HERMÈS HORLOGER Deux mots pas comme les autres

Hermès Horloger. Deux mots pertinents ensemble, mais qui n’ont pas eu les mêmes liens tout au cours de l’histoire d’Hermès. Tout au long du XXe siècle, les amateurs de beaux objets et d’horlogerie n’ont jamais été déçus par la marque cavalière. Nous vous en avons fait la démonstration, en vous présentant des objets et montres Hermès exceptionnels, qu’il s’agisse de pendulettes de voyage ou de montres féminines.

Toutefois, entre hier et aujourd’hui, la façon de faire a largement évolué. Auparavant, Hermès s’appuyait sur des partenaires de choix, entre autres Movado, Jaeger-LeCoultre, et parfois du travail d’un joailler, comme George Lenfant, et d’un motoriste, pour créer des pièces assez exceptionnelles. Une façon de faire très élégante, très Hermès, qui mettait en avant des travaux d’autres maisons mais avec son oeil, un gainage ou un cadran particuliers.

Ça, c’était l’Hermès horloger d’autrefois. À la fin des années 1970, la marque crée à Bienne les ateliers de La Montre Hermès SA, intensifie et approfondie sa façon de concevoir des montres, notamment en s’entourant de partenaires de choix. Ainsi, Hermès a travaillé pendant une trentaine d’année avec la société Joseph Erard au Noirmont pour tout ce qui se rapporte au boitier, et Natéber pour le cadran à La Chaux-de-Fonds. Les débuts de la montre Hermès verront par exemple la naissance de la célèbre Arceau, dessiné par Henri d’Origny en 1978. S’en suivra la naissance d’autres modèles cultes aujourd’hui comme la Cape Cod qui instaure le bracelet double tour, sans oublier la Médor ou l’Heure H et son boitier reconnaissable en un clin d’oeil. Une forte créativité donc, propre à son histoire, et des partenaires de qualité.

En 2012 et 2013, les deux sociétés que sont Joseph Erard et Natéber rejoignent à 100% Hermès, et fin 2016 la décision est prise de regrouper les deux entités sous le même toit au Noirmont. En réalité, depuis le début des années 2000 et la participation de plus en plus importante dans le motoriste Vaucher Manufacture, La Montre Hermès entrait alors dans sa troisième étape de vie, en maitrisant petit à petit de nombreux savoir-faire de la montre, pour arriver aujourd’hui à un autre moment assez brillant de son existence.

LA MONTRE HERMÈS SA

Lors de notre journée au Noirmont, nous avons pu comprendre un peu plus l’organisation de la marque quand on en vient aux montres. Grâce à l’acquisition des deux sociétés mentionnées précédemment, vous comprendrez que dans ces locaux on sache bien travailler des boitiers et des cadrans. Et si un boitier peut paraitre simple au premier coup d’oeil, léger et doux une fois entre les mains, les étapes nécessaires à sa bonne exécution ne sont pas simples, tout particulièrement quand les boitiers ne sont pas standards, comme à peu près tout ce qui sort des cerveaux Hermès.

Plusieurs étapes d’étampage sont utiles à cette fin, pour dégrossir la matière brute et lui insuffler tous les détails uniques à certains boitiers Hermès. Des étapes pour obtenir non pas la boite finale, mais intermédiaire. Il sera ensuite obligatoire que la main de l’homme exécute force nettoyages et polissages pour obtenir les belles finitions et l’éclat souhaité.

Et puis, puisqu’un boitier ne se limite pas qu’à la carrure, il faudra aussi s’occuper du fond de boite avec son dessin caractéristique que l’on retrouve depuis de nombreuses années, frappé avec plusieurs tonnes de charge. Le plus talentueux, je dois dire, se rapporte à la dextérité des hommes et femmes qui polissent, avec le même succès des formes totalement différentes, sur des matériaux changeants et auxquels la main doit adapter sa pression. Si on nous dit qu’un bon polisseur doit avoir au moins 6 ans de travail dans les doigts, ce n’est pas un hasard.

Assez parlé de ces petits coffres-forts. Les cadrans suivent, et nous impressionnent tout autant.

On part cette fois, dans la majorité des cas, de rondelles de métal qui viennent être fixées pour recevoir différents traitements, à la fois effectués par des machines à la pointe qui dégrossissent le métal et appliquent les premiers reliefs, mais également par des cadraniers qui, à la main, apportent des finitions et des formes géométriques selon les cadrans.

Ce que l’on peut aussi découvrir au fil des couloirs de la manufacture se rapporte à sa maîtrise des procédés de galvanoplastie. Des méthodes qui consistent à venir déposer un revêtement de métal sur un autre par électrolyse pour des fins de protection mais aussi et surtout pour offrir aux cadrans des couleurs assez uniques. Des cadrans qui plongent dans différents bains donc, sous l’oeil très attentif de maitres du procédé, quand quelques secondes de trop peuvent faire dévier la couleur d’un cadran.

D’autres fois aussi, et puisque qu’Hermès par l’histoire de ces trois dernières décennies n’a rien à envier aux autres marques en matière de mouvement, les cadrans dévoilent de la nacre et doivent être travaillés avec la plus grande délicatesse.

Mais ce qui m’a le plus frappé se rapporte, en changeant de site, au travail exceptionnel d’artisans du cuir réalisant des cadrans aux infimes détails et à la main. On se souvient de ce cadran multicolore à l’occasion de la ré-ouverture de la boutique emblématique de New-York, où les artisans doivent se confronter à des pièces minuscules, comme un bout de chaussette d’un des personnages. Ou encore dans un registre différent le travail de la montre de poche Arceau de 2020 imaginée avec un capot orné de marqueterie et mosaïque de cuir représentant un T-Rex.

Je vous passe l’assemblage, qui lui a lieu non loin de là au siège de la marque toujours en Suisse à Brügg dans un très beau et discret bâtiment bercé de lumière.

La conclusion sera ici très importante. Le fait d’avoir les mots “Hermès” et “Horloger” dans la même phrase, contrairement aux idées reçues, a bien un sens. Un sens qui a évolué au fil des années, depuis qu’Hermès s’appuyait sur des partenaires de choix, jusqu’à un établissage assez récent, avant d’incorporer au sein de ses bâtiments quelques savoir-faire d’importance pour l’identité des montres Hermès et une maitrise de sa production avancée, et cohérente avec la demande des différents marchés. La montre Hermès a bien une signature unique, des terrains d’expression poétiques et un ensemble d’acteurs qualifiés, du maître polisseur jusqu’au cerveau créatif et au bureau technique.