Patek Philippe et ses sportives Une course qui s'essouffle ?

Patek Philippe et ses sportives Une course qui s'essouffle ?

J’ai récemment été saisi en apprenant le tarif d’une montre que j’aime tout particulièrement : la Patek Philippe Aquanaut référence 5066A en 36mm. Un modèle iconique au charme fou qui nécessite aujourd’hui un investissement de plus de 25.000€ pour l’avoir à son poignet.

Alors que la liste d’attente de la Nautilus n’est qu’un mirage et que son prix en seconde main s’envole parfois à 3 fois sa valeur neuve sortie de boutique, certaines personnes se sont ruées sur l’Aquanaut faisant ainsi exploser sa cote. Dura lex, sed lex.

Que s’est-il passé ? Retour sur l’Aquanaut, avec le regard avisé de notre cher Grégory a.k.a Le Guide des Montres.

Patek Philippe Aquanaut : un brin d’histoire

Avant de vous parler de cette pièce sur le marché de l’horlogerie, laissez-moi revenir un instant sur son histoire “récente”.

La Patek Philippe Aquanaut apparaît en 1997 sous les références 5060A en acier et 5060J en or jaune. Au départ proposée en édition limitée à 1000 pièces proposée en 36mm, elle devient la première Patek a être équipée d’un bracelet rubber.

La première Aquanaut de série (non limitée) prendra la référence 5066.

Selon Grégory (Le Guide des Montres), l’Aquanaut aurait été un projet “avorté” d’une demande spéciale de l’Arabie Saoudite pour certains corps de l’armée. Elle reprendrait d’ailleurs certains traits de design d’une grenade. On le remarque évidemment sur le cadran et son guilloché “bombé”, qui en reprend exactement la même forme.

Le genre d’anecdote que l’on adore.

Dans les moments qui suivirent, la référence “Jumbo” 5065A en 38mm fit son apparition en tant que montre de série chez Patek. Elles est remplacée en 2007 par la référence 5167A et ses 40mm de diamètre et en 2017 vient le tour de la 5168 en or gris avec ses 42,2mm.

Différence majeure : son cadran et en particulier son guilloché est moins bombé et beaucoup plus plat.

Dans toutes ses occurrences, les mêmes caractéristiques : une boite qui alterne les finitions satinées/polies, une lunette octogonale au brossé vertical sur le dessus / poli sur les angles, un cadran noir glossy guilloché où vivent des chiffres arabes en applique rappelant la texture et les motifs du bracelet rubber.

Elle a beaucoup pour plaire, soyons clairs. Selon les mots du Guide des Montres, l’Aquanaut est “simplement compliquée”. Il faut l’avoir en face des yeux pour constater les détails de finitions de sa boite, de sa lunette, le galbe très particulier de ses cornes.

Quant au mouvement : il est similaire à celui de la Patek Philippe Nautilus.

En résumé, c’est un peu une déclinaison sport de la Nautilus, qui est déjà la sportive de chez Patek Philippe.

Patek Philippe Aquanaut : le marché s’affole

Pour quelles raisons observe-t-on une folle augmentation des prix, et une inaccessibilité à l’Aquanaut ?

Je pense que la raison principale ne peut être indépendante de la bulle qui s’est installée autour de la Nautilus. Quand je dis “bulle”, cela signifie que pour des raisons complexes, le prix d’un produit s’est mis à grimper de manière exponentielle, étant totalement déconnecté de sa valeur intrinsèque et désormais fondé sur la croyance que son prix sera plus élevé demain.

Ajoutez à cela un peu de mimétisme euphorique et collectif, l’équation de la Nautilus est toute trouvée.

L’évolution des prix de marché de l’Aquanaut y est donc liée.

Plus simplement, son attrait s’explique toujours par le fait qu’il s’agisse d’une Patek Philippe, sportive, en acier de surcroit. Une montre que l’on a envie de porter tous les jours, dans toutes les situations, que l’on soit en dinner suit ou en jean/ T-shirt blanc.

Vous l’aurez compris, elle est complètement dans son époque.

De surcroît, la Nautilus est devenue (comme l’Aquanaut) inaccessible en boutique, où l’on fait miroiter des listes d’attente de 7 ans à des premiers clients Patek tout comme à des clients de plusieurs décennies.

Pas étonnant alors que l’Aquanaut soit devenue une forme de nouvelle Nautilus dans son attractivité. Moins chère en seconde main, c’est aujourd’hui elle qui déchaine les esprits.

Désormais, on trouve des versions 36mm (référence 5065A) à autour de 25K€ et des versions 38mm (référence 5165A) entre 30 et 35K€. Les versions modernes (référence 5167A) s’échangent entre 35 et 40K€. Pour un modèle, rappelons le, au prix boutique de 17.900€.

De mémoire de marchand, Grégory se souvient avoir eu beaucoup de mal à vendre une Nautilus 5167A avec sa boite et ses papiers pour 12.000€ en 2012. Alors qu’il n’eu aucun souci à acheter une référence 5065A en 2007 pour 4.500€. Les temps ont changé.

Conclusion : il faut se calmer

Il faut se détendre. A quel instant avons-nous perdu pieds ? Certes ces pièces sont belles, leurs dessin et courbes sont exceptionnels, mais à quel moment pouvons-nous dépenser entre 30 et 70K€ pour des montres en acier Heure/Minute/Seconde/Date sur bracelet acier ou caoutchouc ? C’est la vrai question à se poser. Et c’est ici que la bulle s’explique.

Certes les lois de marché sont ce qu’elles sont, et la demande croissante (ainsi que l’euphorie collective de croyance éternelle en un prix toujours plus élevé) a fait s’envoler les prix, mais de nombreux propriétaires de ces charmantes pièces trouvent la tendance ahurissante.

Ce qui est le plus intéressant est ce qui se profile selon Gregory : un début de baisse du marché de la Nautilus. La raison ? Les prix étant devenus totalement déconnectés de tout sens, de nombreux propriétaires commencent à vouloir vendre et certains marchands n’en achètent plus de peur de se laisser surprendre.

Quand tout le monde vend en même temps, c’est rarement bon…

Est-ce que l’Aquanaut se verra touchée par cette possible baisse de prix de la Nautilus ? C’est tout a fait probable, compte tenu de leurs liens très forts.

En tous cas, nous pouvons espérer un retour à des considérations plus rationnelles pour ces beaux produits, qui leur rendrait toute leur superbe.

Les prochains mois nous le diront.

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