portrait : romaric de Seconde/seconde La bonne résolution du pixel

portrait : romaric de Seconde/seconde La bonne résolution du pixel

Impossible de passer le regard sur une des créations de Seconde/Seconde sans l’arrêter un instant, stupéfait. Il y a d’abord un mouvement de recul, d’incompréhension, puis l’oeil, séduit, regarde de plus près le contraste saisissant entre une montre vintage (dans la grande majorité des cas) aux teintes variées, dont une des aiguilles a été remplacée par une nouvelle à la forme folle tout en gardant finalement un lien avec la montre. Son créateur fou, c’est Romaric André, et nous lui avons posé quelques questions.

Quelle est la genèse du projet ?

D’abord, je ne suis toujours pas exactement au clair sur ce qu’est le « projet seconde/seconde/ ». Je ne sais pas vraiment où je vais ni ce que je fais. Mais oui, il y a eu un début, avec un contexte d’abord et une petite étincelle, anodine et plutôt dérisoire ensuite. Le contexte : j’étais dans une séquence qu’on appelle pudiquement « de transition ». La boîte que j’avais co-crée venait de mettre la clé sous la porte, donc fin de partie la tête basse, et j’étais professionnellement franchement paumé. Et puis début d’une «quête de sens » (même si cette expression devient insupportable). Et je me souviens très très bien d’un jour, devant mon ordi, où j’ai juste tracé un trait blanc sur l’image d’un chrono vintage (genre Chronographe Suisse, or rose, cadran champagne). J’ai adoré ce trait blanc immaculé qui balafrait ce cadran patiné, usé, fatigué. Mon envie de créer du contraste avec une aiguille criante sur des cadrans vintage vient de là.

J’ai un peu creusé le sujet ensuite. J’ai assez vite adoré l’idée d’amener de l’irrespect (couleur/forme qui détruit l’équilibre en place, qui fait fi du boulot initial) tout en restant, au fond, assez respectueux dans l’approche, car la pièce en question, l’aiguille, est amovible (je ne détruis donc rien, je ne fais qu’échanger une pièce). Ca me ressemblait pas mal : un peu tête à claque mais foncièrement pas méchant. 

Quelles sont les personnes qui rythment le quotidien de SECONDE/SECONDE ?

Au début du projet, je laissais sous-entendre qu’on était une équipe pour créer l’illusion du muscle. Mais en fait, je suis seul. Bien sûr, j’ai un réseau très proche autour de moi (« mes » horlogers de confiance, des fournisseurs et un « réseau horloger » constitué dans ma vie d’avant). Mais le quotidien c’est moi avec moi. Aussi, grâce à Instagram, je me suis fait quelques liens avec « l’horlogerie indé française et suisse » ce qui constitue mon petit groupe de « sparring partners ». C’est un groupe bienveillant pour l’entraide mais volontairement malveillant lors des brainstorms pour décortiquer et relever les faiblesses des idées qu’on y soumet. J’adore critiquer. Une passion française.

Si vous deviez résumer la marque à un parfait inconnu qu’est-ce que vous diriez ?

Désolé pour la pirouette, mais je ne fais plus dans l’elevator pitch. Résumer c’est pour convaincre or je ne cherche pas ou plus à convaincre. Quand on me demande, je dis que je fais des « trucs » qui gravitent autour de l’horlogerie. Et si j’ai le temps de discuter avec cet inconnu, alors je rentre dans le détail de certains de ces trucs.

J’explique mes collabs. Je parle de mes montres. Je présente quelques post Instagram. Bref, dans le passé, j’ai sous-performé dans le monde majoritaire, celui où il faut aller vite ; alors désormais je profite de m’être fait une toute petite place dans un monde où je peux prendre le temps de raconter mes amusements horlogers.

Quel type de drogues prenez-vous ?

Les trucs les plus dangereux auxquels je carbure assez honteusement sont le sucre trop raffiné, sous diverses formes, et la musique facile, celle dont on ne se vante pas.  

Que peux-tu nous dire sur vos prochains projets ?

Des collabs à venir. Puis le lancement d’une offre assez étrange, du « jamais vu » (mais soyons raisonnable, je ne vais pas changer la face du monde non plus, ça reste un truc « horloger » donc fondamentalement non essentiel).

Secondes ou heures ?

Je travaillais essentiellement sur les trotteuses au départ et, la confiance venant, je travaille de plus en plus sur les aiguilles des heures (plus grande surface donc un design plus voyant et assumé…et d’autant plus intégré, les aiguilles des heures étant coincées sous les aiguilles des minutes). Et non, je ne vais pas m’appeler heure/heure/ pour autant. 

Une information essentielle ou non-essentielle à ajouter ?

Je ne suis pas du tout un “Seiko fanboy” mais j’y travaille.

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