ANOMA A1 L'anomalie désirable

On le sait, avec la naissance dans les années 1960 et le renforcement dans les années 1970 des “designers horlogers”, métier pas vraiment existant auparavant, le dessin des montres est entré dans une nouvelle catégorie, plus subjective, bouleversante, artistique, et puise ses inspirations dans les autres objets du quotidien qui nous entourent, parfois aussi banals que le mobilier du salon de votre appartement de la résidence les Trois Arcs de Méribel d’alors. C’est ici la forme d’une table basse triangulaires aux coins arrondis des années 1950 qui a inspiré Matteo Violet Vianello dans la création du premier Opus d’Anoma (y lire la troncature d’Anomalie), j’ai nommé A1.

Trouver dans la nature un dessin et des lignes qui nous plaisent n’est pas un gage de réussite. Un grand nombre a essayé, et les échecs sont nombreux, pour le simple fait de penser que le dessin était suffisant à un travail global méticuleux. La Anoma A1 l’illustre bien. Si la forme triangulaire aux coins arrondis nous plait beaucoup, c’est aussi et surtout la sensation de petit objet précieux, appelez-le galet si ça vous plait, qui fonctionne bien.

Un boitier de 39 par 38 mm (qui fait plus petit grâce aux angles doux) bien poli à l’avant et tout en rondeurs, dont les lignes plus elles avancent s’épanouissent ou au contraire s’amincissent, qui une fois retourné laisse place à la rigueur d’un fond plat largement brossé. En transition, une de mes parties favorites de la montre, j’ai nommé la couronne bien à l’abri dans le coin droit arrondi.

Le cadran est le prolongement de l’idée du boitier. Et si vous y voyez une goutte de vert, pas d’inquiétude. En effet pour la réalisation du cadran il a été choisi une couche d’un bleu vert très appréciable, qui a été ensuite recouverte d’une double couche de bleu, d’où la réminiscence de légers reflets verts. Ce qui me plait dans ce cadran, bien au-delà de la couleur, se trouve dans l’idée de secteurs, liée à une double finition : pour le tour d’heure brillant et pour le reste du cadran finement brossé. Mais les lignes de ce dernier ajoutent encore à la présence de beaux détails, comme le cross-hair central rejoignant des index peints plus en relief. Le tout couronné par deux uniques aiguilles feuilles légèrement concaves dont la marche silencieuse est aussi apaisante que le boitier.

Derrière ce monde se cache un calibre mécanique à remontage automatique Sellita SW100, plébiscité ici pour sa petite taille (on l’utilise davantage dans les montres “féminines”) de 17 mm et sa hauteur au dessous des 5 mm, permettant ainsi à la pièce d’afficher une épaisseur contenue de 9,45 mm, encore une fois paraissant plus faible dû au profil légèrement biseauté du boitier.

Puisque dans ce genre de projet hors du champ de ce que nous avons l’habitude de voir il faut se concentrer sur la cohérence globale des détails, il est très appréciable de voir comment se fait l’insertion du bracelet dans le boitier, à savoir tout à fait naturellement, sans voir les extrémité de ce dernier et finalement laissant songer à un bracelet une pièce sur lequel se serait posé une petite roche venue d’ailleurs. Un détail qui s’étend jusqu’à la boucle reprenant la forme d’un angle du boitier.

La Anoma A1 est désormais disponible au prix de 1.525€ en pré-commande jusqu’au 6 juillet, pour une livraison en janvier 2025. À noter que les 100 premiers acquéreurs possèderont une version numérotée individuellement, les versions au-dessus de ce nombre ne porteront pas de numéro spécifique. Cette première fournée d’Anoma A1 portera l’inscription “First Series” et sera aussi la dernière du genre, cette configuration spécifique lui étant uniquement réservée. Il est plaisant de voir une montre de forme hors du commun s’offrir à nous dans des conditions qui me semblent raisonnables à la vue des détails d’une montre Swiss Made dont les finitions poussées et les fragments constitutifs ne sont qu’une suite logique d’éléments. Aussi, la suite de l’aventure est attendue, puisque le chemin emprunté n’est pas simple !