Bulgari Octo Roma : La Dolce Vita

Le TGV, ce n’est pas pour vous. Vous avez donc pris votre Alfa Romeo Spider “Osso di Seppia” et avez longuement conduit sur des routes nationales jusqu’à Venise, en vous arrêtant le temps d’une nuit ou deux dans des domaines viticoles que seule la France peut offrir. Arrivé à Venise, la Piazza San Marco vous appelle inconsciemment. Il est très tôt, l’aube se profile et réveille la place, et ses pierres encore tièdes. Avec quelques pigeons comme compagnons de route, vous vous asseyez au Caffè Florian et avalez quelques ristretti. Costume croisé en lin, mocassins à glands, et une Bulgari Octo Roma or rose fond Burgundy au poignet. Charmant n’est-ce pas ?

Bulgari sur fond horloger

Comme vous, il y a quelques temps, je n’aurais pas mis Bulgari dans la case de l’horlogerie “de pointe”, mais de la Haute-Joaillerie. Toutefois, à la vue de ce qu’il s’est déroulé récemment, et qui se déroule depuis un moment dans cette noble maison, il va falloir changer de point de vue. Bulgari a fait un grand pas dans l’horlogerie en proposant à Baselworld cette année son modèle Octo Roma.

Bulgari s’est introduite en horlogerie il y a un moment déjà. Tout s’est étoffé quand la marque a offert en 1975 à ses meilleurs clients, en tant que cadeau de fidélité, une montre à la lunette gravée “Bulgari Roma”. Une montre digitale simple, en or, rappelant le travail de bijoutier de la maison. Mais cette montre a plu, et Bulgari s’est alors dit qu’un filon restait à exploiter. Ne vous méprenez pas, il existait déjà des garde-temps dans la collection depuis un bon moment, mais ce n’était pour Bulgari que secondaire.

Puis, Bulgari Roma devient la collection Bulgari Bulgari, et l’affichage revient vert l’analogique, en restant à quartz, ce qui vaudra à Bulgari un succès puissant dans le milieu de l’horlogerie, en particulier grâce à l’explosion du quartz à cette époque.

La filiale est créée en 1980, à Neuchâtel, et verra passer quelques grands noms de l’horlogerie, que sont Daniel Roth et Gerald Genta. En effet, les deux entreprises sont rachetées en 2000 par la maison mère. On voyait alors les noms de Genta et Roth associés à celui de Bulgari sur le Cadran. Puis en 2010, la marque absorbera définitivement ses précédents rachats, tout en continuant à profiter de l’expertise de celles-ci.

La Bulgari Octo Roma

Sortie en 2010, elle représente la montre sport-chic par excellence. Avec de la complication. Souvenez-vous de l’Octo Bi-Retro, par exemple.

Mais après ces sorties, et l’intégration de Genta à la marque, les collections évoluent. L’Octo devient l’icône des montres à facettes, avec plus de 110 facettes. Très disco. Mais assez chargé. C’est pourquoi la présentation à Bâle cette année d’une Octo Roma épurée a quelque peu changée la donne. 58 facettes dorénavant. Ne cherchez pas plus loin le nom de Dolce Vita.

La montre est d’une simplicité bienvenue. Un boitier de 41mm, disponible en acier, or rose, ou or et acier. Des index appliqués à la main, délicatement déposés sur un cadran qui se décline en argent, en noir, laqué poli marron (disons ‘Burgundy’). Qui est survolé par des aiguilles ajourées. Notons également le détail d’une couronne “côtelée” où est venue s’incruster un fragment de céramique. Si j’ai été tant inspiré pour mon introduction, ce n’est pas un hasard. Cette montre représente pour moi la quintessence de ce que l’on pouvait trouver dans les années 1970, sport et chic à la fois. Et très dandy.

Mais ce qui vous intéresse est aussi le mouvement. Comme je vous comprends. On ne peut pas s’attendre à n’importe quoi de la part d’un maison qui a intégré un processus de fabrication in-house de ses mouvements d’une très haute qualité. On peut dire ce que l’on voudra, mais cela permet à Bulgari de proposer du gros et beau contenu, pour un prix agressif.

Le mouvement n’est autre que le BVL 191, présenté en 2013 à Baselworld. Pas de mouvement suisse retravaillé et décoré ici, mais du in-house, je vous avais prévenus. Un mouvement automatique, offrant une réserve de marche de 42 heures, une date à trois heures et une décoration du mouvement côte de Genève, avec une attention toute particulière à l’anglage.

Un bracelet acier à la hauteur

La belle découverte, c’est aussi un bracelet acier qui nous a fait de l’oeil. Il vient encore participer au côté sport-chic de la montre très dandy. Il est superbement réalisé, succession de maillons très fins et courts, alliant le poli et le satiné. Pour faire écho aux principales créations joaillières de Bulgari, et pour avoir porté cette montre, le bracelet acier donne l’impression d’enrouler un fin serpent sur son poignet. Ondulations.

D’ailleurs, on remarque que les montres sport-chic sorties dans les années 70-80 allaient souvent de paire avec un bracelet bien réussi, on pense évidemment à un certain bracelet Royal Oak, ou de Nautilus. Essayez celui de la Bulgari, et vous comprendrez soudainement l’attrait que nous lui vouons.

5800€ pour la version acier sur bracelet alligator, 6350€ pour la version avec bracelet acier, et 18300€ pour la version en or rose. Je pense que le tarif pour la version acier sur alligator ou acier se passe de commentaire étant donnée la qualité du produit, de ses finitions, et du mouvement qui l’habite. La version en or, ma préférée pour représenter la quintessence de la Dolce Vita qu’elle transmet me semble quant à elle pricée à un niveau trop élevé, comparée au prix de l’acier.

Venise vous manque déjà, j’en suis certain. Le soleil s’est couché sur la piazza San Marco, et vous étiez là pour saluer cette ville, avant de retourner chez vous, toujours dans la même Alfa Roméo, et cette Octo Roma, fidèle à votre poignet.