Vasco : montres 24 heures françaises et automatiques Rencontre avec Benjamin Chamfeuil
Chez les Rhabilleurs, nous apprécions les entrepreneurs français qui se lancent dans un projet qui leur tient à coeur. Aussi ambitieux soit-il. C’est ainsi que nous avons rencontré Benjamin Chamfeuil qui, après deux campagnes Kickstarter réussies, a travaillé d’arrache pied pour proposer les premières montres 24h automatiques de sa marque horlogère.
L’histoire de VASCO, ses valeurs, ses inspirations, Benjamin nous parle de ce beau projet.
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Qui est Benjamin Chamfeuil ?
En quelques mots, je suis un passionné de l’objet, des belles formes, de la matière. Curieux et entrepreneur, j’ai mélangé tout ces aspects pour vivre aujourd’hui de mon métier de designer en dessinant mes propres créations, dont les montres Vasco.
Quel est ton lien avec l’univers horloger ?
Je suis lié avec l’industrie de manière générale : ma famille vient du monde textile, de la conception de corsets au début du siècle dernier, en Picardie chez Warner’s, jusqu’aux transformations de matière première avec une filature dans le Tarn. Ils ont vécu les grandes crises du secteur et il y a une corrélation entre cette industrie et l’horlogerie française qui renait aujourd’hui après avoir connu des décennies difficiles.
Maintenant, j’essaie de faire de mon mieux pour fabriquer en France avec notre savoir-faire tout en n’oubliant pas la compétitivité et les ressources d’autres pays. Mais cette transmission est importante. On la garde, on la cultive, on l’entretient, on la modernise. Comme une montre. C’est pourquoi j’ai ensuite fait de mon héritage, et de ma passion de créer, mon métier de designer, et plus particulièrement de montres. C’est un outil tellement beau à dessiner : tout ces détails, ces finesses, ces lectures particulières.
Pourquoi avoir porté une attention toute particulière aux montres à affichage 24h ?
Je crois qu’elles ont été trop vite oubliées ! La lecture en 12h a la faveur de la culture et de l’éducation mais historiquement, les montres 24h sont présentes dans de nombreux lieux emblématiques, comme le Royal Observatory de Greenwich qui sert encore de référence du temps. Bref, je me suis pris de passion pour cette lecture si singulière et si lente (mais qui suit le rythme d’une journée). On l’utilise d’ailleurs facilement dans le digital. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à la recherche d’un temps nouveau, d’un moment calme, d’un ralenti. C’est avant tout l’éloge de la lenteur que l’on recherche. Le 24h se prête bien à ce jeu là et j’adore.
Quelle est l’histoire de VASCO ?
Vasco est une marque de montres 24h qui puise son inspiration dans l’univers marin, notamment celui des sous-mariniers. En effet, ces montres leur étaient initialement destinées car privés de lumière, ils n’avaient pas d’autre moyen pour distinguer le jour et la nuit. Toute la première collection a ainsi commencé avec des noms de sous-marins français et une finition sablée sur certains boitiers comme rappel des coques en acier de ces navires. Le nom, enfin, suggère la navigation et l’esprit de découverte en faisant référence à Vasco de Gama. Le hasard fait bien les choses, puisque ce grand navigateur est décédé un 24 décembre 1524, le 24/12/24.
Qu’en est-il de ce nouveau projet ?
Dès la fin de la campagne précédente, j’avais des demandes pour concevoir une montre 24h automatique. Il en existe peu et elles sont souvent magnifiques mais très onéreuses, comme la Grande Heure Onyx de Jaquet Droz, la Classics 24h de Frederique Constant ou encore les créations de AHA (Association Horlogère d’Alsace). Mon idée de départ était donc d’étendre la gamme actuelle de Vasco en conservant notre identité minimaliste. Le plus difficile dans mes recherches aura été de trouver les rares mouvements automatiques correspondants aux exigences de la lecture en 24h, tout en restant le plus abordable possible.
Peux-tu nous présenter la gamme proposée sur Kickstarter en ce moment ?
Les quatre modèles sont assemblés dans le même boitier en acier 316L, rehaussé d’un verre saphir bombé. Chacune de ces montres a son propre style et ses détails bien à elle. Et selon le modèle, deux cœurs font tourner les mécaniques de nos montres: le Raketa 2624 (24h au centre) et le Miyota 8217 (« Régulateur »: les heures sont à gauche, les minutes au centre).
La première, la Nocturne, se distingue par un cadran blanc scindé en deux et qui met en avant le jour et la nuit. La seconde, la Sauvage, très inspirée du Bauhaus, possède une finition du cadran en coupole, à la fois douce et moderne. La Nautique, quant à elle, est une montre à l’inspiration navale avec comme détail la mise en place sur le cadran extérieur d’une boussole. Avec une montre 24h, vous pouvez orienter votre montre vers le soleil pour découvrir où se situent les quatre points cardinaux. Enfin, l’Invincible présente des chiffres métalliques en volume et un boitier sablé qui lui donne une vraie singularité.
Un mouvement Raketa ? Comment ? Pourquoi ?
Raketa, c’est une belle aventure. J’ai cherché pendant longtemps ce qui allait être le cœur qui fera tourner mes nouvelles montres. En Suisse, les prix et les disponibilités de ces mouvements très rares (beaucoup plus qu’un standard ETA par exemple) n’ont pas permis de faire aboutir ce projet. Je ne voulais pas non plus d’un mouvement chinois comme le Seagull.
J’ai alors tenté ma chance auprès d’une manufacture historique (fondée en 1721 quand même) et spécialisée de par son passé militaire et spatial dans les montres 24h : Raketa. Reprise par le français Jacques von Polier en 2009 et alors qu’un nouveau mouvement 24h automatique ( basé sur de l’ingénierie suisse) a vu le jour depuis, travailler avec une telle manufacture était une opportunité à saisir. Il est magnifique, robuste comme on imagine un mouvement russe, a 24 rubis, 41 heures de fonctionnement, une fiabilité hors norme, un mouvement à bille qui évite les frottements. C’est un calibre haut de gamme.
Que pourrions nous ajouter pour présenter ce projet aux lecteurs ?
Une des grandes particularités de ce projet est le Club Vasco : plus de 200 personnes se sont inscrites sur ce Club et ont validé les différentes pistes d’exploration pour cette nouvelle gamme. J’invite d’ailleurs les lecteurs à regarder le travail qui a été entrepris et à suivre les futures avancées du projet. Pendant plus de deux ans, les membres ont donné leur avis sur les dessins, les prototypes, les couleurs, les bracelets, etc. Ce qui était une idée simple de partage au départ est devenue de plus en plus enrichissante au fil du temps et je les en remercie.