NAN of Fife : Un trait de crayon sur l’océan
L’histoire et le film que nous allons vous présenter aujourd’hui intègrent tout ce que j’aime : une belle histoire d’Homme et des témoignages de ce que sa main a fait de plus abouti. Un bateau magique aux lignes épurées dessiné par William Fife, tel un trait de crayon qui survole les flots, et une Portugaise chronographe de Schaffhausen qu’on ne présente plus, aux lignes elles aussi résolument fluides…
Je vous propose de découvrir en son et en images l’histoire de Nan et de Philippe Menhinick, celui qui a fait renaître de ses cendres le plus ancien plan Fife naviguant aujourd’hui…
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NAN of Fife : Une histoire d’Homme
William Fife, surnommé en son temps Fife Jr, n’a de junior que le nom et le fait d’être né dans une famille au sein de laquelle il ne fut pas le premier architecte naval. Considéré par beaucoup comme le Da Vinci écossais de la construction de ketch à la fin du 18ème siècle, c’est lui qui posa les lignes de Nan et le fit sortir en 1896 des fameux chantiers navals de Fairlie, 2 ans avant le célèbre “Pen Duick” d’Eric Tabarly.
Le premier propriétaire de NAN, un certain Thomas Burrows, ne le garda pas longtemps, lui préférant quelque chose de plus facile à naviguer, de plus familial dirons-nous, comme s’il eut oublié lors de sa commande qu’un yacht classique de 20m au pont et doté de 306 m² de voiles n’a jamais eu pour but d’être un bateau de plaisance…
L’histoire ne mentionne pas les propriétaires successifs jusqu’à un certain George Henry Menhinick, propriétaire de ce magnifique yacht à partir de 1948. Ne pouvant plus en assurer l’entretien quelques années plus tard, même après que sa femme ait vendu sa bague de fiançailles, il le vendra à regret en 1952.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, ce qui aurait été bien dommage…
Près d’un demi-siècle plus tard, en 1998, c’est le petit-fils de ce dernier qui lui rendra sa superbe.
Voilà comment…
NAN of Fife : Une histoire de restauration
C’est lors des balbutiements d’internet en 1998 que Philippe Menhinick découvre une annonce présentant un voilier tronqué, en mauvais état et ayant subit d’importantes modifications, en vente au Cap d’Agde. Une photo de l’arrière du voilier laisse apparaître les trois lettres du nom du bateau : Nan. Un nom familier, sans vraiment savoir pourquoi. Le souvenir d’un vieil album de famille, d’un grand-père anglais, sans en avoir la certitude.
Retrouvant les vieux albums de famille ainsi que les anciens coéquipiers de son aïeul et jusqu’aux registres de la Lloyd’s, Philippe a enfin la certitude qu’il s’agit non seulement du bateau ayant un jour appartenu à son grand-père, mais que ce dernier fut dessiné et construit par William Fife.
Pour un passionné, ça fait beaucoup et une telle découverte ne se relais évidemment pas au second plan. Phillippe fait l’acquisition du voilier, vendant voiture et maison pour réunir la somme nécessaire. Osé, passionné, entier.
Ce n’était que le début de l’aventure.
Retrouvant avec beaucoup d’abnégation et un peu de chance les plans originaux de Nan dans un petit musée maritime écossais, il avait désormais toutes les cartes en main pour restaurer Nan, tel qu’il était à sa sortie des ports de Fairlie en 1896. Toutes les cartes sauf le budget pouvant couvrir la somme astronomique demandée par les chantiers écossais pour les travaux nécessaires…
NAN of Fife : Une histoire de passion…
La restauration ne pouvait donc se faire via les circuits traditionnels. Ce qui n’arrête évidemment pas Philippe qui décide alors de créer son propre chantier et s’entoure de 3 personnes : un charpentier de marine, un aide charpentier, et un ébéniste. C’est donc dans un hangar loué à un agriculteur de Saint Coulomb que le chantier démarre.
L’ancêtre de “Pen Duick” est dans un sale état et il faudra 2 ans de travail à toute l’équipe pour que le bateau soit à nouveau prêt à naviguer.
Le voilier est aujourd’hui resplendissant, il s’est vu offrir les matériaux les plus nobles : pont en pin d’Oregon, espars en épicéa, bordés en acajou. Le carré est d’origine ainsi que les claires-voies et la descente.
Les aménagements intérieurs ont quant à eux fait l’objet de tous les soins du maître ébéniste : les panneaux et meubles sont restaurés ou reconstitués avant d’être vernis. C’est la face immergée du bateau qui a repris forme jusque dans les moindres détails.
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Le plus beau dans cette histoire, mis à part évidemment le voilier qui retrouve toute sa splendeur, est que sa vie, sa survie, ne dépend aujourd’hui que de passionnés qui inlassablement se relaient afin que NAN le magnifique survole aujourd’hui les flots comme au siècle dernier.
Ici pas de skipper de renommée internationale, payé rubis sur l’ongle par de fortunés mécènes mais des coéquipiers, des amis, tous d’excellents navigateurs, qu’ils soient Capitaines de navires de commerce maritime ou qu’ils soignent des yachts de plaisance. C’est bien cette passion qui les animent qui leur a fait gagné à plusieurs reprises depuis bientôt 20 ans les plus fameuses régates de voiles classiques, des célèbres voiles de Saint-Tropez aux Régates Royales de Cannes.
Des accomplissements, un plaisir et un partage inégalable pour ses marins souvent plus heureux en mer que sur terre. Merci encore d’avoir partagé avec nous l’histoire de NAN et cette journée en mer…
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IWC Portugaise : L’Homme et la Mer
Si c’est une IWC Portugaise qui accompagne cette aventure en mer, ce n’est pas un hasard. Si elle est tant à son aise non plus d’ailleurs. Ce n’est pas une montre de plongée évidemment, c’est bien une montre de navigateur. Son histoire est intimement liée à celle de la navigation puisque la première Portugaise, qui n’était pas une montre chronographe mais un chronomètre de marine pour le poignet n’était autre qu’une commande de deux navigateurs portugais ayant fait le chemin jusqu’en Suisse.
Les lignes fluides de ce chronographe ainsi que la symétrie et la grande clarté qui se dégagent de l’ensemble en font un chronographe “maritime” aux antipodes de la majorité des chronographes de pilotes et leurs multiples échelles. Nous les aimons aussi beaucoup, ne vous méprenez pas, il seraient simplement moins à leur place sur un voilier classique de cette envergure.
Quant aux marins parmi vous qui me feront remarquer très justement qu’à la vue de la force qu’il faut savoir déployer sans winch pour se faire mouvoir les troncs d’arbres auxquels sont accrochés plusieurs centaines de mètres carrés de voilure, une G-Shock serait plus appropriée, vous avez raison.
Vous avez raison mais je persiste tout de même. Si les manoeuvres à bord peuvent être d’une rare intensité, c’est bien ce type de sortie qui permettra à votre Portugaise, d’ici 5, 10 ou 20 ans, de vous rappeler vos meilleurs souvenirs…
MAGNIFIQUE RÉALISATION !