Photographie : Entre montres & portraits, quelques conseils pour bien s’y prendre
Si l’article d’aujourd’hui parlera évidemment de montres, il s’y attardera sous l’angle de la photo. Les réseaux sociaux, concours photos et tout l’univers du numérique font évidemment la part belle aux photos et aux visuels qui toujours plus travaillés, se doivent de nous aider à faire fonctionner au mieux notre imaginaire et de remplacer temporairement ce contact physique avec l’objet que nous n’aurons a priori jamais au travers d’un écran.
Seulement voilà, il ne suffit généralement pas de regarder sa montre à travers la petite lentille de son téléphone et d’appuyer sur “Snap”. Voici donc quelques conseils, que vous soyez marchand ou particulier, collectionneur ou simple amateur ayant envie de créer de beaux visuels, ou pourquoi pas, qui sait, de participer à notre Concours Photo Joseph Bonnie.
Photo : Le matériel
Oui, les dernières générations de SmartPhones peuvent faire de belles photos
J’ai été photographe et je le suis certainement toujours un peu. Je ne dénigrerais pas pour autant, surtout pas même, les capacités des dernières générations de “téléphones / appareils photos / ordinateurs” de plus en plus complexes à qualifier à l’aide d’un seul mot. Les performances de certains sont impressionnantes compte tenu de la petite taille de leurs capteurs. De toute manière, l’oeil du photographe, la lumière, son cadre et l’instant auquel il décidera de déclencher feront toujours bien plus que le matériel. Surtout aujourd’hui.
Tout ça pour dire, en toute honnêteté, qu’il n’y a même plus besoin d’avoir un appareil pour s’envoyer de beaux souvenirs instantanés par SMS ou par mail, et même parfois de les exploiter sur un support digital.
Pour ce qui est de ce que j’appellerais la “vraie photo” (pointe de snobisme oblige, motivée ici par l’amour des tirages papiers et du respect pour l’apprentissage du métier de photographe), je vous conseillerais cependant de vous orienter vers autre chose…
Pour faire de la vraie photo cependant : Le reflex numérique
Si l’ambition et la motivation autour de la création d’une photo vont plus loin que l’envie de partager un moment sur votre téléphone, il y a d’autres options bien plus pertinentes qui vous permettront non seulement d’avoir un maximum d’informations au sein du fichier pour de belles améliorations, mais aussi et surtout de pouvoir tirer ces photos qui vivront bien plus heureuses une fois mises en valeur encadrées ou dans un album que sur un disque dur.
L’argentique évidemment, reste la technique reine des souvenirs qui vieillissent et se patinent, mais nous n’en discuteront pas dans l’immédiat étant donné que cette technique est moins accessible financièrement aujourd’hui et demande un réel apprentissage et une expérience bien plus poussée que celle requise pour la bonne utilisation d’un reflex numérique.
Nous ne couvriront pas non plus aujourd’hui toute l’offre des boitiers “compacts“ et “bridges” dont on ne peut pas changer les objectifs. Il y a des choses très biens, certes, mais qui restent souvent, en terme d’utilisation, pas beaucoup plus évolutives que l’appareil photo intégré de votre iPhone.
Justement, c’est ce reflexe numérique, aujourd’hui accessible à tous, qui a depuis de nombreuses années démocratisé la photographie dans les foyers, Dieu merci. Il n’est d’ailleurs nulle obligation d’acheter le dernier boîtier 5D Mark IV à 2500€ et de rentrer chez soi sans objectif. Of course not.
La course aux pixels n’a aujourd’hui strictement plus aucun intérêt si ce n’est pour le photographe qui aura comme mission de recouvrir un immeuble de 30 étages. Sinon, on se concentre donc sur ses objectifs, sur un autofocus assez rapide et sur un bon moteur sachant que tous les reflexes de moins de 5 ans Canon ou Nikon ont tous d’excellents capteurs.
L’optique est donc clé. Pour la photo de montre pure il y a deux approches principales, la nature morte ou “packshot” et la photo portée qui s’apparente davantage à la photographie de mode.
Oubliez d’ores et déjà les optiques que les constructeurs fournissent avec les packs promotionnels, un 18-55mm qui n’ouvre pas à moins de f/3,5 n’a jamais rendu personne heureux. A vouloir tout faire, on ne fait rien de bien.
Choisissez au contraire ce que nous appelons communément les “focales fixes” de 35mm et 50mm qui à défaut d’être dotées d’un zoom optique, (la plupart d’entre nous avons encore la chance d’avoir nos deux jambes, donc pas un vrai soucis) vous permettra de capter un maximum de lumière, se rapprochera davantage de la focale de l’oeil humain (donc sans déformation des objets et de leurs proportions).
Pour ce qui est d’effectuer un voyage à l’intérieur des cadrans, un objectif “Macro” s’imposera afin de pouvoir se rapprocher au plus près de ces petit objets. Les 50mm et 100mm donnent de particulièrement bons résultats.
Compact et performant : Si vous en avez les moyens il y a l’arme ultime.
Il fallait pendant longtemps, à l’air numérique, choisir entre performance et légèreté, entre partir en mission avec un capteur plein format et 5 kilos de matos ou être détendu, petit boîtier à la main et regard affuté.
Ce n’est aujourd’hui plus nécessaire. Nous en avons testé plusieurs, Olympus, Fuji, Lumix et bien évidemment le graal de beaucoup : Leica. Leica est un peu à la photo ce que Porsche est à la voiture : une vraie référence sur laquelle on peut compter. Capteurs plein formats et optiques d’une qualité exceptionnelle, il s’agit pour ma part de ce qui se fait de mieux aujourd’hui en numérique.
Certes le ticket d’entrée n’est pas à négliger, mais la facilité déconcertante d’utilisation du boîtier et les résultats qui allient à la fois précision du piqué et douceur du flou de l’objectif ainsi qu’une restitution des couleurs incomparable font toute la différence. Bonus, les résultats en basses lumières sont tout simplement inégalables. Jugez plutôt…
Photo : Un tout petit peu de technique
Une fois votre appareil en main : it’s time to go out there ! Voici venu le moment de pointer votre regard sur le monde où cette montre que vous voulez mettre en valeur, 3 éléments principaux interviennent alors : le cadre, la lumière, et “l’instant décisif“.
Le cadre et la composition
Le cadre définit les limites de votre photo, la surface sur laquelle vous allez pouvoir vous exprimer, votre oeil. Tout ce que se trouve dans ce cadre à l’instant où vous déclencherez existe, tout ce qui se situe en dehors n’existe pas. Il va donc falloir faire des choix.
Premier plan et arrière plan, position du sujet principal dans le cadre, perspectives, couleurs et textures, tout a son importance dans la composition de votre photo. Si l’action de “prendre une photo” peut se résumer à l’action de déclencher l’obturateur en appuyant sur un bouton, le fait de “faire des photos” est un peu plus complexe et réfléchit.
La lumière
De part l’analyse même des racines grecques du mot “photographie” on se rend compte que la lumière fut au coeur de la création de cet art : “photos” , la lumière, la clarté ; “graphein”, écrire, peindre. Tout est dit.
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“Photographier, c’est peindre avec la lumière. Sans lumière donc, point de photo.”
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Afin de capter au mieux cette lumière ambiante, outil principal de votre écriture, vous aurez la possibilité de jouer sur 3 facteurs que sont l’ouverture (Aperture), la vitesse de l’obturateur (Shutter Speed) et les ISO.
L’ouverture du diaphragme
L’ouverture se réfère aux lames de l’objectif, plus ou moins ouvertes à l’instant ou le miroir va se lever et laisser passer la lumière. un petit peu à la manière des spirales du canon de l’arme pointée sur James Bond lors des séquences d’ouverture. Vous allez comprendre.
La partie noire représente le canal qui laissera passer la lumière à l’instant décisif. Plus il est large (ouvert), plus vous capterez de la lumière et plus votre arrière plan sera flou ; plus il est étroit (fermé) plus votre image sera nette sur ses différents plans et moins vous capterez de lumière.
Pour résumer :
f/1,4 = Très ouvert, beaucoup de lumière, arrière plan très flou
f/22 = Très fermé, très peu de lumière, photo très nette dans l’ensemble du cadre
La vitesse d’obturation
Egalement appelée temps de pose ou durée d’exposition, elle correspond à la durée de l’instant durant lequel l’obturateur va laisser passer la lumière pour initialement exposer la pellicule, aujourd’hui le capteur numérique. Plus le temps de pose est long, plus la lumière aura le temps d’exposer le capteur et plus une action en mouvement sera floue. Au contraire, un temps de pose très court figera une action en mouvement mais nécessitera beaucoup de lumière.
Pour résumer :
1/60s = lent, lumineux, ok pour sujet statique à main levée
1/400 = Court, plus sombre, mais fige l’action en mouvement
Les ISO
Les ISO correspondent au troisième pilier de l’exposition et contrôlent la sensibilité du capteur à la lumière. Plus les ISO sont élevés, plus la sensibilité est accrue mais plus l’image aura du grain, du bruit, une moins bonne définition pour résumer. A utiliser en cas d’urgence uniquement si les conditions le demandent. L’idéal étant évidemment d’utiliser au minimum ce “captage” artificiel de la lumière et d’utiliser en priorité les deux autres armes à notre disposition que sont l’ouverture et la vitesse.
Pour résumer :
ISO 100 = Idéal, car image très nette mais peu de sensibilité, donc bonnes conditions lumineuses nécessaires
ISO 2000 = Haute sensibilité à la lumière pour les conditions difficiles, mais apparition de bruit sur les images
“L’instant décisif”
Sans se prendre pour Henri Cartier-Bresson, il est facile de remarquer que le monde ne s’arrête pas de tourner parce qu’on se décide enfin à vouloir l’immortaliser, à vouloir figer son image dans le temps, à jamais.
La notion “d’instant décisif” intervient alors. Il suffit d’une fraction de seconde d’intervalle et vous n’aurez pas les mèmes éléments dans votre cadre, ni les mêmes expressions sur un visage. A vous donc, tel un sniper, d’évaluer tous ces paramètres en un instant et de décider quel sera votre “instant juste”… Ça peut paraître compliqué, c’est en fait passionnant.
Pour Conclure…
J’espère que ces quelques lignes ne vous laissent pas perplexes, ni confus, mais si tel était le cas, retenez seulement ceci : si certaines de ces notions vous paraissent encore abstraites, c’est normal, pas de panique. De toute manière, ce n’est pas en lisant, ni cet article ni aucun manuel photo que vous deviendrez photographe. Il s’agira bien un jour de sortir avec votre boîtier, les yeux grands ouverts sur ce qui nous entoure, choisir où regarder et à quel moment déclencher pour enfin reproduire votre regard, votre vision.
Persévérez, les 10.000 premières photos ne seront pas forcément les meilleures, mais vous vous réveillez rapidement en appuyant sur ce petit bouton sans même plus penser un instant à la technique qui vous embête peut être aujourd’hui. Je vous le promets!
Bonjour,
n’est-il pas quelque peu paradoxal de déconseiller l’achat d’un Canon 5d à 2500 euros sans objectif pour, quelques lignes plus bas, les envoyer chez Leica où le compact présenté coûte pratiquement le double ?
De plus aujourd’hui, un reflex APS-C et un objectif pancake sont quasiment aussi compact, donc..
(Je ne suis pas anti-Leica, au fait, j’en ai deux. C’est juste que ça m’a frappé……… ainsi que temps de POSE, pas pause. bon, je sors………………………………)
Bonjour Alain,
Merci pour votre commentaire fort à propos, heureux de découvrir un photographe amateur de montres 🙂
Rien de paradoxal dans la mesure ou cet article a pour unique but d’encourager ceux qui en ont l’envie à se mettre à la photo sans crainte de la technique, et de sortir des photos prises à l’iPhone qu’on ne regarde plus que sur un tout petit écran. Je suis certain, à la lecture de vos lignes, que nous nous comprenons.
Je ne déconseille pas l’achat d’un 5D, je pense simplement qu’il n’est pas nécessaire pour apprendre à utiliser un reflex et comprendre les bases du cadrage et de l’exposition. Maintenant on peut évidemment apprendre à jouer de la guitare sur une Fender telecaster de 1967, je le souhaite à quiconque !
Quant au Leica, que vous appréciez tout autant que moi, il est ici mis en avant car il allie simplicité d’utilisation et beauté de l’image, qualités que je ne retrouve personnellement sur aucun autre boîtier compact, même avec objectifs interchangeables.Cette alliance signée Leica à un prix élevé, c’est vrai, que je mentionne dans l’article.
En ce qui concerne ma coquille sur l’orthographe du temps de “pose”, mes excuses les plus plates, elle est corrigée 🙂 Magie du digital !
Et surtout ne sortez pas, restez avec nous !
Excellente soirée,
Jerome
Jerome, tu as l’air d’aimer les coquill-ettes : “faire des photos” et non “faire des photo” 😉
Merci Dan, “coquillette” corrigée. Heureusement que le weekend n’est pas loin, je vais prévoir un petit supplément sommeil 🙂