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Mido pour BUGATTI Quand Ettore Bugatti se faisait faire une montre…

Bijoux précis, les montres créées par Mido pour Bugatti reflétaient les goûts exigeants du « Patron ». La montre présentée aux enchères le 17 avril prochain, unique avec son bracelet en maille d’or intégré au boîtier en forme de calandre, n’est pas n’importe laquelle. Il pourrait s’agir de celle d’Ettore Bugatti en personne.

Mido pour Bugatti

Au début des années 30, Ettore Bugatti est au faîte de sa gloire. Ses voitures de course, notamment ses types 35, 37 ou 39, s’adjugent les premières places. La marque comptera 1000 victoires en compétition. Sur la route, les grandes Bugatti portent haut les couleurs du luxe sportif à la française. Le « Patron », comme le surnomment les ouvriers de ses ateliers de Molsheim, en Alsace, souhaite faire réaliser des montres pour ses proches et pour récompenser les pilotes qui ne cessent d’établir la réputation de ses machines. Son caractère perfectionniste ne pouvait le conduire à s’intéresser à l’horlogerie que sous l’angle de l’excellence et de l’esthétisme. La commande qu’il fera à plus tard à la maison Breguet pour une série de montres spéciales, capables d’équiper le centre du volant des spectaculaires Bugatti Type 41 Royale, en atteste.

Véhicules Bugatti au premier Grand Prix de Monaco le 14 avril 1929

Automobile et horlogerie ont partie étroitement liée depuis longtemps. Ce n’est pas un hasard. Dès la fin du XIXème siècle, avec l’essor de l’automobile, inauguré en France, la vitesse envahit l’imaginaire et séduit le monde. Si Turner en dépeint les impressions dans ses tableaux de navires à vapeur, Robert Demachy est l’un des premiers photographes à la capturer, dès 1903, année de la fameuse course Paris-Madrid. Un symbole de modernité, de progrès, de conquête. Dès 1909, pour les intellectuels et les artistes du courant Futuriste « La vitesse, c’est l’espérance de l’Occident ». Ses objets deviennent la quintessence de la beauté future : « Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l’haleine explosive… Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace » proclame Filippo Tommaso Marinetti dans son Manifeste du futurisme. A la même époque, l’horlogerie, un univers technique sans cesse tourné vers l’innovation, entre aussi dans un nouvel âge d’or. La Première Guerre mondiale sera un accélérateur pour les deux domaines. Tandis que les armées se mécanisent, les soldats se voient massivement doter de montres à porter au poignet. C’est le point de départ de la grande diffusion. Parallèlement, l’aviation, les premiers sous-marins, l’artillerie et, globalement, toute la logistique militaire exigent des mesures du temps de plus en plus précises. Dès la paix retrouvée, l’art du chronométrage impose un nouveau rythme aux compétitions sportives.

Véhicules Bugatti au premier Grand Prix de Monaco le 14 avril 1929

C’est dans ce contexte, qu’il est important de bien comprendre et de mesurer, que Ettore Arco Isidoro Bugatti développe ses créations. Dès 1895, il a modifié un tricycle en y adaptant un moteur et imagine un véhicule à quatre roues à partir de 1899, année où il s’adjuge la deuxième place de la course Paris-Bordeaux, avec une vitesse moyenne de 80 km/h, au volant de sa Type 1. L’histoire commence. Elle sera ponctuée de plus de mille victoires et mille brevets. Fils de l’artiste complet Carlo Bugatti, cet inventeur visionnaire, poursuit une quête de beauté autant que d’efficacité. Son frère était sculpteur. L’esthétisme est une donnée capitale pour toute la famille, avec une vision singulière et personnelle. « Si c’est comparable, ce n’est pas Bugatti » souligne Ettore dans une lettre à son fils, Jean. Pour les montres qu’il souhaite offrir, Ettore Bugatti ne peut donc se contenter d’un simple modèle au dos duquel il ferait inscrire une dédicace. Il veut sa montre. D’autant plus qu’il mesure parfaitement l’impact de son nom et l’importance croissante de la publicité. Sur ses blocs moteurs, Ettore Bugatti ne se contentait pas de faire inscrire sa marque, il y apposait sa propre signature.

Au tournant des années 1930, Ettore Bugatti s’est laissé séduire par la créativité de la marque suisse Mido. Fondée le 11 novembre 1918 à Bienne par Georges Schaeren, Mido connaît le succès au cours des années 1920 avec ses montres émaillées et colorées très modernes et créatives. Elles jouissent aussi d’une bonne réputation de précision, faisant honneur à leur nom tiré de l’espagnol « Yo mido », « je mesure ». Appréciée dans les milieux chics et mondains, c’est alors l’une des signatures les plus en vue. Idéal pour séduire la riche clientèle de Bugatti. D’autant plus que Mido réalise alors la « montre-radiateur », une série de modèles reprenant l’esthétique d’une calandre automobile, pour le poignet ou en pendulette de bureau. De nombreux constructeurs passent commande. Buick, Citroën, Fiat, Ford, Excelsior, Hispano-Suiza, Peugeot ou Voisin : l’automobiliste amoureux de sa machine peut à loisir exhiber sa préférence. Une démarche très moderne pour l’époque.

Bien entendu, Ettore Bugatti ne veut pas d’un simple marquage à son emblème (il n’était pas question de dire « logo » à l’époque). Il souhaite voir reproduite sa fameuse calandre. Avec l’aspect d’un fer à cheval, elle semble évoquer le tropisme équestre du créateur des « Pur-sang de la route ». Elle est en fait une évolution du tracé ovoïde considéré comme la forme la plus parfaite par son père, Carlo Bugatti. Mido développera aussi un modèle de montre de poche, dessiné par Jules Huegenin, transformable en pendulette de bureau, en forme de roue de Type 35, dans sa collection « Verynew ».

En 1929, Ettore Bugatti commande donc à Mido une dizaine de « montre-radiateur », en or jaune 750 millièmes et bracelet de cuir. Le boîtier est fabriqué par Stern Frères à Genève. Elles sont équipées d’un mouvement à remontage mécanique 10 lignes 1/2 à 15 rubis et 3 ajustements. Le cadran finement guilloché d’un quadrillage figure des chiffres arabes peints et des aiguilles de type Bréguet en acier bleui. Ces montres étaient réservées à sa famille et à ses « mécaniciens-pilotes », tels Jean-Pierre Wimille, Albert Divo, William Grover-Williams, Louis Chiron, Achille Varzi, René Dreyfus, Philippe Etancelin ou Maurice Trintignant.

Véhicules Bugatti au premier Grand Prix de Monaco le 14 avril 1929

Les pièces de cette commande initiale portent les numéros 261.484 à 261.495, comme en attestent encore les archives de la marque horlogère. Par la suite, d’autres petites séries seront produites, en or ou en argent, comme celle qu’aime porter le collectionneur Peter Mullin. A titre d’exemple, l’exemplaire portant le numéro 307.215 était celui appartenant à Jean Bugatti, le fils d’Ettore Bugatti, auteur de quelques-unes des plus spectaculaires créations Art Deco de la marque. Mais laquelle pouvait bien être celle du « Patron » ?

Longtemps, l’exemplaire portant le numéro 261.492 a disparu de la circulation. La particularité remarquable de cette pièce est son bracelet en maille polonaise dans deux tons d’or, parfaitement intégré au boîtier, avec un fermoir réglable de type bijou. C’est le seul exemplaire à disposer d’une telle attache luxueuse et exclusive. Les experts, notamment Jean-Christophe Guyon, fondateur de Vintage Watch Story, ou Alexandre Léger, s’accordent volontiers sur la destination de cette pièce d’exception et Michel Bugatti, le dernier fils d’Ettore Bugatti, apporte son témoignage. Vendue à plusieurs reprises par la maison de ventes aux enchères Antiquorum Genève par le passé, et propriété d’un très discret collectionneur de montres et de voitures exceptionnelles connu des initiés de ce milieu, elle revient exceptionnellement en France. La voici sous le marteau du commissaire-priseur Stanislas Machoïr, avec quelques autres pépites, notamment une très rare Invicta Black Prince, l’une des voitures les plus sophistiquées de l’immédiat après-guerre ou le « Master », c’est-à-dire la maquette à l’échelle 1, de la première création de Marcello Gandini pour Cizeta, mais aussi une exceptionnelle Vacheron Constantin de forme tonneau avec un régulateur à tourbillon, une Franck Muller unique à décor de Mercedes 300 SL, ou le très confidentiel chronographe Schwartz Etienne produit pour les propriétaires initiaux de la Ferrari F50. Du monde entier, les collectionneurs se manifestent déjà pour cette vente aux enchères qui prendra place au Château de Lasserre, à Montastruc-la-Conseillère, à un petit quart d’heure de Toulouse. Il n’est pas interdit de tenter sa chance.

Mido pour Bugatti

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