Acheter une montre Pourquoi ne faut-il pas se rabattre sur un produit de substitution ?

Acheter une montre Pourquoi ne faut-il pas se rabattre sur un produit de substitution ?

Une réflexion importante née d’une discussion récente avec un lecteur en quête de son graal horloger. Pour être précis, ce dernier était alors à la recherche d’une Omega CK2292 de la R.A.F mais ses récentes recherches avaient vu les pièces disponibles s’envoler bien au-delà de son budget initial. Ses recherches se sont alors orientées vers ce que j’appellerai ici des “produits de substitution” reprenant certaines des caractéristiques désirées. C’est à mon sens une grosse erreur, laissez-moi vous expliquer pourquoi…

Parce qu’évidemment, ça ne sera jamais la même chose.

Soyons réalistes, même si certains produits se rapprochent dangereusement de l’original, ce ne sera tout simplement jamais la même chose, et vous ne l’oublierez pas. Si vous rêvez d’une Submariner, n’achetez pas une Steinhart ni même une Seamaster et si vous voulez une Patek ne considérez pas une Hublot. Et vice versa.

Spécialement pour tous ceux qui ont correctement fait leurs devoirs. Vous connaissez désormais cette montre dans ses moindres détails et c’est justement pour cela que vous l’aimez tant. Un équilibre, quel qu’il soit, que votre oeil apprécie profondément.

Une lunette plus fine ? Une police différente ou une couronne plus large et ces détails vous sauteront au visage à chaque coup d’oeil en vous rappelant que ce n’est pas vraiment ce que vous vouliez. Et c’est autant d’argent dépensé que vous ne pourrez plus investir dans la montre qui vous fait plaisir. Une démarche évidemment valable pour tout achat et réflexion en dehors de l’horlogerie…

Parce que vous penserez toujours à “l’originale”.

Sortons de l’horlogerie un instant, ça sera plus simple. Fermez les yeux, vous avez à nouveau 15 ans et vous êtes fou d’amour pour Irène qui vous fait tourner la tête. Vous n’osez pas lui dire évidemment, prétextant l’attente du bon moment, craignant de perdre la relation amicale et la confiance qu’elle a en vous ou de passer pour un idiot.

Avance rapide. Mercredi après-midi à la boom organisée par votre copain Marc. Irène est là mais c’est Clémence, sa cousine, qui vous embrasse durant ce quart d’heure américain durant lequel vous vous rêviez d’enlacer Irène.

Vous me suivez ? (Je vais un peu loin, je sais.)

Ne vous laissez pas aller !!! Ne dites pas oui parce que c’est facile si ce n’est pas ce que vous désirez vraiment ! Réveillez-vous et faites ce qu’il faut pour qu’Irène cesse de vous voir comme un bon pote !

Si vous souhaitez être heureux en horlogerie, c’est exactement pareil, il ne faut pas se laisser distraire

Certains me diront alors : “Qu’est ce que t’en sais ? Je serai peut-être très heureux avec la cousine en apprenant à la connaître ?”

Exact. En apprenant à la connaître elle deviendra peut-être à son tour la référence qui fait battre votre coeur. Nous allons y venir dans un instant…

Et mon budget dans tout ça ?

Je sais ce que vous allez me dire et vous aurez raison. Que je suis bien gentil dans ma prise de position un peu extrême, mais que si l’on n’a pas le budget, on n’a pas le budget. Effectivement.

Il n’est donc pas interdit, et même souhaitable, dans ce petit jeu, de reconsidérer son “graal”, notamment en fonction de ses moyens. Certains graals demanderont plus de travail, plus d’économies et de plus longues recherches que d’autres. Une plus longue attente aussi avant de mettre la main dessus. Mais croyez-moi, il y a des choses belles et cohérentes pour toutes les bourses et c’est d’autant plus valorisant lorsqu’enfin, une telle pièce vient à nous.

Tout ce temps passé à désirer une montre, à la connaître. Toutes ces nuits à se rendre compte que la toile grouille de pièces qui ne sont pas vraiment belles ou “bidouillées”. Autant d’instants importants qui donneront à votre montre d’autant plus de valeur.

L’appréciation est un chemin, celui de la connaissance. Nous y revenons toujours.

Remettre en cause son graal premier est donc une excellente chose, le moyen d’apprendre à se connaître et de comprendre pourquoi l’on désire un objet. L’appréciation de l’objet pour son histoire, sa mécanique et son design sont des angles qui donnent de sacrés moyens, tout simplement parce qu’ils créent une forme d’amour durable qui ne disparaîtra pas dès qu’un ami vous parlera d’une autre pièce dont la cote augmente de manière exponentielle. Cela permet de ne pas se disperser.

Le mot de la fin

Je tire évidemment des traits un peu gras et dessine ici des images parfois faciles. C’est vrai mais j’insiste car je suis convaincu que c’est la bonne démarche. Restons fidèles à nos envies et donnons-en donc vous les moyens, c’est en réalité plus facile qu’on ne le pense, et tellement gratifiant.

Quant à notre ami en quête de sa CK2292 dont je vous parlais en introduction de cet article ? Il l’a trouvé et quelque chose me dit qu’il conservera longtemps ce sourire en coin lorsqu’il regardera l’heure ou simplement sa montre. Un plaisir simple, tout bête et qui pourtant, lorsqu’on prend le temps de bien choisir, sera constamment renouvelé.

Nos “Graals” respectifs évolueront de toute manière avec les années, c’est indéniable. Mais si l’on prend à chaque fois le temps de la réflexion et de la quête de la bonne pièce, ce n’est pas bien grave. La revente d’une belle pièce à un bon prix est toujours chose facile. Une démarche qui après quelques années vous emmènera peut-être vers des sommets horlogers que vous n’osiez même pas envisager…

Réfléchissons-y, croyez moi, ça vaut le coup.

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