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Objets retrouvés Avant-propos d'un projet imminent...

Premier volet liminaire de la présentation de notre projet, cet article, forme “d’avant-propos”, a vocation à vous faire comprendre ce qui retient notre attention quand il en vient aux objets qui nous entourent et que nous chérissons. Plus que jamais, les objets sont un sujet, et nous n’avons qu’une hâte : que vous découvriez le projet qui nous a animé les derniers mois.

L’intérêt pour les objets ne s’enracine pas simplement dans leur fonctionnalité technique. Leur pouvoir émotif ou imaginaire leur donne une dimension culturelle.

A qui appartient ce parapluie ? Retenue par une ficelle, une petite étiquette était marquée d’un gros point d’interrogation. Voisinait un gant orphelin et une clef isolée de son trousseau. Enfant, dans les gares, cet étrange panneau m’intriguait. « Objets trouvés » proclamait l’inscription. Une grande flèche de direction donnait un espoir. Cette signalétique publique avait des faux airs de rébus. Etait-ce une carte au trésor ? Où se trouvaient donc ces « objets trouvés » ? En descendant du ferry, arrivé en Angleterre, la pancarte était jaune. Tout semblait exotique sur cette île si proche de notre continent par la géographie et si éloignée par la fantaisie. Là, c’était une grosse valise qui arborait le point d’interrogation. Le dessin était accompagné de la mention « Lost and found ».

Ces gens-là sont pragmatiques. La perte s’accompagne d’un gain, la défaite de l’un est la victoire de l’autre. Néanmoins, la même interrogation retenait mon esprit: quels sont donc ces objets si uniques qu’ils ont été recueillis et conservés ? Ma première visite au service en charge de leur collecte me stupéfia. Sur les longues étagères métalliques s’alignait un ensemble hétéroclite de tout ce que l’on peut transporter avec soi.

Objets trouvés - Les objets sont un sujet - Transport for London source : Rob Greig/Time Out
Source : Transport for London -Rob Greig/Time Out

En questionnant le préposé, je découvris que notre actuel « service des objets trouvés » avait fêté son bicentenaire. Sauver de la perte les auxiliaires de notre quotidien ne date pas d’hier. Sous l’Ancien Régime, dès le Moyen Age, il était fait obligation de rapporter au seigneur les objets trouvés. Celui-ci devait en faire publiquement l’annonce, trois dimanches de suite devant l’église, pour que le bien puisse être récupéré. La Révolution, avec sa brutalité et sa manie de tout confisquer, décida que tout objet trouvé appartiendrait à la Nation. Les officiels n’avaient plus qu’à faire main basse.

Ce n’est qu’à partir de l’Empire que reprend la conservation des objets délaissés. Le préfet Lépine, qui aimait les trouvailles, organisa les choses à partir de 1893. Cette leçon d’histoire fut complétée par un bref cours de droit pour m’expliquer que la loi régit la question, comme il se doit.

L’objet perdu appartient à son propriétaire pendant trois ans à compter du jour de la perte  et, même s’il est remis à son inventeur avant ce délai, celui-ci n’en est que le dépositaire, ne devenant pas propriétaire immédiatement

Le mot qui changeait tout se trouvait caché dans un Code : « L’inventeur ». Quiconque trouve un objet, avant de se l’approprier, est qualifié de ce terme.

Source : Tokyo Lost and Found in 1975 – Bob Wickley / Stars and Stripes

Les objets sont donc une invention. L’imagination a présidé à leur création, pour obtenir ces outils chargés de faciliter la vie. C’est précisément en prenant part à notre existence que les objets prennent de la valeur. Ces accessoires savent se rendre nécessaires. Ils sont assez malins pour arriver à se faire aimer. Ce n’est pas un hasard si les écoliers restent songeurs en récitant le ver d’ Alphonse de Lamartine :

Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?

Si les plus cartésiens douteront que les objets puissent prendre vie, ils devront concéder que tous ces petits riens trimballés dans les poches, ces apanages arborés à la boutonnière ou au poignet, ces reliques consacrées, ces pièces gardées au coffre ou dans des vitrines n’ont pas que des fonctions utiles, mais aussi des dimensions imaginaires.

Totems modernisés, ils sont même, de plus en plus, des signes identitaires permettant de signaler son appartenance à une tribu. S’ils sont hérités des générations ancestrales, ils sont une preuve de filiation, ils deviennent une branche de l’arbre revendiqué. Sont-ils flambants neufs et tout juste acquis, qu’ils peuvent agir comme une carte de club, un passe-partout pour ouvrir les portes. Il y a une part de rite initiatique dans l’obtention des objets. Ils sont alors considérés comme des jalons, des marqueurs des étapes de l’existence ou de la carrière. Certains objets sont sertis dans notre mémoire et enchâssés dans nos vies comme les pierres le sont peu à peu dans le métal pour faire le bijou.

Plusieurs facteurs viennent donner de l’importance aux objets, en particulier leur provenance, car elle fait de leur détenteur le maillon d’une chaîne de possesseurs à travers le temps, leur représentativité ou leur rareté, laquelle peut transformer la moindre chose insignifiante en témoignage fragile ou en trésor convoité. Dans sa Phénoménologie de la perception Maurice Merleau-Ponty remarque que :

Chaque objet est le miroir de tous les autres

Des miroirs dans lesquels nous nous découvrons.

Identifier les objets est une façon d’approcher une histoire insignifiante et pourtant essentielle, puisqu’elle traduit une quête de sens. Si certains objets ont une indéniable valeur historique, des objets sans valeur racontent aussi une histoire. Les objets sont un sujet. Pas seulement un complément direct. A qui est donc ce parapluie? Heureusement, il a été retrouvé.

NAISSANCE D’UN PROJET

Ces derniers mois ont été propices à une réflexion en profondeur.

Un rêve d’abord, qui aujourd’hui prend forme et sera bientôt une réalité. Notre réalité. Un nouveau format qui nous tient à coeur et une nouvelle façon d’aborder une idée récurrente :

Les objets sont un sujet.

Restez attentifs, les prochains jours pourraient pointer du doigt une nouvelle page du chapitre Les Rhabilleurs

Les objets sont un sujet

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