Laurent Ferrier De Patek Philippe aux 24H du Mans
Dans le monde de l’horlogerie, il y a les mastodontes, les grands noms – Rolex, Omega, Patek Philippe, Cartier -, ceux qui provoqueront une remarque de curiosité, d’admiration ou parfois de jalousie de la part de vos amis, votre collègue de bureau ou encore du serveur qui vous sert votre Negroni au coin du bar. Ces noms que vous voyez dans les magazines, au poignet de célébrités ou dans les films («Rolex ? Non, Omega… »), ces noms connus de tous qui deviennent dans l’imaginaire collectif une référence ou un symbole.
Et puis il y a ces noms « d’indépendants », ceux qui se murmurent entre passionnés, comme un secret « pour ceux qui savent ». Des objets rares, convoités et faisant appel à des savoir-faire oubliés ou délaissés par ces grands noms par souci de productivité et de rentabilité. Des objets dont la personnalité parfois reflète celle de leur créateur et de leur propriétaire. Des noms tel que F.P Journe, Kari Voutilainen, Daniel Roth, Roger Smith et bien évidemment notre sujet d’aujourd’hui, Laurent Ferrier.
L’horloger qui rêvait d’être pilote
Laurent Ferrier, comme souvent avec les « indés », c’est avant tout un homme, bien plus que le nom d’une marque issue de fondateurs décédés depuis des décennies aux noms écrits à la plume dans de vieux registres.
Issus d’une famille d’horlogers, il entre une première fois chez Patek Philippe en sortant de l’école d’horlogerie de Genève mais, passionné d’automobiles, il quitte la maison cette même année pour se rapprocher du milieu de la course. Quelques années plus tard, Patek le rappelle (ce qui en dit long sur le niveau du personnage) et il restera cette fois-ci 37 ans chez eux notamment à la tête du département création -ce qui ne sera pas sans laisser des traces sur sa façon de concevoir ses propres montres. En parallèle, il finit par se lancer dans la course automobile avec son ami François Servanin. Il participe notamment aux 24 heures du Mans et finit 3e derrière un certain Paul Newman en 1979 .
C’est en 2009, à l’âge de 63 ans, l’âge où la plupart des gens prennent leur retraite, que FrançoisServanin le pousse à lancer sa propre marque. Laurent Ferrier dessine ainsi son premier modèle, le « Galet », présenté à Bâle l’année suivante. Il s’associe avec son fils, Christian (ancien concepteur mouvement pour Roger Dubuis) et la Fabrique Du Temps, pour développer son premier mouvement qui n’est ni plus ni moins qu’un tourbillon double spiral, et remporte un prix au GPHG.
Les montres LAURENT FERRIER
Pour dessiner cette première montre, Laurent Ferrier s’inspire des montres de poche du XVIIIe, une forme tout en rondeur avec néanmoins une ligne tendue qui donne toute sa modernité à la pièce. Au poignet, les 40mm du boîtier se posent étonnamment bien (toujours une histoire de proportions…). Chose remarquable mais à l’image de cette manufacture à taille humaine, les montres peuvent être « configurées » selon les desiderata du client, et même plus, pour un supplément de quelques milliers d’euros la marque propose de créer votre cadran. Ce n’est toujours pas assez ? Vous pouvez faire évoluer votre montre en fonction de vos goûts : vous vous êtes lassé de votre cadran vert pomme ? Envoyez votre montre à la manufacture et vous pouvez demander à faire changer le cadran (aussi simplement que ça…). Derrière leur apparente simplicité, vous aurez compris que tout se cache dans les détails à l’instar des aiguilles « Assegai », signature de la maison.
Derrière leur forme épurée, elles font pourtant partie des plus complexes à fabriquer de l’industrie horlogère actuelle (à tel point que l’entreprise qui les fabrique a d’abord refusé de les faire car trop complexes avant de retrouver une personne ayant le savoir-faire nécessaire) et sont impossibles à produire en quantité suffisante pour une manufacture produisant plusieurs milliers de montres à l’année.
Vient le moment de retourner la montre… derrière ses 3 aiguilles, le galet cache un mouvement aussi spectaculaire que complexe.
Une montre automatique ? Certe, mais avec un micro-rotor…
Un échappement à ancre suisse classique ? Trop simple, Laurent Ferrier reprend l’idée de l’échappement naturel que Breguet avait conçu sans avoir les moyens techniques de le produire « en série ». Un échappement composé de deux roues d’échappement dans un alliage nickel-phosphore et une ancre en silicium ne nécessitant aucune lubrification (encore une fois la modernité côtoie la tradition). Cet échappement permet ainsi d’optimiser le couple et nécessite donc une force de remontage plus faible, parfait pour un meilleur rendement du micro rotor. Cet échappement est néanmoins infiniment plus complexe à produire et ajuster.
Côté finitions, on retrouve la philosophie d’une montre « simplement » bien construite. Il n’est pas question de céder à la facilité d’un anglage complètement réalisé à la CNC, c’est un anglage main, avec des chanfreins larges, bombés et avec pas moins de 8 angles rentrants (ndlr : les angles rentrants sont ni plus ni moins que les angles droits des chanfreins, ces angles sont impossibles à faire de façon industrielle et sont le signe d’un anglage fait à la lime). Les pièces en acier sont quant à elles polies noir, une technique consistant à polir une pièce plate sur une plaque de zinc à la main. La manufacture abrite 6 horlogers : 3 sont intégralement dédiés aux finitions et 6 chargés de l’assemblage des montres, chaque horloger assemblant de A à Z une montre. Vous ne serez donc pas surpris après toutes ces explications que la manufacture ne produise que 280 montres par an, en 2021 en tous cas, quand les mots rareté et exclusivité prennent tout leur sens…
À partir de 32.500€
Exclusivement disponibles en France chez :
28 rue madame 75006 Paris