le résultat d’ensemble est d’autant plus satisfaisant que le carrossier a minimisé les changements de gabarits. La plupart des panneaux d’habillage et la structure sont quasi identiques à ceux de la 348, permettant une opportune rationalisation industrielle.

Ferrari F355 Spider - Garage Tim Classic

Née sous la forme d’une berlinette, en 1994, la voiture va d’abord être déclinée en évolution GTS, c’est-à-dire découvrable, avec un panneau de toit amovible. Il faut attendre l’année suivante pour voir apparaître la très désirable version Spider.

Ce cabriolet est assurément le meilleur exercice de style de Pininfarina dans cette catégorie. Servi par une robe noire sexy en diable, rehaussée sur l’épaule du blason “Scuderia” et contrastant avec un très bel intérieur en cuir clair “Cuoio”, l’exemplaire de cet essai, proche de la perfection, est particulièrement désirable.

UNE VOITURE AMBIVALENTE MAIS UNE FERRARI POLYVALENTE

A bien des égards, la F355 Spider est une auto surprenante et ambivalente. Discrète, élégante et menue, elle n’est certes pas la plus flamboyante des Ferrari. Pourtant, son charme, sa personnalité faussement sage, son chic discret, avec juste ce qu’il faut d’agressivité pour ne pas être vulgaire, en particulier dans une livrée sombre comme le Spider noir de cet essai, en font une auto très facile à vivre en ville et très actuelle. De même, son comportement routier, joueur et agile, la rend très contemporaine et aisée à conduire même pour un novice.

Ce qui est plus déroutant, c’est l’absence cruelle de couple à bas régime. Bien que la voiture ne soit jamais lourde, elle semble placide à petite allure. Comme si elle était timide. Un sens de la pondération qui peut vite se transformer en qualité lorsqu’il s’agît de rouler dans un environnement urbain surveillé, ou même de se lancer dans un paisible trajet au long cours. En revanche, dès que l’aiguille dépasse les 5000 tours, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Le V8 s’ébroue alors. La diva italienne se lance dans des vocalises envoûtantes, un rien rauques, servies par la formation des cuivres: les quatre trompettes d’échappement. Décapoté, le Spider offre deux fauteuils d’orchestre aux mélomanes de la marque. Le tout accompagné par un sursaut de puissance remettant vite les idées en place . Il s’agît bien d’une voiture de sport.

La dualité de cette voiture s’en trouve renforcée. Elle cache bien son jeu et ne fait offense ni à sa lignée mécanique ni à sa généalogie luxueuse. Elle peut revendiquer ses armoiries. Evidemment, il convient néanmoins de ne pas regarder de trop près les dessous de la belle. Comme sur la plupart des Ferrari, en particulier des années 80 à 2000, les finitions peuvent être très approximatives pour un véhicule de ce prix – la F355 était facturée à partir de 735 000 francs à l’époque – et les accessoires, en particulier les plastiques ordinaires, rappellent vite que la grande dame est d’une famille comptant, du côté de Turin, des cousines bien plus plébéiennes.

Faut-il lui succomber ?

De la patience et du discernement sont donc nécessaires pour envisager l’achat d’une F355. Sauf à vouloir différer les dépenses et multiplier les coûteuses factures d’entretien, il n’est pas indiqué de descendre sous la barre des 50 000 euros pour une Berlinetta, 60 000 pour une GTS, et autour des 80 000 pour un Spider. Se méfier des prix cassés, des kilométrages élevés (au-dessus de 120 000 km) et des dossiers de factures clairsemés relève de l’élémentaire prudence.

Ferrari F355 Spider - Garage Tim Classic

Pour rester raisonnable, il ne faudrait surtout pas prendre le volant d’une F355, surtout en configuration Spider. Le risque d’addiction est bien trop grand. Tentatrice, la sportive italienne se fait immédiatement enjôleuse et son tempérament fait vite oublier ses petits défauts. Pour l’amateur décidé à entrer dans l’univers Ferrari, c’est assurément l’un des meilleurs choix aujourd’hui. Grand succès commercial, avec plus de 11 200 voitures produites, toutes versions confondues, la F355 n’est pas une voiture rare, surtout en rouge. Mais, en choisissant bien son exemplaire, il est possible d’en faire une auto originale et de caractère. Encore une ambivalence. C’est particulièrement vrai de ce Spider noir, capable d’attirer tous les regards.

Remerciements à Guillaume Timonier, fondateur du garage TIM Classic à Courbevoie pour sa confiance et le prêt de cette belle auto, actuellement disponible à la vente chez eux.

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