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LONGINES SILVER ARROW La percée de la flèche d'argent

Publié le 6 juillet 2021 par Nicolas Amsellem

Silver Arrow. Un nom qui ne vous est peut-être pas inconnu, mais qui n’a pas trait à l’univers de l’horlogerie. Du moins pas en premier. Pour ce qui nous concerne, c’est aussi le nom d’une Longines assez discrète apparue au milieu des années 1950, et que la marque a décidé de remettre en avant dans ses nouveautés 2021. La très bonne nouvelle est que son esprit originel a été entièrement respecté, ce qui n’a heureusement pas empêché Longines de lui apposer toute la modernité qu’il se doit.

Silver Arrow : qu’est-ce que c’est ?

Parlons français un instant. Les flèches d’argent, pour tous les amateurs d’automobiles qui nous lisent, correspondaient aux machines de courses allemandes des entreprises Mercedes et Auto Union (qui deviendra Audi par la suite) qui ont marqué durablement le paysage de la course automobile dans les années 1930. Une allure bien particulière, des performances impressionnantes et un grand danger aussi : voilà qui caractérise les bolides.

Y-a-t-il un lien affirmé entre ces voitures de course et l’inspiration qui donne naissance à la Longines Silver Arrow au milieu des années 1950 ? Nulle certitude à ce sujet. Néanmoins, des similitudes dans l’esprit sont toutes trouvées, dans une forme allongé et à la belle allure, et aussi dans les performances de Longines qui innovait sur ses mouvements. Le danger en moins. On trouve aussi dans les mêmes années une “SilverGines” ou encore une “GoldenArrow”, preuve de l’existence d’autres pièces dans le même univers.

Publicité Longines Silver Arrow — Deux publicités Longines des années 1950 présentant à gauche la Silver Arrow et à droite la Golden Arrow. Au centre une Silver Arrow de 1958 (source : Black Bough)

Longines Silver Arrow 1955 - Crédit Black Bough — Deux publicités Longines des années 1950 présentant à gauche la Silver Arrow et à droite la Golden Arrow. Au centre une Silver Arrow de 1958 (source : Black Bough)

Si je vous dis ça, c’est surtout par rapport au fond de boite de cette pièce, hier comme aujourd’hui. Dans la ré-édition comme le modèle orignal des années 1950, on y trouve la gravure d’un engin spatial gravitant entre les étoiles, à la forme longue et élancée. Peut-être l’engin “Silver Arrow” imaginaire que nous cherchions tant. En réalité, peu importe le véhicule derrière la mention Silver Arrow, l’idée sous-jacente est celle d’un objet rapide et futuriste.

On reconnait très rapidement les formes des montres Longines de l’époque. Vous savez, je parle de cette propension à ressentir l’identité d’une montre, même si l’on cachait le logo et son nom. Ici un boitier rond en acier, aux cornes facettées souvent fines et allongée. Une finesse atteinte grâce au développement d’un nouveau Calibre plus fin : le Longines 23Z. Le cadran, lui, est très graphique, avec des aiguilles Alpha ou Dauphine, et surtout à mon sens signature de ces Silver Arrow, des index facettés et striés, sans oublier la typographie “Silver Arrow” généreuse et voluptueuse à six heures.

Ce n’est pas la première fois que Longines présente au monde une occurence moderne de la Silver Arrow, qui avait déjà fait parler d’elle en 2009. Cette année, et contrairement à 2009, Longines présente sa ré-édition ultime, respectant des détails plus fins de l’anatomie du modèle de 1955.

Longines Silver Arrow 2021

Proposer une ré-édition pose souvent quelques interrogations. Que faire ? Partir de la montre de départ et reproduire exactement la même, finition pour finition ? Ou s’inspirer d’un état d’esprit et de traits identitaires, sans toutefois respecter courbe pour courbe le modèle originel.

Cette Longines Silver Arrow présente à mon sens tout ce que l’on peut aimer du modèle historique. Le boitier à la taille contenue de 38.5 mm est en acier, et a reçu une finition “full” polie. On apprécie notamment la longueur et la finesse des cornes, qui ont reçu en facettage un chanfrein qui se prolonge le long de la tranche. Il est très intéressant d’observer comment la lunette vient s’insérer dans la tranche, pour remarquer finalement que les cornes “englobent” une moitié de la lunette. Un clin d’oeil au modèle original légèrement accentué pour le meilleur, et qui offre sous une apparente simplicité un travail qui dynamise la montre.

Le bel atout de sa montre, et ce en référence au modèle original et qui avait été un peu mis de côté en 2009, se rapporte indéniablement aux détails du cadran. Les index aux points cardinaux sont rectangulaires et finement striés, tout en volume, comme les autres index qui composent ce cadran et qui sont facettés et font songer aux toits des vieux entrepôts à “redans partiels” ou “dents de scie”. Vous aurez appris quelque chose. La couleur argentée du cadran apporte toujours plus de sobriété, et les aiguilles de type “Alpha” un petit supplément d’âme géométrique. Sans oublier les quelques plots lumineux en teinte jaune au niveau de la minuterie.

Je ne peux que vous conseiller d’aller voir la montre pour vous faire une idée plus précise de sa finesse, donnée à 9.9 mm, qui offre donc une montre aux proportions plus que justes. Derrière le fond vissé décoré de la gravure de l’engin spatial dont nous parlions au début de l’article, à savoir s’il est le véritable “Silver Arrow” si mystérieux qui se cache derrière le nom, on trouve le calibre Longines L888 vibrant à 25 200 mouvements par heure et doté d’une belle réserve de marche de 72 heures. Il est construit sur la base d’un calibre ETA 2892. Nous aurions tort de ne pas mentionner le spiral de balancier en silicium, évitant ainsi les très mauvaises influences du magnétisme.

Seul petit bémol à mon goût, le bracelet aurait mérité une chute afin de faire honneur à la finesse de la montre. Il ne parait pas forcément à la hauteur. Heureusement la vie est bien faite et changer un bracelet n’a jamais été compliqué. Pour tout le reste, les goûts et les couleurs…

En conclusion une montre qui boit à la source Longines, qui répond parfaitement à son ancêtre de 1955, tout en offrant toute la technique moderne qu’on connaît à la marque. Une pièce proposée à 1.920€ sur bracelet en cuir brun.