Montres & Couteaux : Doit-on assortir sa lame à son garde-temps ?

Montres & Couteaux : Doit-on assortir sa lame à son garde-temps ?

Une question que tout le monde ne se pose pas forcément chaque matin mais à laquelle nous allons tout de même essayer de répondre aujourd’hui tant le sujet paraît crucial ce matin au bureau pour ceux qui aiment à la fois les montres et les lames de poche et qui ne conçoivent pas de quitter leur domicile et démarrer une journée sans la présence de ces essentiels. J’en fais évidemment partie.

Pour ceux qui ne nous connaissent pas bien et ignorent encore notre amour pour la tradition du port d’un couteau de poche, je vous propose de relire l’article suivant qui couvre le sujet de manière assez transversale et passionnée.

Nous n’allons donc pas aujourd’hui vous refaire l’historique de cette tradition ni lister l’infini de possibilités qui s’offrent à nous, tant dans le choix d’un garde-temps que dans celui d’un pliant.

Pour répondre à notre question, nous allons simplement commencer par diviser montres et couteaux de poche en deux catégories principales qui s’appliquent aussi bien à l’un qu’à l’autre  :

Les “Outils”
Les outils recherchent avant toute chose, fonctionnalité et robustesse, que ce soit au niveau des alliages choisis, des systèmes d’ouverture ou des matériaux utilisés pour les plaquettes. Très logiquement équivalents de nos montres-outils.

& les “élégants”
Frères affutés de nos “dress watches“, ils mettent en avant le travail artisanal de l’homme ainsi que la noblesse des matériaux en y incorporant souvent une recherche esthétique, une quête de l’élégance et une pureté de la ligne.

Montres & Couteaux : Respecter règles et proportions

Très naturellement, nous aurons tendance à vous dire que si votre montre et votre pliant jouent dans la même cour, cela fera forcément naître une cohérence intéressante. Prenons donc 2 exemples…

Les utilitaires :

D’un côté dans une approche utilitaire on pourrait par exemple jouer avec un sportif chronographe Heuer des années 70 et un Kershaw Cryo G10 équipé de son célèbre système d’ouverture rapide Speedsafe. Forcément cela fonctionne bien.

Une épaisse carrure aux anses courtes, un cadran aux contrastes forts et larges sous-compteurs presque carrés d’un côté, un couteau compact et trapu, pratique, efficace de l’autre. Tout ici est pensé pour être fonctionnel et robuste.

On commence par la présence d’un clip ceinture à 4 positions pour droitiers et gauchers selon que vous ayez pour habitude de ranger votre couteau dans votre poche, ouverture vers le haut ou vers le bas. Ajoutez-y un système d’ouverture à une main qui fait facilement bondir la lame hors du manche d’une simple pression de l’index et une plaquette en G10 pour la prise en main. Le G10 n’est autre que le composite de fibre de verre haute densité utilisé également pour les plaquettes des crosses des armes à feu, notamment pour ses qualités de résistance à l’humidité et à la moisissure, sa légèreté et sa durabilité.

La lame en acier 8Cr13MoV suit elle aussi cette démarche puisque cet acier fabriqué en Chine possède d’excellentes qualités lorsque travaillé à assez haute température : une dureté de 56-59HRC pour conserver longtemps un tranchant rasoir et une excellente résistance à la corrosion pour un coût réduit. Cette lame en acier inoxydable est traitée  par Kershaw avec une finition “stonwashed”, type de micro-billé irrégulier qui donne à cette lame un aspect mat et satiné resistant aux rayures.

Bonus, ce design réussi et fonctionnel est issu d’une collaboration avec le coutelier américain Rick Hinderer, sorte de légende en la matière lorsqu’on s’intéresse un peu aux lames utilitaires, à la fois coutelier de renom, pompier et plongeur-sauveteur. Une connaissance donc à la fois poussée des aciers et des processus de fabrication ainsi que de leur utilisation sur le terrain. Cohérence toujours.

En quelques chiffres, voici un couteau ouvert de 16,5cm, pour 105g et petite cinquantaine d’Euro.

Les élégants :

Dans une autre approche, quête éternelle de pureté des lignes et témoignage du génie et du raffinement dont l’homme est capable dans la simplicité, voici un chronographe en acier roue à colonne Jaeger des années 50.

Trois sous-registres, poussoirs rectangulaires, large couronne de remontoir et aiguilles glaives sur son bracelet d’origine en alligator vernis. Une grande sobriété qui cache en fait un aboutissement que les amateurs sauront reconnaître instantanément : finesse des détails, lisibilité, facilité d’utilisation et humilité des proportions. Pas la montre que vous emmènerez en haute-montagne mais celle qui accompagnera une vie citadine de la plus belle des manières.

Son homologue affuté pourrait tout à fait, léger chauvinisme oblige, être un Français de la forge Perceval de Thiers. Un pliant doté d’un système de verrouillage par platine bloquante inspiré d’un couteau du XVIIème siècle et une ligne des plus pures et sobres que je connaisse.

Ajustage, montage, façonnage, polissage, finition et affûtage sont ici réalisés à la main. Les plaquettes sont en ébène du Gabon dont le noir profond et la forte densité confèrent à ce pliant à la fois une force silencieuse et l’élégance même d’une touche de piano que l’on a envie de caresser.

La lame est quant à elle réalisée en acier Sandvik 19C27 et a reçu un traitement cryogénique pour atteindre une dureté de 57 HRC. Ton fil tu conservera… une forge complétée par une émouture lente et un polissage traditionnel au cuir de buffle. Pour se rappeler à chaque coupe que la main de l’homme est capable de faire de vraies belles choses…

En quelques chiffres, voici un couteau entièrement réalisé à la main qui mesure ouvert 19,9cm, pèse 70g et que 180Euro vous permettront  d’acquérir.

Montres & Couteaux : Se jouer des règles

Toute règle à ses exceptions, évidemment. Règles qui ne sont de toute manière que là pour nous guider dans un apprentissage avant que nous nous les approprions. On peut donc s’en écarter lorsqu’on sait ce que l’on fait, en réalisant par la même occasion que bien des outils sont d’une rare beauté et d’autres montres ou couteaux conçus et réalisés de manière plus fine et traditionnelle sont heureusement eux aussi souvent pratiques et fonctionnels, cela dépend de nos styles de vie.

On peut ainsi jouer l’anachronisme lorsqu’on conserve des proportions et des matières, où au contraire allier fonctionnalité et robustesse d’une lame pliante de chasse avec une montre plus fine lorsque ces derniers sont tous deux de la même génération. Nombreuses sont en effet les combinaisons possibles en s’éloignant des règles évidentes.

On n’irait pas forcément jouer le Spyderco Police avec une Tank basculante de chez Cartier ni une vieille lame effilée de docteur en acier chirurgical avec la plus imposante de nos G-Shock, mais si ce décalage est souhaité et que le reste de la tenue, et surtout du personnage, sont en accord, c’est un cassage de règle qui peut fonctionner. C’est en tout cas moins évident et surtout pas pour tout le monde. Laissons donc cela pour un stade plus avancé pour l’instant…

Ce qui est certain, c’est que peu importe votre style vestimentaire, vos besoins et habitudes de vie, il y a une montre et une lame pour vous. Que ce soit pour partager un saucisson entre amis, une épaisse bavette aux échalotes ou libérer un blessé pris au piège de sa ceinture de sécurité, c’est une habitude qui une fois adoptée est dure à abandonner.

 

Enfin pour répondre à la question qui nous brûlait les lèvres en début d’article, il n’est donc pas nécessaire de toujours assortir son couteau de poche à sa montre, mais vous disposez maintenant de quelques clés pour qu’ils s’entendent bien et que vos essentiels soient harmonieux lorsque vous les déposerez le soir venu sur votre table de chevet avant de fermer les yeux…

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