Ken Samuels : Accent inimitable, Psychologie & Omega Seamaster
Par le plus heureux des hasards, nous avons récemment fait la connaissance de celui qui est peut-être le plus français des acteurs américains. A 57 ans, l’homme aux plus de 35 ans de carrière au théâtre, à la télévision et au cinéma n’a perdu ni une once de cool, ni son célèbre accent américain. Nous nous sommes assis et avons échangé sur la vie et son parcours. La vie et quelques montres aussi…
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Ken Samuels : Rapide retour en arrière
Des petites salles de New York aux Westerns spaghetti de la Cinecittá, de films d’auteurs français primés aux films d’actions hollywoodiens, Ken Samuels promène son mètre quatre-vingt-cinq dans bien des registres et des paysages cinématographiques. Si le public francophone l’a définitivement adopté depuis sa prestation devenue culte aux côtés de Jean Dujardin dans “OSS 117 Rio ne répond plus”, il ne se destinait pourtant pas à une carrière d’acteur. Une carrière qu’il prend avec beaucoup de recul et de plaisir.
Ken est né dans le New Jersey, aux pieds des montagnes et a grandi dans l’état de New York. Excellent skieur depuis tout jeune, cavalier et joueur de Baseball, il se sent le plus à l’aise lorsqu’il est en contact avec la nature et les éléments. Diplômé en Psychologie du Collège d’Hobart, c’est à l’Hôpital de Willard qu’il commence à exercer et où il développe l’utilisation de jeux de rôles pour aider enfants et adolescents handicapés à contrôler leurs comportements en société.
Il poursuit ses études spécialisées en Psychologie à l’Université de New York et en profite (forcément) pour étudier en parallèle diverses techniques d’interprétation avec notamment Uta Hagen, Bill Esper et l’Actors Studio. Des bases plus que saines…
Il se rend à l’évidence : il veut jouer en dehors de l’hôpital. Il commence alors à jouer au théâtre avant d’être choisi pour la série télévisée Highlander dans les années 90. C’est d’ailleurs cette production faite de sabres, de longs manteaux, de brume, d’éclairs et de têtes qui volent qui le fait déménager dans la ville lumière, une femme l’encouragera rapidement à y rester…
En tant qu’acteur et mannequin, il voyagera énormément, travaillant beaucoup en Europe avant de créer InterctiveDynamics au début des années 2000. C’est en combinant ses compétences d’acteur et de psychologue qu’il anime des stages destinés aux cadres français travaillant dans un contexte international. Des séminaires qui visent à accroître leur confiance et à améliorer leur communication et spontanéité en anglais. Une activité qu’il mène donc depuis plus de 15 ans en parallèle de sa carrière de comédien et qui occupe aujourd’hui la grande majorité de son temps.
Comme il le dit lui même si bien, le cinéma est aujourd’hui pour lui un hobby, et c’est toujours avec le même plaisir qu’il retourne sur les plateaux, fixer les caméras de ses yeux verts, monter à cheval et “jouer avec des flingues”. Pour notre plus grand plaisir d’ailleurs ! Please don’t stop!
Questions non-essentielles : Pour mieux connaître Ken Samuels
Une interview dont je ne peux vous encourager à lire les réponses qu’avec votre plus bel accent américain, un soupçon d’acting et une bonne dose de cool.
S’il ne devait en rester qu’une ?
Et les montres dans tout ça ? Nous y arrivons. Pas de panique. S’il porte au quotidien et depuis de très nombreuses années une vieille Rolex Datejust 1603 Tiffany & Co, c’est une pièce très spéciale qu’il conserverait “s’il ne devait en rester qu’une”.
Une Omega Seamaster en or, offerte pour sa Bar Mitzvah par ses arrière-grands-parents. Grandma Edelman, une femme modeste de très petite taille, était extrêmement respectée dans la famille. Elle a survécu à l’holocaust après avoir connu les atrocités d’Auschwitz. Une partie sombre de l’Histoire de l’humanité dont personne n’est fier. C’est en regardant la gravure sur le fond de boîte qu’il se souvient de la voix de Grandma, ce 9 mai 1970, lorsqu’elle lui disait qu’elle espérait qu’il garde cette montre “toute sa vie“.
Des mots qu’il prenait alors à la légère du haut de ses treize ans et qui résonnent aujourd’hui avec émotion.
S’il ne devait en rester qu’une, évidemment, ce serait celle-ci.
Au delà des montres, une autre passion à partager ?
-“Les longues ballades à moto”.
C’est en parcourant des dizaines et dizaines de milliers de kilomètres, dans le monde entier, que Ken aime se sentir libre et vivant. “J’aime dépendre des éléments, du jour où de la nuit, du soleil ou de la pluie”. Celui qui a certainement loué et essayé pas loin de “toutes les motos qui existent”, chevauche avec beaucoup de décontraction une Honda Goldwing 1800cc. Tout est dit.
Le plus beau compliment qu’on puisse vous faire ?
-“Thank you”.
Que ce soit à la fin d’un séminaire ou d’une avant-première, “Merci” est un mot simple qui le touche toujours autant. Voir un client qui gagne en confiance et en aisance ou un père de famille qui échange des répliques cultes avec ses enfants, voici des spectacles qu’il aime voir.
–“C’est dans ces moments là que je me dis que ce que je fais peut réellement contribuer à donner du bonheur aux gens. Peut-il y avoir plus belle satisfaction ?”
Votre ville préférée ?
-“J’ai beaucoup voyagé et je me rends compte aujourd’hui que je suis plus à l’aise loin des villes, lorsque j’embarque une tente sur ma moto et ne sais pas exactement quand je reviendrai… Mais je ne m’éloigne pas trop des villes non plus car j’aime la culture, j’en ai besoin. C’est à cause des arts et de la culture que je “tolère” les villes…”
Un plat préféré ?
–“La Pluma de porc au barbecue. Je voudrais bien vous donner la recette exacte de ma marinade, mais c’est un secret ! Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il y a du piment, de l’ail, du coriandre, du miel, de la sauce de soja et worcestershire. Je n’en dirai pas plus mais je vous invite à goûter !”
(Ndlr : La pluma est un tout petit muscle situé à la pointe de l’échine. Un muscle peu sollicité et donc très tendre et persillé au goût et à la texture surprenants. Petit bémol, la “Pluma” ne représente que 500g sur un cochon de 175kg. Une portion rare.)
Plutôt Chocapic ou Miel Pops ?
–“Say it again ?”… -“Ce que je mange au petit-déjeuner ?”… -“Ce n’est pas très rigolo, j’ai 57 ans et j’aimerais bien continuer à jouer à l’acteur encore quelques années, je commence donc à faire un peu attention à ce que je mets dans mon corps. Un yogourt et des fruits, voilà mon petit déjeuner.”
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Une rencontre inattendue qui fait vraiment du bien. Des histoires, des montres, des voyages et des concours de punchlines avec un acteur qu’on aimerait voir plus souvent sur nos écrans. Ça tombe bien, il sera bientôt de retour au cinéma à l’affiche de “The Barn”, un film qui fait peur… Nous attendons ça avec impatience !