“Chronographe Suisse” : Quid ?

“Chronographe Suisse” : Quid ?

Si l’un d’entre me vous me dit ne jamais avoir vu passer un “Chronographe Suisse” devant ses yeux, je ne le croirais pas. Pour quelle raison ? Le Chronographe Suisse est une montre extrêment commune, que l’on peut apercevoir régulièrement dans le métro, sur Leboncoin, Ebay, ou encore au fond d’une corbeille pleine de montres sur un vide-grenier. Du vécu, vous dis-je. Que ce cache-t’il vraiment derrière cette marque et ses nombreux modèles ? Nous allons voir cela.

Chronographe Suisse : La montre bon marché d’après guerre

Le chronographe Suisse est un peu ce que le porte-clefs Tour Eiffel est à la France : un souvenir qui ne coûte que très peu cher, et dont l’anneau se brisera probablement en rentrant dans votre pays d’origine. J’exagère un tout petit peu, mais c’est l’idée. L’âge d’or du chronographe Suisse peut se situer après la Seconde Guerre mondiale. Ils représentaient alors des chronographes génériques produits par foule de fabricants.

Des mouvements Landeron bien souvent, robustes et fiables, aux pièces facilement changeables en cas de problème. Le boitier était en général “taillé dans la masse”. Le métal utilisé était bien souvent du laiton, même si l’on trouve de l’acier. Vous me direz alors qu’il en existe un grand nombre en or. Oui. Mais alors “finesse” était mère de toute chose. L’or était ainsi “économique”, donnant une boîte relativement fine, et des cornes bien souvent creuses lorsqu’on y regarde de plus près. Quant au placage, il ne faisait pas légion, au contraire. Les boitiers était même le plus souvent juste dorés, sans trace d’or aucune. Tristesse.

Côté mouvement par contre, c’est là que la roue tourne et que l’on peut facilement être chanceux si vous êtes en possession d’un chronographe roue à colonne. En effet, ces “petites montres” étaient bien souvent  équipées de calibres Landeron et Venus.

Ces montres étaient produites sous l’appellation de “Chronographe Suisse”. Chronographe Suisse était donc en réalité une marque générique utilisée par pléthore de petits fabricants. En général, la ligne “chronographe suisse” était précédée de la mention de la marque en question. “Ultimor”, “Olympic”, et j’en passe un grand nombre.

Chronographe Suisse aujourd’hui

Ne paniquez pas. Si vous avez vu la mention “Chronographe Suisse” sur des montres récentes, vous n’êtes pas pris d’hallucinations. L’histoire cependant devient moins charmante…

Chronographe Suisse n’a jamais été une marque à part entière, mais une marque générique. C’est un fait. Puis, soudainement, dans l’ombre, Chronographe Suisse ré-apparaît. Réalité ou illusion ? Un peu des deux. Permettez moi de vous expliquer pourquoi.

L’appellation Chronographe Suisse fait à nouveau son apparition au début des années 2000, sous l’appellation “Chronographe Suisse Cie”. Le modèle de montres génériques de l’époque n’est plus le même, et elle s’inscrit comme marque de montre à part entière. Mais ici et là, les avis divergent.

Vous savez que la crise du quartz, entre autres facteurs, a fait disparaître bon nombre de marques du secteurs. Parmi ces marques, certaines sont ré-apparues, souvent ravivées par des personnes nostalgiques du passé de la marque, ayant racheté les droits aux membres de la famille. La plus belle et récente illustration pourrait être la renaissance de  Triton, avec une suite qui fait sens quant au passé de la marque.

Chronographe Suisse n’échappe pas à ce schéma. Un groupe du nom de Monteverde Luxury Group rachète donc les droits existants pour produire des montres sous l’appellation Chronographe Suisse. En essayant de lier le passé de la marque à ses créations contemporaines. Difficilement. La marque a même plus ou moins essayé maladroitement de justifier d’une continuité entre ces vieux chronos et la reprise de l’histoire en 2003… compliqué.

Je pense que bon nombre d’entre vous se souviennent, ou on vu passer devant leurs yeux certaines de ces montres. Elles s’appelaient Continental GrandSport, Mangusta SuperMeccanica, Continental Rivasport, entre autres. Des montres inspirées d’icônes du passé, et beaucoup, beaucoup de Rolex Daytona… Des tailles de boitier souvent imposantes, comme cette Mangusta de 51mm, et des mouvements ETA. Pour des prix assez élevés. Question finitions, il y a peu à dire, elles ont même souvent été bonnes. Seuls les mouvements, pour des prix aussi élevés, étaient difficilement justifiables.

Aujourd’hui, et depuis la fin des années 2000, la marque a disparu. Le site n’existe même plus, mais des modèles se vendent encore sur le marché.

Pour conclure, je vais vous raconter une petite histoire personnelle. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au monde de l’horlogerie, vers mes quinze ans, et avec mes quinze sous en poche, j’ai parcouru assidument les vides greniers que je trouvais sur mon chemin. J’ai rapidement acheté deux chronographes suisses. L’un était en piteux état et à été remis en service pour pas grand chose il y a quelques années de cela, et l’autre a toujours bien fonctionné.

Mes premières montres mécaniques, donc, chronographes de surcroît, avec une patine magnifique et acquises pour un prix aussi doux que le poil d’un jeune chaton étaient de ces “Chronographe Suisse”. Des montres qui me procurent toujours autant de plaisir, même si depuis ces premières acquisition, ma petite collection et moi-même avons bien grandit… Une belle manière de mettre le pied à l’étrier sans apport démesuré. Si vous cherchez un peu, patines et mouvements seront facilement au rendez-vous. Avis aux amateurs…

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