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AURICOSTE HORLOGER DE LA MARINE

AURICOSTE HORLOGER DE LA MARINE Entre patrimoine et modernité

Auricoste, ça vous dit quelque chose ? Si certains connaissent ce nom, les autres n’y seront pas indifférents. Comment ne pas parler de cet héritage qui dure depuis plus de 170 années ? Plus d’un siècle de créations horlogères, passant par des instruments de mesure pour navires de guerre ou d’exploration, aux montres de pilote telle que la Type 20, la marque a toujours su répondre aux attentes demandées par certains.
Avant de se pencher avec acuité sur l’ensemble des quelques modèles phares de la collection, retraçons cette longue histoire.

Auricoste : les origines

L’histoire commence en 1854 lorsque la maison est fondée par Émile Thomas, horloger de renom, spécialiste en chronomètres de Marine qu’on verra apparaitre dans la revue chronométrique Journal de l’Horlogerie Française. Elle sera reprise en 1889 par un Joseph Auricoste lui-même horloger qui lui donnera son nom.

La marque Auricoste fournit alors au Ministère de l’Armée, notamment à la Marine Nationale, des horloges et instruments de mesures, mais aussi à d’autres institutions prestigieuses telles que l’Élysée et le Sénat. C’est lors de l’Exposition Universelle se tenant à Paris en 1900, un événement où créations et innovations sont découvertes, que Joseph Auriscoste reçut la médaille d’or. Récompense synonyme d’un savoir-faire de qualité. 

Toujours avec plus de précision, Auricoste fera notamment des pendulettes de voyages dite pendules d’officier. Selon certains dires, irrité du retard de ses officiers sur le champs de bataille, Napoléon III aurait ordonné à ces derniers d’en avoir une auprès d’eux. Il s’agit d’une petite horloge en laiton comme l’illustre parfaitement bien celle que nous vous présentons, avec son cadran en émail blanc cristallin et ses index à chiffres romains. D’élégantes aiguilles poires parent l’ensemble pour finir avec une signature en dessous de midi : J. Auricoste Paris.

L’enseigne réalisera aussi de nombreuses montres de poche. Ici par exemple un chronographe de poche mono-poussoir “Just” du début des années 1910, où l’on observe une couronne oignon et un cadran en émail typique de l’époque. Au centre, des aiguilles poires dorées pointant vers des index peints en chiffres arabes, de couleur noire pour les douze heures et rouge pour les vingt-quatre heures. On apprécie y trouver une échelle tachymétrique à quatre tours. Pour compléter le tout, on trouve à l’intérieur un mouvement mécanique à remontage manuel.

Pendant des temps militaires

Au moment où la Première Guerre mondiale se déclare, le Ministère de la Guerre se fournit chez Auricoste, alors composé de Joseph Auricoste et d’Émile Thomas. La Marine, tout comme l’aviation, ont droit à des pendules et montres de poche comme outils. La marque était alors en plein essor à ce moment là avec pas moins de 30.000 boussoles livrées, mais un ralentissement naturel survint à la fin de la guerre, ouvrant une nouvelle phase pour la maison. Passant de la montre bijou à des chronographes plus sportifs, elle se développe en allant chercher de nouvelles cibles. Comme nous le montre ce rare chronographe “Aural” mono-poussoir dit pulsomètre ou plus communément montre de médecin, sous nos yeux avec un cadran en émail blanc éclatant datant de la fin des années vingt voire du début des années trente, avec sa graduation sur trente pulsations peinte en rouge. De quoi prendre un pouls avec un certain style.

C’est alors que Pierre Auricoste, un nouveau membre de la famille, apparaît. Il suivra les traces de son père en perpétuant l’engagement de celui-ci envers l’horlogerie. Tel père tel fils comme on dit, les talents de l’un se retrouvent chez l’autre, permettant ainsi à Pierre dans sa jeunesse de participer à l’effort d’entreprise en aidant son père sur les commandes lors des préparatifs de la Seconde Guerre mondiale. Cette dernière prenant fin par la victoire des Alliés, de nouveau le Ministère de la Défense lance un appel d’offre pour une montre, mais cette fois-ci le gâteau est bien partagé, Breguet, Dodane et Vixa sont de la partie, la Type 20 avec sa complication retour en vol ou “Fly-Back” débarque.

N’hésitez pas à voir (ou voir de nouveau) la vidéo de Nicolas à propos du Type 20 afin de vous rappeler quelques notions sur ce modèle iconique du monde horloger. On retrouve ici une version civile originale de 1954 et son cadran noir respectant le cahier des charges du Type 20, son marquage gradué finement en chemin de fer, de même que cette lunette noire en bakélite dans son jus, des index en chiffres arabes avec une présence de radium pour les plus “radiophiles” d’entre vous et présent également sur de magnifiques aiguilles seringues au centre donnant toujours plus de précision. On y trouve également des poussoirs champignons avec une finition polie et une couronne crantée (pour davantage de préhension) rappelant celui de la lunette bi-directionnelle. Quant aux cornes, elles sont fines et cohérente par rapport au boîtier d’un diamètre de 39,5 mm.

Après vous avoir présenté un Type 20 civil, il est temps de passer à la version militaire, et même plus avec une version Type 20 C.E.V.

Derrière ces trois lettres, une histoire d’hommes et de femmes passionnés, qui sont experts, ingénieurs ou/et techniciens rattachés à cette entité militaire : le Centre d’Essai en Vol. Faisant partie du secteur de l’industrie de l’armement, ils apportent leur expertise sur des tests et divers contrôles sur les systèmes et équipements du domaine. Une conclusion est donnée afin de déterminer si les objets d’étude en question sont aux normes voulues, évitant tous risques lors de diverses missions. On repère sans surprise un mouvement mécanique signé Lemania 2040 signé Type 20 et J.Auricoste sur cette version ainsi qu’une gravure “N°247” où le “2” signifie que c’est un Type 20 et “47” son numéro de série.

une entreprise en progression

On le sait, les montres ne sont plus seulement mécaniques. Dès 1969, l’arrivée de la montre quartz chez Seiko amène une crise dans le paysage horloger. Moins couteux et beaucoup plus précis, la clientèle préfèrera se tourner vers un outil plus moderne que traditionnel. Auricoste ne s’en inquiètera pas. A ce moment là en effet, Pierre avait déjà repris l’entreprise continuant la collaboration avec son fidèle client la Marine Nationale. Cela ne tient pas bien longtemps, les commandes faiblissent de plus en plus dû au désengagement militaire de la France. Les affaires se dégradent malheureusement, finissant par la mise en vente aux enchères de la société. Coup dur, mais ce n’est pas fini ! Une lueur d’espoir survient, et pas de n’importe où ! D’un ancien partenaire : Claude Tordjman. Quelques années plus tard, il reprendra l’affaire familiale dans la vente d’articles sportifs, plus précisément dans l’univers du ski. Lui conférant une expérience dans le domaine, il vendra des chronomètres, ceux de la maison Hanhart, mais aussi ceux de la société Heuer, rachetée par TAG en 1985 et représentée par lui-même devenant ainsi le revendeur officiel. Il vendra ceux de Pierre Auricoste aussi, qu’il rencontra rue de la Boétie dans les années 1970. Une relation solide sera construite au fil des années entre les deux personnalités, ce qui provoquera la volonté de rachat par Claude Tordjman évitant la disparition d’Auricoste. C’est une histoire d’hommes avant tout, une main tendue à une autre pour avancer ensemble. Une optique de reconstruction de la marque se lance mais malheureusement cela ne va pas durer. A la suite d’une opération de l’œil juste après leur accord de collaboration, Pierre Auricoste quitte ce monde en 1982. Malgré la perte de son associé avant même que l’aventure commence, Claude Tordjman regorge de ténacité : l’activité reprend et continue. La relation avec la Marine Nationale est rétablie et de nouveaux liens naissent de cette collaboration.

Un nouvel élan se profile et les collections s’enrichissent. Après le Type 20 destiné aux pilotes, c’est au 13ème régiment de dragons parachutistes , faisant partie du corps des forces spéciales de l’Armée Française, d’avoir à son tour un chronographe dans les années 1980. Modèle que je trouve personnellement réussi malgré une taille imposante de 41 mm. Un style légèrement 70s donné par sa forme de boîtier un peu tonneau à la finition brossée. Pas de lunette cette fois-ci mais un marquage tachymétrique sous le verre en périphérie d’un cadran à la teinte grise, tirant sur le bleu, qui comporte deux compteurs totalisateurs plus foncés, celui des secondes à neuf heures et celui des minutes à midi. Une couleur orange, dans la mode de l’époque, habille la trotteuse et l’aiguille du chronographe, créant ainsi un beau contraste.

Vers l’univers subaquatique

Retournons vers la mer avec cette montre de comparaison datée du début des années 1960. Comme un chronomètre de marine, cette horloge au cadran blanc et aiguilles poires intègre une plaque en laiton elle même placée dans un coffret en bois pour la protéger. Il faut savoir qu’à l’époque cette horloge avait pour fonction de garder le temps du port d’attache à bord du navire, donnée essentielle pour déterminer la longitude déterminant ainsi la position de ce dernier. 

Toujours dans l’univers aquatique, une course vers les fonds marin se profile. Une succursale de la société Air Liquide, j’ai nommé la bien connue La Spirotechnique, émerge. Elle est créée par deux hommes passionnés de plongée et de cette quête des profondeurs, Émile Gagnant et Jacques-Yves Cousteau, qui juste après la Seconde Guerre mondiale développent la plongée professionnelle aussi bien que récréative. En 1982, Auricoste conçoit une montre de plongée que l’on verra apparaître au catalogue de La Spirotechnique, à la fois pour les amateurs, mais aussi les nageurs de combat de la Marine Nationale.

Respectant le cahier des charges de la montre dite “de plongée”, la Auricoste Spirotechnique dévoile une lunette uni-directionnelle qui limite des rotations accidentelles faussant la lecture des indices, avec des indices gradués jusqu’à 60 minutes, segmentés par tranches de 5 minutes et bien évidement une pointe de Tritium pour une meilleure lecture dans l’obscurité.

La marque conserve son expertise, qu’on repèrera notamment plus récemment sur le porte-avions Charles de Gaulle (pour n’en citer qu’un), unique et dernier porte-aéronefs de la Marine française. Des chronomètres et centrales horaires complètent ainsi le réseau du vaisseau. On y trouve par exemple une horloge mère de la Marine Nationale du début des années quatre-vingts, horloge qui permet une régulation de l’heure lors d’un changement de fuseau horaire. Offrant ainsi une coordination parfaite entre les différents secteurs du bâtiment lors des actions entreprises.

AURICOSTE, Aujourd’hui

Avec un patrimoine aussi riche, on constate que la marque a toujours su s’adapter à travers le temps dans divers contextes. Dans un monde en constante évolution, où amateurs d’histoire et collectionneurs deviennent de plus en plus exigeants et afin de garantir leur satisfaction, c’est muni d’un diplôme de communication et stratégies en design, qu’Alexis du Portal rejoint l’aventure familiale auprès de son oncle Laurent Tordjman et de son grand-père Claude Tordjman. Mais que trouve-t-on au catalogue d’aujourd’hui ?

Dans la famille des chronographes, une proposition d’éditions spéciales voire limitées de la maison nous est présentée, commençons avec une réédition de la Type 20, inspiration fidèle de la version civile que je vous présentais dans la première partie. Toujours en respectant ce fameux cahier des charges, nous constatons que la taille du boitier est toujours inférieure à 40 mm avec 39,5 mm, que l’ensemble est quasi-identique à celle des années soixante. Des aiguilles pilote aux index importants, tout y est, sauf sa patine vintage.

Dans la même veine, toutefois plus contemporaine, le Type 52 comporte déjà quelques similitudes avec le modèle précédent, notamment des cornes finition polie, des poussoirs champignons, toutefois avec une taille plus importante de 42 mm. Elle est habillée d’un cadran noir dans toute sa simplicité où l’on retrouve en dessous l’apparition d’un troisième compteur des heures à six heures avec celui des minutes et des secondes à trois et neuf heures. A l’intérieur un mouvement récent et moderne à trois compteurs, un calibre 42021 dont la base provient de la manufacture Dubois Dépraz.

Dans la famille des montres de plongée, la Spirotechnique aura elle aussi droit à sa réédition. Du côté du cadran, fini le radium (on évitera un autre épisode des “radium girls”) et place au Super Luminova bleu électrique dans l’obscurité. On retrouve un boîtier en acier brossé d’une taille de 40 mm. En ce qui concerne les cornes, des lignes plutôt droites, une courbure sur la fin avec une insertion de la couronne crantée à quatre heures, qui sans doute nous rappelle quelques plongeuses de chez Seiko. Des couleurs sobres, du noir et du blanc, un engagement à la simplicité allant directement à l’essentiel. Dans le même esprit, la Auricoste Déminage présentée en édition limitée reprendra les principales lignes de la Spirotechnique, les différences se trouvent au niveau du cadran, quatre bandes rouge basées à trois, six, neuf et midi décorent le cadran. Comment ne pas notifier cette tête de mort au niveau du cadran ? Présence rappelant ainsi le châtiment encouru de leur devise : “La première erreur est souvent la dernière”.

Auricoste- Horloge de bord 2

Des années plus tard, toujours avec un patrimoine aussi riche, quel que soit le domaine, dans un univers professionnel ou récréatif, Auricoste continue toujours d’avancer en respectant son engagement. Recherchant d’avantage de technicité et précision, à quoi s’attendre sur de potentiels nouveaux modèles ou collaborations dans un futur ? Pourra t-elle reprendre sa place de choix sur un marché qui évolue très rapidement ? En tous cas, c’est une maison qui n’a pas dit son dernier mot !

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