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Peugeot 403 cabriolet Le charme discret de la bourgeoisie

Avec le cabriolet, Pininfarina signait pour Peugeot une version exclusive de la 403. La berline sera le premier modèle de la marque à dépasser le million d’unité. La décapotable, en revanche, ne sera produite qu’à un peu plus de 2000 exemplaires. Une auto rare et désirable. 

Comme certains livres capables d’installer le lecteur dans un univers particulier dès les premières pages, certaines autos sont une plongée dans l’imaginaire. Le cabriolet Peugeot 403 se rapproche d’un roman de Patrick Modiano ou de Jean-Paul Dubois. Une histoire assez sophistiquée pour laisser croire qu’elle est simple. Une élégance toute en retenue. Une discrétion de bon aloi. Mais une forme de plaisir suave et onctueux dès que l’on prend le temps de s’en rendre compte.

Peugeot 403 cabriolet

Première collaboration avec Pininfarina 

Parmi les 1 214 121 exemplaires produits de la Peugeot 403, toutes versions confondues, la décapotable ne représente qu’une poignée de voitures. Dévoilée lors du Salon de Paris d’octobre 1956, au Grand Palais, ce cabriolet est directement dérivé de la berline de gamme moyenne à succès du constructeur français, dont la ligne a été dessinée en Italie. En effet, en 1951, la firme de Sochaux souhaite se diversifier et prendre une autre direction stylistique que la 203 aux fortes influences américaines. Pour cela, le constructeur se rapproche du carrossier italien Pininfarina pour l’étude d’une berline trois corps de gamme moyenne. La 403 sera présentée en avril 1955. Première étape d’une très longue collaboration qui verra naître les 104, 204, 404, dont les coupés et cabriolets, 504, y compris les coupés et les cabriolets, 604, 205, 305, 405, 505, 306, 406 Coupé, ou 1007. 

S’il a l’allure générale de la berline, le cabriolet n’a pas été dessiné chez Pininfarina, mais bien en interne, par Paul Bouvot et les équipes du bureau de style. Il apparaît qu’il ne partage en fait que peu d’éléments de carrosserie avec le modèle standard lorsque l’on y regarde de près. Ses soubassements sont renforcés, le pare-brise modifié et les portières rallongées. Il reçoit un arrière spécifique avec un grand coffre. Un hard-top est proposé en option à partir du modèle 1959. Un assez bel exercice de style pour le constructeur au lion, soucieux de renouveler son offre, alors uniquement formée de la 203. 

Officiellement, il n’y a jamais eu de coupé 403. Toutefois, en 1957, le carrossier Henri Chapron réalise un coach Peugeot 403 spécialement pour l’épouse de Pierre Peugeot, sur la base d’un cabriolet de série. Sans enjoliveur ni baguette de caisse ou autre accastillage chromé comme les affectionne Chapron d’ordinaire, la voiture est d’une grande sobriété. Au moins deux autres exemplaires auraient été réalisés, avec quelques variantes dans les détails. Chapron réalisa aussi un cabriolet à quatre grandes places, en gagnant sur le coffre, pour la caravane du Tour de France cycliste 1957. De son côté, Emile Darl’Mat, célèbre concessionnaire de la marque à Paris, auteur de plusieurs très belles voitures de course, a réalisé quelques coupés de sa conception entre 1956 et 1957. 

Enfin, outre le très baroque roadster créé par l’ingénieur blaisois Victor Bouffort, singeant la Corvette, les amateurs de carrosseries françaises se souviendront que les établissements Pichon-Parat ont fait parler d’eux lors du Salon de l’auto 1957, au Grand Palais, avec un projet de coupé 403, basé sur une berline et non un cabriolet, au pavillon surbaissé, sans montant latéral, et avec un pare-brise panoramique. Les portes avant gagnaient quelques centimètres en longueur, mais l’étude avait été réalisée en toute hâte, pour le salon, et l’absence du montant central, structurel, rendait la voiture fragile. Pendant le salon, Il était même devenu difficile d’ouvrir la porte car la carrosserie pliait. Aucune suite ne fut donnée à ce projet, et le coupé 403 fut détruit après avoir été exposé à Paris.

La tentation de la compétition ?

Malgré ses allures sages d’auto de bon père de famille de la classe moyenne, la 403 s’est illustrée en compétition. Plus particulièrement en rallye. Cela ouvre donc la porte aujourd’hui à de nombreuses manifestations pour les possesseurs de cette voiture. Peugeot ne lésinait pas à l’époque sur l’engagement des voitures afin de promouvoir ses modèles pour l’exportation. Dès 1955, une 403 remporte le Rallye des Vikings, en Scandinavie. L’année suivante, c’est le Rallye d’Autriche. Suivront les victoires au prestigieux Rallye des Neiges, en Finlande, en 1958, 1959 et 1960. Sans oublier les succès rencontrés en 1959 au long des 14 000 km du raid Alger-Le Cap et au Rallye des Mille Lacs, mais aussi l’East African Safari, les 500 miles d’Australie ou le Gran Premio d’Argentine, ancêtre du rallye-raid Paris-Dakar dans sa philosophie.

Peugeot 403 cabriolet Rallye

En 1956, une 403 gagne la coupe des dames du prestigieux Liège Rome Liège. En 1957, elle accroche le premier prix de sa catégorie à la Mille Miglia. De 1956 à 1959, la 403 a également été présente au Tour de France automobile, ancêtre de l’actuel Tour Auto ; une épreuve pour laquelle cette auto est donc éligible dans sa version berline. Quoique, si un amateur avisé tentait d’engager un rare et beau cabriolet, il n’est pas impossible que Patrick Peter et ses équipes organisatrices de Peter Auto se laissent attendrir, d’autant plus que le cabriolet partage les mêmes caractéristiques techniques que les berlines. 

Une mécanique simple et fiable

La 403 apporte surtout une nouveauté esthétique chez Peugeot au milieu des années 50, car sur le plan technique, elle se montre proche de sa devancière, la 203. Les trains roulants, par exemples, sont dans le même esprit avec des roues indépendantes à l’avant et un essieu rigide à l’arrière. Rien de révolutionnaire. Des solutions avérées qui contribueront à la robustesse de la 403, à sa fiabilité et à sa facilité d’entretien et de restauration aujourd’hui.

Sous le capot, la 403 bénéficie toutefois d’une cylindrée et d’une puissance supérieures, avec un 4 cylindres de 1468 cm3. Petite innovation notable toutefois en 1959 avec l’adoption, pour la toute première fois, d‘un ventilateur débrayable et d’une option coupleur Jaeger pour un embrayage automatique. Le cabriolet 403 dispose bien du même 4 cylindres que la berline, mais avec un carburateur Solex et une nouvelle culasse, faisant passer la puissance de 58 à 61 ch.

Un label de qualité française 

Bien construite, avec des matériaux de qualité – ce qui ne fut pas le cas chez tous les constructeurs après la guerre – la 403 porte fièrement sa réputation de sérieux. L’ensemble est un peu austère mais inspire confiance. Pour séduire, le cabriolet 403, vendu 1 370 000 anciens francs (l’équivalent de 25 000 euros environ), soit 70% plus cher que la berline standard en version Grand Luxe, facturée 825 000 francs, va même déployer un éventail d’équipements spéciaux.

Peugeot 403 cabriolet

Des phares antibrouillard, des répétiteurs latéraux de clignotants, des enjoliveurs de roues, des sièges garnis de cuir et trois teintes métallisées spécifiques notamment. Le premier exemplaire sort des usines de La Garenne le 25 juin 1956 et le dernier sera livré le 3 juin 1961. Entre ces deux dates, ce ne sont que 2 043 voitures qui seront fabriquées. Mais, en dépit de sa production relativement modeste, notamment à l’échelle du succès de la berline et des autres variantes, notamment commerciales, le cabriolet marquera les esprits. Une question d’image. 

Du grand au petit écran

En matière d’image, la clientèle de Peugeot se montre en général plutôt discrète. Ce sera donc essentiellement au cinéma d’abord, puis sur le petit écran que le cabriolet 403 se montrera. La voiture apparait dans un certain nombre de films de l’époque, parmi lesquels ils est facile de citer À Paris tous les deux, un film franco-américain (« Paris Holiday » dans la version américaine) réalisé par Gerd Oswald en 1957. L’actrice Martha Hyer a belle allure dans son cabriolet 403, passant sous le nez de Fernandel, Bob Hope et Anita Ekberg. Dans Le Baron de l’écluse (1960), Jean Desailly vient à la rencontre de Jean Gabin avec sa décapotable blanche. Celle conduite par Jean-Pierre Cassel dans Jeu de massacre (1967) était grise, tout comme celle de Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique (1973). Elle n’est pas la voiture de Bob Sinclar, mais celle de l’écrivain François Merlin. Jean-Paul Belmondo connaissait déjà cette auto puisque c’est à son volant qu’il charmait Catherine Deneuve dans La Sirène du Mississipi, réalisé par François Truffaut en 1969.

Peugeot 403 cabriolet - La sirène du Mississipi

Une voiture blanche, du millésime 1960, appartenant lors du tournage dans l’île de La Réunion à la sœur de l’assistant de Truffaut. Elle y roule toujours. Une voiture quasi increvable, en somme, comme le mettra évidemment en évidence le Lieutenant Columbo. S’il serait exagéré et réducteur à la fois de circonscrire la 403 cabriolet à la seule panoplie du policier composé par Peter Falk, il est évident que le modèle bénéficie aujourd’hui de cette célébrité télévisuelle. 

La 403 de Columbo apparait en 1971, dans l’épisode Le Livre témoin, réalisé par un tout jeune homme de 25 ans à peine nommé Steven Spielberg et dont le thème musical était signé par Henry Mancini. Peter Falk y est opposé à Jack Cassidy. Face à la Peugeot délabrée du policier, la très luxueuse Mercedes-Benz 280 SE convertible (série W111) montre à quel point il ne sont pas du même monde. Il en sera ainsi tout au long de la série. 

De nombreuses histoires, pour ne pas dire légendes urbaines, fourmillent sur l’origine de la voiture. Ce qui est certain, c’est que, si Peugeot commercialisait bien la berline 403 aux USA, le constructeur français n’a officiellement jamais vendu aucun cabriolet aux Etats-Unis. Les deux hypothèses les plus persistantes au sujet de la voiture de la série sont soit qu’elle aurait appartenu au comédien et humoriste français Roger Pierre, lequel serait allé avec en Californie, soit qu’elle aurait appartenu à un cadre français de l’aviation civile, muté en 1962 dans un bureau d’Air France en Californie où il serait allé avec sa voiture.

Peugeot 403 cabriolet

Les voitures françaises ne sont pas légion dans les séries américaines, où elles apportent une note très exotique. Les amateurs noteront même le clin d’œil appuyé à l’occasion d’un dialogue entre Peter Falk et Patrick McGoohan dans l’épisode Jeu d’identité. L’interprète du Prisonnier y joue un espion de la CIA, Nelson Brenner, lequel roule en Citroën SM verte. 

Une conduite paisible et plaisante

Au milieu des années 50, arriver en famille à bord d’un cabriolet 403 à La Baule ou à Saint-Raphaël faisait de son conducteur un monsieur. Les petits roadsters, c’était pour les playboys jouant les minets vers des plages rythmées aux sons des Yéyés. La Peugeot posait une réputation. Une invitation au voyage, au grand air. 

Peugeot 403 cabriolet

Après toutes ces histoires, il est donc grand temps de prendre le volant de cette voiture peu commune. C’est chez Asphalt Classics, en Provence, que se trouve en ce moment un très bel exemplaire de 1960, gris anthracite. Chose rare, la voiture a moins de 77 000 km d’origine. 

« Notre 403 Cabriolet ne montre pas de traces de corrosion. Le cuir rouge est tendu, l’habitacle soigné et toutes les commandes fonctionnent. La capote se plie et déplie sans problèmes et est également en excellent état. La peinture n’est pas d’origine et présente de la patine, mais pas de coups » souligne l’un des co-fondateurs du garage. En effet, les chromes sont en excellent état. « Côté historique, le véhicule a passé 20 ans avec son dernier propriétaire qui l’a toujours stocké dans un garage secUne belle opportunité d’acquérir un morceau important d’histoire automobile française » poursuit ce marchand avisé qui sait que peu d’exemplaires sont simultanément sur le marché, non seulement en raison de la production limitée mais aussi parce qu’un certain nombre de ces véhicules ont disparu lorsque ce n’était plus qu’une auto d’occasion un peu démodée. Ne pas oublier aussi que pas mal d’exemplaires restent dans les familles et ne sont pas mis en vente. Tout cela justifie une cote élevée, entre 55 et 75 000 euros selon l’état de la voiture et son degré de préservation. D’autant que les restaurations peuvent rapidement se montrer coûteuses, surtout si la corrosion s’empare des dessous de la machine. 

Peugeot 403 cabriolet

Puisque l’occasion est donnée, filer sur les petites routes du côté d’Eygalières, les Alpilles en fond de décor, avec cette auto invitant à la balade paisible est un délice. Une fois apprivoisé le maniement de la boite de vitesse au volant, avec sa première courte et sa quatrième décalée et dite démultipliée, l’auto se montre onctueuse, voluptueuse, suave. Bien que spartiate, le tableau de bord est complet et l’habitacle accueillant et confortable. Rien de voyant, mais des matériaux de qualité, parfaitement assemblés. Du solide. L’ensemble va à l’essentiel, dans un style maitrisé. Le comportement routier cultive un peu les mêmes paradoxes. Si toute idée de sportivité est à éloigner de son esprit, l’auto est très stable et, sans être vraiment agile, se montre plaisante et franche. Les commandes sont fermes mais précises. Un moment de plaisir. Alors, pourquoi se presser ?

Peugeot 403 cabriolet

Merci à Asphalt Classics, une magnifique automobile disponible au garage.

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