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LES CADRANIERS DE GENÈVE

LES CADRANIERS DE GENÈVE L'art du cadran

Cadranier. Quelle aventure extraordinaire. Les amoureux d’horlogerie et de son histoire réfléchissent encore en “établissage” sachant pour une entreprise et des montres qui était responsable du mouvement, de la fabrication du boitier, et bien évidemment du cadran. Ayant toujours le nez dans un récent livre à mon sens exceptionnel, Le Cadran par le bien connu Dr Helmut Crott, on comprend toute la puissance du cadranier, quand le travail du cadran était encore tout un art, les décalques nombreuses et les techniques savantes.

Tout cela tombe plutôt bien, j’ai eu le plaisir de visiter Les Cadraniers de Genève, entreprise formidable partie du patrimoine, fondée par François-Paul Journe en 2000 aux côtés de Maximilian Büsser alors aux commandes d’Harry Winston. Un moyen d’y faire son art, et permettre aussi à d’autres grands noms de l’horlogerie de pouvoir y exécuter leurs cadrans les plus techniques. Il faut ici préciser que la moitié de la société appartenait à Vacheron & Constantin en 2012 lors du rachat des parts d’Harry Winston, avant de les revendre en 2016 à F.P. Journe. On y fait des cadrans et l’on y préserve de beaux savoirs-faire avec une vingtaine de métiers liés au travail du cadran.

Je vais commencer par vous dire que Les Cadraniers de Genève sont propriétaires des archives de Stern Créations. Si le nom Stern de vous dit rien, il va falloir commencer à faire ses devoirs. Le livre dont je vous parlais en introduction détaille justement la merveilleuse histoire de cette famille et de cette grande entreprise du patrimoine genevois. Le fait que des personnes hautement qualifiées de cette entreprise travaillent encore aujourd’hui pour Les Cadraniers de Genève en dit long.

Il faut revenir à 2012, quand François-Paul Journe inaugure le nouveau bâtiment des Cadraniers et Boitiers de Genève, sous le même toit à Meyrin. La création a déjà alors une décennie, mais le changement est majeur. Comme leur nom l’indique bien, l’un s’occupe de l’habillage, l’autre des cadrans. Et alors que l’habillage sert uniquement les montres F.P. Journe, les cadrans servent plusieurs marques prestigieuses.

Les cadraniers ont choisi la façon noble de faire des cadrans. Et même si au cours du temps, certaines opérations ont été simplifiées, faire un cadran dans les règles de l’art demande de nombreuses étapes, et il suffit d’un petit geste de travers pour repartir de zéro. Avant toute chose, le cadranier part d’une base. Sur certaines pièces et à des fins esthétique elle peut être faite d’or, d’argent, mais le plus souvent une utilise une base laiton. Chez F.P Journe, on fait les cadrans clous de Paris en argent, les cadrans grené en or et on part sur du maillechort pour tout ce qui va recevoir du vernis.

Et il faut déjà penser aux affichages du cadran : fenêtre de date, ouverture pour contempler la lune, reliefs pour accueillir des sous-compteurs liés au chronographe. En fonction de cette architecture, des percements préalables du cadran vont avoir lieu, et déjà un travail de finition est nécessaire pour pouvoir rendre le tout prêt pour les prochaines étapes, l’ouverture du cadran créant une légère déformation. Il en va de même du contrôle de la planéité après une opération de giclage.

Loin de moi l’idée de tout vous raconter, car il faudrait plusieurs jours, je vais m’arrêter sur des détails qui à mon sens comptent. Partons d’une base “simple”, j’entends un cadran maillechort destiné à être vernis. Dans la partie de la manufacture destinée à cela, nous avons à la fois une machine qui réalise des allers-retours pour appliquer des couches de vernis, mais certaines étapes du cadrans demandent la main de l’homme. De nombreux passages sont nécessaires pour la couleur et à la main, et ensuite il faut appliquer le vernis, à l’aide de la machine. Les bains de galvanoplastie permettent en premier lieu et avant vernissage de protéger le cadran grâce à une barrière de nickel, les bains en or servant en particulier de barrière thermique pour éviter l’oxydation.

Les Boitiers et les Cadraniers de Genève

Une de mes étapes favorites concerne ce qui a trait aux parties rapportées. J’entends par là guichets, index en applique, disque de date, vous voyez l’idée. La plus grande attention leur est portée, et parfois il faut agir avec eux comme des petits cadrans, le cas étant avec le célèbre chronomètre à résonance. Voyez-vous la partie rapportée centrale clous de Paris en argent ? Elle a nécessité quelques étapes de couleur et de finitions, et un passage à la machine gicleuse et sa crème abrasive pour obtenir une belle réverbération de la lumière afin de passer du gris à une couleur plus proche du blanc. Les contours représentent une autre pièce en métal qui a reçu un anglage en règle et qui vient délicatement encercler cette dernière.

Dernier pilier d’importance chez Les Cadraniers de Genève : la restauration. Je ne parle évidemment pas du restaurant d’entreprise mais bien de la remise en état de cadrans historiques, ou du moins d’importance. Comme je vous le disais au départ, les cadrans d’antan avaient été faits avec des techniques particulières, plus forcément d’actualité aujourd’hui. Heureusement tout est mis en œuvre sur place pour utiliser les mêmes techniques. Je pense par exemple à un cadran de chronographe Patek Philippe utilisant la technique du gravé émaillé, vous savez celui où on a l’impression que la mention “Patek Philippe & Co” sort du cadran, mais qui utilisait aussi à l’époque chez Stern Frères de nombreux décalques, pour la minuterie, les compteurs, échelles en tous genres.

Voilà ce que sont les Cadraniers de Genève. S’ils servent aussi F.P. Journe, ils sont avant tout un moyen intelligent de conserver des savoirs-faire nobles qu’il serait terrible de voir disparaître, et qui profitent à un écosystème de marques et de pièces exceptionnelles du passé qui mérite une attention toute particulière.

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