BLANCPAIN FIFTY-FATHOMS 38 MM Enfin la plongeuse en 38 mm
J’ai toujours eu une frustration. Celle de ne pas apprécier une Fifty-Fathoms contemporaine au poignet, bien que l’histoire et les origines de la montre m’attirent indéniablement. Ça n’était pas une question d’esthétique, loin de là, mais tout simplement une question de proportions. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous annoncer que cette frustration est derrière moi avec la présentation de la nouvelle Blancpain Fifty-Fathoms 38 mm.
Pour comprendre la Fifty-Fathoms, qui se trouve dans le Panthéon toutes années confondues des plus grandes montres de plongée, il faut parler d’humains, dont la mer, les océans et la plongée sont toute la vie. La Fifty-Fathoms est pensée et même dessinée par deux personnages importants : le Capitaine Bob Maloubier (agent secret parachuté deux fois) et Lieutenant Claude Riffaud (qui n’est autre que le premier nageur de combat).



En 1951, alors enseigne de vaisseau, il suggère à l’État-major de la Marine la création d’un corps de nageurs de combat, ce qui est accepté. Pour ce faire, il est détaché à Arzew (Algérie) au Centre Interarmées des Opérations Amphibies afin d’y créer une unité de nageurs de combat. Auparavant, il part se former chez les nageurs de combat italiens puis britanniques du Special Boat Service. Il commandera par la suite le célèbre commando Hubert, devenu l’unité des nageurs de combat de la marine, de 1953 à 1958 , puis l’Elie Monnier, bâtiment de plongée profonde du groupe d’études et de recherches sous-marines (GERS).
Le plus important dans cette histoire, et dans un environnement où la plongée et les accessoires qui lui sont dédiés deviennent très importants, et que ces deux protagonistes ont dessiné (ou au moins pensé de manière précise) la montre en 1953, et surtout ont créé la première unité de Nageurs de combat, comprenant l’importance décisive de ces corps armés. Ils ont donc dessiné la montre et sont ensuite sont allé voir Blancpain pour la produire, par l’intermédiaire de la Spirotechnique (obligation par l’armée de passer par une société française), LIP n’ayant pas souhaité participé au développement à l’époque.

Dans une suite logique, ces premières montres (probablement des prototypes) ont été testées par la NAVY en 1954 et commercialisées dans la foulée. D’autres noms de grandes personnalités seront importants par la suite, comme celui de Tornek au milieu des années 1960 du nom d’un distributeur de New York, ami du frère de Jean-Jacques Fiechter (alors à la tête de Blancpain), qui distribuera les montres aux États-Unis.
Il faut retenir que les premières Fifty-Fathoms n’avaient pas de lunette tournante unidirectionnelle, mais bien des lunettes tournantes bidirectionnelles par pression (vous savez, celles où il faut appuyer avec trois doigts pour les faire se mouvoir, empêchant ainsi tout mouvement non intentionnel), et surtout avec un insert où tous les repères sont luminescents (c’est à mes yeux la grande force de la Fifty). Aussi, la couronne (non vissée) possède un double joint d’étanchéité (ce qui rend la montre étanche même ouverte). Puisque l’on parle aujourd’hui de diamètre, on trouve à l’époque un boitier de 42 mm et déjà ce profil très élancé grâce aux cornes. Côté étanchéité, on s’approche des 100 mètres avec une résistance de 50 Fathoms. Le début des années 1980 voit la fin de la production de la Fifty-Fathoms avec la crise du quartz, et Jean-Claude Biver se concentrera plutôt sur la collection Villeret. La société est revendu en 1997 a ce qui deviendra le Swatch Group. C’est alors que notre Fifty-Fathoms apparait à nouveau. Marc Hayek devient président de Blancpain en 2001 et en 2003 il relance la Fifty-Fathoms avec une édition limitée de 150 pièces et la lunette saphir dans une taille de 40,5 mm. En 2007 on découvrit alors trois nouvelles plongeuses, avec un diamètre de 45 mm et des complications un peu folles, comme un tourbillon. 2023 verra l’introduction d’une série limitée en 42 mm, en 2024 une version de « série » en 42 mm pour arriver jusqu’à aujourd’hui en 2025 avec 38 mm.

Voici donc la nouvelle venue : une Fifty-Fathoms en 38 mm de diamètre. Ajoutez à cela une épaisseur de 12 mm et la recette est délicieuse, surtout quand le dessin « contemporain » de la Fifty-Fathoms reste inchangé. Côté étanchéité, et comme son prédécesseur, on trouve 300 mètres (une fois la couronne vissée, évidemment), ce qui laisse l’esprit tranquille quand on joue dans l’eau. Quatre déclinaisons sont disponibles, un boitier acier sur bracelet acier et cadran noir, un boitier titane cadran bleu et bracelet caoutchouc bleu, un boitier titane cadran nacre rose et un boitier or rouge avec un magnifique cadran nacre noire.
Les cadrans, parlons-en un instant. Ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux que l’on connait, à savoir des index flèches en appliques avec matière luminescente, et chiffres arabes à 3, 6, 9 heures et midi, sans oublier une discrète date entre quatre et cinq heures. L’identité de cette Fifty-Fathoms contemporaine a aussi trait aux aiguilles, une évolution des aiguilles « crayons » originelles, ici davantage en courbes, et aussi luminescente. Joli détail à ajouter, l’extrémité de l’aiguille des secondes est rouge, pour bien la voir la journée, et aussi luminescente, une fois l’obscurité venue.



Ce que j’aime aussi plus que tout sur la Fifty-Fathoms, est son calibre. Parce qu’il est très bien fini et présente des caractéristiques alléchantes. Ce calibre, c’est la référence 1150, et il présente des anglages sur tous les ponts même sous le cadran, et surtout il développe la très confortable réserve de marche de 100 heures, sans oublier la présence de silicium pour les organes vitaux, empêchant la mauvaise influence des champs magnétiques.
La nouvelle Blancpain Fifty-Fathoms est disponible à partir de 16500€ pour la version acier. Un prix important je le conçois, mais ceux qui auront la chance d’y accéder auront en face une montre très sérieuse, finie à merveille à l’extérieur comme à l’intérieur. J’oubliais presque un détail ! J’aimerais que Blancpain retire, un jour, la gravure « Blancpain » sur le flanc de carrure, qui à mon sens n’a pas sa place sur une plongeuse de ce genre.
Laisser un commentaire