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Alfa romeo SZ Élégie du bizarre

Bizarre. Adjectif. Définition: qui s’écarte de l’usage commun, qui surprend par son étrangeté ; insolite. Le dictionnaire précise opportunément : ” de l’italien bizzarro, extravagant”. Une audace latine qui devait présider aux destinées de la très singulière Alfa Romeo SZ.

SZ? Traduire: Sprint Zagato. Au premier regard, la sportivité ne fait pas de doute pour ce coupé propulsé à 250 km/h, avec des accélérations de 0 à 100 km/h en 7 s, par une version finement préparée par le département Corsa Auto Delta du V6 “Busso” maison. Un moteur de 2 959 cm3 dont la puissance a été portée de 190 à 220 ch, notamment grâce à un réglage spécifique de la centrale d’injection, mais aussi une modification substantielle des diagrammes d’arbres à cames. Le tour était joué. Le comportement routier sera aussi particulièrement affûté. L’auto est réputée pour être ferme et précise. Elle ne renie pas ses ascendances avec la lignée des Alfa Romeo de course. En prime, un échappement spécifique va offrir à ce bolide toute la musicalité requise. Voilà donc pour le “S”. Mais ce “Z”, alors?

Alfa Romeo SZ

La signature Zagato

Dans le cas du coupé SZ, le plumage est de loin aussi important que le ramage.

En effet, sa robe est griffée par l’un des grands faiseurs milanais, le célèbre carrossier Zagato. Connu sous le nom de code ES-30, pour Experimental Sportscar 3,0 litres, ce coupé avait pour vocation de redonner un coup de fouet à l’image sportive d’Alfa Romeo, tout en développant à plus grande échelle les concepts architecturaux, stylistiques et dynamiques élaborés par le carrossier à partir du début des années 80.

Des préceptes modernistes, esquissés avec la Maserati Biturbo Spyder, et qui devaient donner naissance aux très exclusives Aston Martin V8 Zagato (52 coupés et 37 cabriolets), ou à l’Autech Zagato Stelvio AZ1, une production très confidentielle du département haut de gamme de Nissan (104 exemplaires). Radicalité et rationalité sont au menu de cette théorie parfaitement en phase avec les développements de la technique, mais aussi de l’architecture ou du design de cette période.

Alfa Romeo met donc en compétition plusieurs studios de design pour ce projet, et c’est Fiat qui l’emportera. A la tête du studio, le Français Robert Opron. Le père de nombreuses créations pour Citroën (de la DS à la CX), ou pour Renault (La R25, par exemple, ou… la Fuego), a terminé sa carrière chez Fiat. Très attentifs aux tendances du moment, il fera sien les préceptes développés par Zagato pour la conception des très rares Aston Martin V8, et dessinera cette Alfa Romeo SZ moderniste. Zagato n’aura plus qu’à l’assembler et la griffer puisque l’habillage est le fruit de ses ateliers. 

Il est question de réintroduire du désir et de l’énergie. Les préceptes du groupe Memphis, les designers italiens les plus en vue du moment, ne sont pas loin. Leur initiateur, Ettore Sottsass n’hésite pas à déclarer que “Le devoir des artistes doit être d’indiquer les chemins de la fantaisie, de la surprise, de l’indépendance”.

L’ambition du design

Il faut à l’évidence une certaine ouverture d’esprit pour considérer l’Alfa Romeo SZ.

Alfa Romeo SZ - Optiques

Comme lors de son lancement, sa silhouette est clivante. C’est ce qui fera sa rareté; c’est ce qui en fait l’intérêt.

Nous avons réalisé des objets concrets pour exprimer des idées abstraites… Et ils ont tous fini dans des galeries d’art.

Ettore Sottsass

Mais Andrea Zagato, à la tête de l’entreprise familiale de carrosserie fondée en 1919, aurait parfaitement pu faire sien ce propos. Car l’Alfa Romeo SZ est bien concrète et a contribué à une certaine diffusion du design grâce au vecteur de l’Automobile permettant de toucher un grand nombre de personnes. Réservée à quelques chanceux, cette sportive de luxe a surtout beaucoup fait parler.

Produite artisanalement de 1989 à 1991 chez le carrossier Zagato, dans ses ateliers implantés à Rho, près de Milan, cette série limitée de 1036 voitures, déclinées en rouge Alfa, jaune ou noir, sera prolongée, entre 1992 et 1993 par 278 roadsters baptisés RZ. Ces derniers sont tous rouges, sauf un. Andrea Zagato s’étant réservé le seul et unique cabriolet peint en noir pour son usage personnel. Attention aux contrefaçons.

Faut-il craquer aujourd’hui?

Le temps a passé et a conféré à ce coupé Alfa Romeo un statut singulier. Une place à part non seulement pour les amateurs d’Alfa Romeo, mais aussi pour les admirateurs des créations de Zagato. Pour autant, est-ce désormais une pièce maîtresse en collection? Avec une cote tournant autour de 65 000 euros pour un exemplaire en parfaite condition, la rare milanaise est encore dans une tranche de prix permettant de la convoiter, tandis que les Aston Martin V8 Zagato, longtemps injustement méconnues et incomprises, se sont, elles, déjà envolées hors de portée, au-delà des 350 000 euros.

Comme pour le patinage artistique, il convient sans doute de distinguer deux notes: la technique et l’artistique. Commençons par le commencement. Il suffira de prendre le volant, même pour une très courte distance, de ce coupé rageur et extrêmement bien équilibré pour avoir un coup de foudre instantané. Souple, onctueuse, précise, mais un rien rebelle dès qu’elle est taquinée, l’italienne a absolument toutes les marques de famille que suggère son si prestigieux blason. Les vocalises de son moteur porté dans les tours sont captivants. Comme beaucoup d’Alfa, elle se reconnaît les yeux fermés.

La seule question qui se pose alors reste: l’aime-t-on les yeux ouverts ? Certains ont eu le coup de coeur au premier regard. D’autres ont du apprendre à la découvrir et à la comprendre. Faite pour des conducteurs exigeants, à la personnalité sophistiquée, c’est évidemment une auto atypique capable de démarquer du lot son propriétaire. Ce n’est plus si fréquent, à une époque où il est si évident de vouloir s’afficher avec la même voiture de sport allemande qui va si bien avec la même montre de plongée suisse. L’Alfa Romeo SZ tourne le dos aux définitions modernes d’un luxe de grande diffusion.

Cette SZ s’impose donc comme l’un des derniers grands specimen d’une espèce en voie de disparition: la voiture de designer. En la voyant, sur la route, ou même au repos, confinée dans l’élégant showroom provençal d’Asphalt Classics aux portes des Alpilles, il n’est pas difficile de faire sienne la phrase d’Ettore Sottsass : “Tout est design, c’est une fatalité“.

Merci à Asphalt Classics et à Roman Raetzke pour ces photos, une magnifique automobile disponible chez eux en ce moment.

Alfa Romeo SZ - Moteur V6

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